Le groupe APICIL s’attache à fonder sa politique de formation sur le renforcement de son identité. Puisque plusieurs de ses métiers sont exposés à l’intelligence artificielle, ce dernier tente également d’embarquer ses équipes dans la compréhension de cette technologie. Explications de Sylvain Martinet, responsable du département « Développement du capital humain ».
Quelle politique générale développez-vous en matière de formation ?
Notre conviction est que la formation doit se mettre au service du développement des compétences. Dans ce cadre, notre département « Développement du capital humain » vise à développer les compétences individuelles et collectives de l’entreprise. Nous voyons la formation comme un ensemble d’actions basées sur des challenges à relever et dont l’aboutissement est de favoriser la mobilité interne, par exemple dans les fonctions du management. La formation est également un vecteur d’identité, de transmission, de partage au sein du groupe.
Comment formez-vous cette grande population de collaborateurs ?
Depuis la crise du Covid-19, la formation à distance n’est plus perçue comme un frein. Le distanciel est même porteur d’avantages pratiques lorsqu’il concerne des formations très descendantes, où les interactions entre les participants ne sont pas nécessaires. C’est par exemple le cas lorsqu’il s’agit de présenter les caractéristiques techniques d’un nouveau produit. D’autre part, puisque nous sommes une société d’assurance, il existe des formations obligatoires et massives (visant notamment à sensibiliser l’ensemble des collaborateurs à la lutte contre la fraude, à la question du financement du terrorisme) auxquelles le distanciel se prête très bien. Idem pour notre parcours e-learning sur la diversité et l’inclusion, un thème qui s’adresse de façon massive à l’ensemble de nos équipes.
Dans quel cas privilégiez-vous les formations présentielles ?
Le présentiel est une modalité qui favorise le partage et la consolidation de l’identité du groupe. Nous faisons donc en sorte que certaines de nos formations, par exemple en management, soient réalisées en présentiel afin que nos apprenants, qui viennent de plusieurs horizons et parfois d’entités différentes au sein du groupe, puissent se rencontrer, mutualiser leurs connaissances… Par exemple, les nouveaux managers suivent un programme de trois mois au cours desquels ils sont placés dans une situation de « business game ». Il s’agit d’une formation ludique au cours de laquelle ils sont accompagnés par des consultants et des formateurs. Ces derniers leur font vivre la vie d’une entreprise fictive afin d’explorer des problématiques concrètes de management.
Sur quels outils EdTech vous appuyez-vous ?
Côté outils, nous sommes en train de tester, sur une population pilote, la solution Fifty, qui incite les apprenants à adopter certains comportements comme la capacité à prendre des initiatives. Nous alimentons ensuite cette plateforme via des mises en situation. De leur côté, les apprenants sont invités, toujours au sein de cette solution, à mettre en œuvre des challenges pendant, mais aussi à l’issue de leur parcours de 3 mois. Ce dispositif, que nous souhaitons déployer à plus large échelle, permet donc d’étirer les temps de formation. Nous avons aussi fait appel à un prestataire en e-learning pour déployer, en septembre, un module de formation développant un socle de connaissances générales sur les fondamentaux de l’IA, avec un volet important sur la question des usages éthiques et responsables de ces outils.
Explorez-vous les apports de l’intelligence artificielle au sein du groupe ?
Nous n’avons pas encore identifié de pratiques concluantes. Nous sommes plutôt dans une phase globale d’émergence d’idées et de cas d’usage. Ma conviction profonde est que les fonctions RH et la formation seront augmentées grâce à cette technologie. Puisqu’elle permet de générer des ressources, l’IA générative devrait répondre à deux enjeux majeurs auxquels sont attachés les responsables formation depuis plusieurs années : la personnalisation de l’apprentissage et le « learning by doing ». L’IA permettra justement d’aider à la conception de mises en situation dans des conditions réalistes.
Quelles sont les orientations de votre politique formation ?
À travers nos actions, nous souhaitons embarquer l’ensemble de nos salariés dans la compréhension des enjeux de l’IA. Mais celles-ci accompagnent également notre réflexion plus globale sur l’émergence de cas d’usage de l’IA au sein du groupe. D’ailleurs, 150 de nos collaborateurs sont inscrits à des ateliers visant à identifier d’éventuels cas d’usage intéressants. C’est d’autant plus important que plusieurs de nos métiers (comptabilité, juridique, relation client, etc.) sont exposés à l’IA. Cette dernière, au même titre que la responsabilité sociale et environnementale, tient d’ailleurs une place particulière dans les orientations stratégiques de notre politique de formation pour les prochaines années.