Learning Show : quelles questions l’IA soulève-t-elle en matière d’éducation ?

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Les intelligences artificielles, notamment génératives, bouleversent la sphère de l’éducation. En plus de devoir accompagner les élèves à les manipuler avec mesure, les enseignants doivent repenser leur posture. Voici les questions clés à se poser, et auxquelles ont répondu trois experts lors d’une conférence « Controverse » du Learning Show, qui s’est tenu les 8 et 9 octobre à Rennes.

Les nouvelles technologies sont-elles vraiment nécessaires ?

Les pédagogues doivent discerner les contextes d’apprentissage les plus propices aux usages des nouvelles technologies. Par exemple, lorsqu’un enseignant souhaite enrichir ses interactions avec un élève à besoins particuliers, le numérique peut le soutenir dans cette démarche. « Dans la salle de classe, le professeur n’a pas le temps d’accompagner chaque élève selon ses besoins. Le fait d’intégrer à ses pratiques l’usage d’outils d’interaction, même de façon asynchrone, lui permet de fournir des observations rassurantes à son élève. Cela permet à ce dernier de ne pas se focaliser sur ses notes », souligne Axelle Lhermitte, fondatrice de Logbook, un outil de correction individualisée. Pour Olivier Wong, VP numérique à l’Université de Rennes, la question de la balance environnementale doit entrer en ligne de compte pour identifier les usages les plus pertinents. « Nous sommes en train de mener des expérimentations d’usage de l’IA au sein de notre établissement. Nous avons décidé de nous donner une année pour estimer la valeur ajoutée des outils au regard de leur impact environnemental, qu’il faut minimiser », souligne-t-il.

Quel avenir pour les enseignants alors que la connaissance est à la portée de tous ? 

Dans un monde marqué par la surcharge informationnelle, l’une des responsabilités des enseignants est d’accompagner leurs élèves à mieux décrypter l’information. Mais également de concentrer leurs efforts sur ce que l’IA est incapable de faire à leur place. « Ils ont désormais pour rôle de développer les compétences psychosociales des apprenants, c’est-à-dire leur capacité d’écoute, d’empathie et d’esprit critique », souligne Axelle Lhermitte. Le modèle de la classe magistrale, dans lequel les élèves ne se reconnaissent plus, est ainsi à repenser au profit de l’autonomisation. « L’enseignant, en tant que coach, doit aider ses élèves à mieux s’organiser pour atteindre leurs objectifs. » Par ailleurs, il est possible d’envisager des usages en autonomie qui serviraient à stimuler la curiosité des élèves pour, in fine, améliorer la qualité des échanges durant les temps présentiels. « Les outils peuvent ainsi aider les formateurs à toucher à la motivation intrinsèque des apprenants. Il est alors possible de recourir à des IA souveraines, nourries de données vérifiées par le formateur », explique Fedrik De Beul, CEO de TipTong, une application qui aide à la mémorisation.

Comment lutter contre la fracture numérique ?

Il faut veiller à ne pas laisser de côté les élèves qui auraient des difficultés à se confronter aux IA génératives sans discernement. Et en parallèle identifier les populations d’élèves auprès desquelles les nouvelles technologies constituent un atout. « Nous constatons que ce sont les bons étudiants qui utilisent le mieux les nouvelles technologies puisqu’ils parviennent à développer un regard critique sur leur véritable apport. La technologie creuse potentiellement les écarts et c’est un challenge. Toutefois, puisque les étudiants avancés ont moins besoin de présence, la technologie permet de libérer du temps pour ceux qui en ont le plus besoin », souligne Olivier Wong.

Comment aborder la question de l’éthique des outils ?

Il ne faut pas oublier que les IA ne respectent pas les droits d’auteur et peuvent potentiellement puiser leurs réponses dans des fake news. Si les humains connaissent la provenance des ressources qu’ils utilisent pour construire des réponses, ChatGPT, de son côté, n’est pas capable de rechercher la vérité scientifique. « Dans ce contexte, l’enjeu est d’enseigner la démarche scientifique et de réfléchir à la manière dont on doit évaluer les élèves au regard des technologies qu’ils ont le droit, ou non, d’utiliser. Il faut créer les bonnes conditions de contrôle pour garantir la qualité des évaluations », pointe Olivier Wong. D’autre part, l’une des manières de répondre à la problématique des droits d’auteur est d’encourager la science ouverte. « La mission des établissements est d’assurer la diffusion du savoir. Les résultats, qui sont scientifiquement fiables, peuvent être réutilisés. En outre, si on n’ouvre pas nos bases de connaissances aux technologies, d’autres sites, dont ceux qui propagent des fake news, peuvent le faire », conclut-il.

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