Véritable fleuron de l’e-learning français, OpenClassrooms poursuit sa route sur le marché florissant de l’EdTech. À l’heure où la crise du Covid-19 propulse la formation à distance, l’entreprise de 300 salariés s’accroche à la dimension sociale de sa mission : rendre le savoir accessible à tous. Les explications de Pierre Dubuc, CEO d’OpenClassrooms.
Pouvez-vous présenter OpenClassrooms ?
OpenClassrooms est une entreprise à mission qui a été créée en 2013 pour rendre l’éducation accessible à tous. Elle fait suite à un projet personnel que j’ai porté avec Mathieu Nebra, le co-fondateur et qui a consisté à lancer, en 1999, alors que nous étions tous les deux collégiens, un premier cours de programmation en ligne. Puisque notre communauté s’est rapidement élargie, nous l’avons ensuite fait évoluer en plateforme d’entraide francophone permettant d’apprendre à coder. Nous avons enfin transformé ces premiers succès en aventure entrepreneuriale. OpenClassrooms a alors été la première école en ligne en France à aboutir à des diplômes reconnus par l’État.
Sur quelles thématiques portent vos cours en ligne ?
Nos parcours permettent de se former à une cinquantaine de métiers en tension, par exemple dans la Tech, le digital, la data, les ressources humaines, la vente, le management… Notre crédo, c’est « l’éducation professionnalisante », c’est-à-dire que nous nous concentrons sur des métiers où les besoins sont importants et les compétences trop rares sur le marché de l’emploi. Au total, nous formons 2 millions de personnes par mois, via des cours en ligne gratuits, des programmes certifiants et diplômants et des programmes en alternance. L’essentiel de notre business porte sur les formats longs, notamment les parcours qui mènent à un diplôme de niveau Bac +2 à Bac +5.
Qui sont vos clients ?
Notre positionnement est à la fois BtoC et BtoB. Nos clients sont donc des particuliers, qui suivent nos cours de manière gratuite et payent la délivrance du diplôme obtenu, ainsi que des professionnels. Nous proposons trois types d’offres à ces derniers : l’upskilling (la montée en compétences), le reskilling (la reconversion professionnelle) et l’alternance. Cette activité représente aujourd’hui les deux tiers de notre chiffre d’affaires annuel. Nous travaillons avec 1100 clients professionnels : des grandes entreprises comme Amazon, Axa, Orange, Facebook, BNP Paribas… ainsi que des TPE et PME qui souhaitent recruter des jeunes profils par le biais de l’alternance.
Comment se traduit votre mission de « rendre l’éducation accessible à tous » ?
Nous souhaitons faire en sorte que la majorité de nos étudiants suivent une formation qui est payée par un tiers. C’est-à-dire un employeur si l’apprenant est salarié ou en alternance ou un organisme comme Pôle emploi s’il est en recherche de poste… Nous sommes convaincus que l’accessibilité à l’éducation passe par l’accessibilité au financement. Pour y parvenir, nous tissons des partenariats avec des acteurs comme Pôle emploi et les régions, notamment pour faciliter les reconversions professionnelles, mais aussi avec l’État, pour accompagner les décrocheurs scolaires ainsi que les fondations et les acteurs de l’emploi et de l’outsourcing comme Adecco.
Quelles sont vos priorités pour 2021 ?
Cette année, nous aimerions favoriser les processus de reconversion. Avec la crise du Covid-19, le chômage explose et les plans sociaux s’enchaînent. À notre échelle, nous pouvons agir. Nous travaillons par exemple avec une société d’ingénierie qui est impactée de manière très différente par la crise : ses départements aéronautique et automobile souffrent pendant que ceux liés aux nouvelles technologies, à l’e-commerce et au digital progressent. Au lieu de licencier ses salariés au sein des départements sinistrés, cette société les forme, dans le cadre d’une reconversion professionnelle, aux métiers sur lesquels elle a véritablement des besoins.
La crise du Covid-19 a-t-elle accéléré votre business ?
Oui, dès le début du premier confinement, certains de nos clients nous ont contacté car il leur fallait davantage de licences. Les verrous culturels ont été levés : tout le monde a compris qu’il était possible de se former à distance. J’estime à 5 ans le temps que nous avons gagné dans la transformation de nos usages. Pour autant, la manière dont les apprenants se sont formés pendant la crise n’est pas représentative : lorsqu’à l’université, les étudiants suivent leurs cours via zoom de 8h à 18h, ce n’est pas de l’éducation en ligne, mais du présentiel mis sur un écran. Cela n’a rien à voir avec une pédagogie adaptée, qui s’appuie sur des outils engageants comme du mentorat individuel.
Comment voyez-vous évoluer le marché de l’EdTech ?
Les études indiquent toutes que le marché va se développer suite à la crise du Covid-19. Je suis persuadée qu’il n’y aura pas de retour en arrière quant à nos usages en ligne. Plus personne ne voudra recevoir des cours en PDF par e-mail. Le secteur devrait grossir et commencer à se structurer, d’autant que certains acteurs de l’EdTech atteignent maintenant une taille critique et lèvent beaucoup de capitaux. L’émergence d’acteurs « industriels » va aboutir à des mécanismes de consolidation de marché. Chez OpenClassrooms, nous souhaitons y participer. Nous gardons un œil attentif sur les start-up qui nous permettraient, par exemple, de nous développer plus largement à l’international.