« Le distanciel obtient des scores de satisfaction plus élevé que le présentiel »

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Racheté par le géant mondial de l’intérim Adecco en avril 2018 pour la coquette somme de 412 millions de dollars, la société General Assembly fête ses 10 ans en 2021. La business school américaine, qui dénombre une trentaine de campus dans le monde, continue de grandir malgré la crise, qui l’a forcée à fermer tous ses campus. Les explications de Gonzague Dromard, directeur France de General Assembly.

Pouvez-vous présenter General Assembly ?
Avant d’être une école, General Assembly a été un espace de coworking qui a été lancé par trois associés, à New York, il y a 10 ans. Il accueillait essentiellement des futurs entrepreneurs qui souhaitaient lancer une nouvelle activité et qui avaient besoin d’apprendre à coder. Après avoir coaché ces entrepreneurs, nous avons industrialisé notre processus jusqu’à proposer des bootcamps, c’est-à-dire des formations courtes et intensives dans les domaines du digital et de la tech. Dix ans plus tard, General Assembly dénombre une trentaine de campus répartis dans sept pays. Nos bootcamps couvrent cinq disciplines : la tech/le code, la data/l’intelligence artificielle, le marketing digital, le product development et l’user experience (UX).
Quelle est votre cible ?

Historiquement, notre cible était celle des particuliers. Il y a cinq ans, nous avons lancé une offre BtoB qui représente aujourd’hui la moitié de notre activité. Nous nous adressons à la fois aux particuliers qui souhaitent se former ou se reconvertir dans les métiers du digital et aux entreprises qui cherchent à s’entourer de compétences digitales pour mener leur transformation. Nous avons déjà formé 78 000 particuliers et 50 000 salariés en entreprise. Pour l’instant, ces deux modèles se parlent bien. Nous travaillons avec un tiers des entreprises du Fortune 500. Ce qui nous rend fier, c’est notre taux de placement : 99,7 % des personnes ayant suivi une formation décrochent, dans l’année, le poste qu’elles visaient et 94 % dans les six mois.

Quel est l’impact de la crise du Covid-19 sur votre activité ?

Nous avons inauguré un campus à Paris en novembre 2019, que nous avons dû fermer moins de 4 mois après, comme l’ensemble de nos sites dans le monde. Dès le début de la crise, nous avons basculé toutes nos formations en « live online », c’est-à-dire en classes virtuelles. Cela nous a pris que trois jours car nous avions déjà une partie de notre catalogue au format digital. Durant cette période, nous avons pu former des publics très différents, notamment en entreprise grâce à la mesure de soutien du gouvernement, qui a pris en charge 100 % de la formation des employés placés en activité partielle. Nous avons également lancé l’initiative « Free Fridays » qui a consisté à donner un accès gratuit à des workshop en live, chaque vendredi, pour se former au marketing digital, à la data…

Un bootcamp à distance, c’est vraiment possible ?

Contre toute attente, oui ! C’est même vécu comme une expérience agréable par nos apprenants. Nous observons depuis 2016 que les classes virtuelles obtiennent des scores de satisfaction jusqu’à 13 % plus élevés que dans leur version présentielle. Le phénomène est amplifié actuellement : dans un contexte où les apprenants sont isolés, associer une expérience de groupe à l’acquisition de nouvelles compétences est intéressant. Cela permet également de rompre avec l’isolement qu’engendre le télétravail. Nous expliquons cette satisfaction par le fait que, durant leurs formations, les apprenants ne sont pas laissés plus de 4 minutes sans faire l’objet d’une interaction. Nous organisons des jeux, des travaux en sous-groupes, des restitutions pour créer une émulation de groupe.

Quels projets mènerez-vous en 2021 ?

 Nous avons accueilli une nouvelle CEO l’été dernier, qui devrait apporter un nouveau regard sur notre stratégie d’entreprise. 2021 est également une année durant laquelle nous souhaitons relancer des projets que nous avons dû interrompre à cause de la crise. Concrètement, nous souhaitons étoffer nos formations en data et en intelligence artificielle. Jusqu’ici, ce sujet était laissé aux experts, c’est-à-dire aux data scientist. Aujourd’hui, il concerne tout le monde, y compris des non-praticiens de la data comme les professionnels des RH, du marketing…  Nous travaillons par exemple avec des compagnies d’assurance qui forment des actuaires à la data. A juste titre puisque développer des compétences techniques auprès de ses équipes coûte 3 à 6 fois moins cher que de les recruter sur le marché du travail, selon une étude de l’analyste Josh Bersin que nous avons publiée.

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