Fondée en 2018, N’oublie Jamais est une EdTech qui s’appuie sur les sciences cognitives pour former les formateurs. Son objectif ? Faire en sorte que les apprentissages soient réellement durables et acculturer les formateurs au bon usage des nouvelles technologies. Les explications de Pierre Guilhem, co-fondateur.
Pourquoi avez-vous créé N’oublie Jamais ?
J’ai pensé à construire une solution d’apprentissage à la suite des difficultés que j’ai rencontrées en tant qu’étudiant en médecine. Lors de ma 2e tentative au concours de médecine (PACES à l’époque), j’ai notamment réalisé qu’il existait des méthodes de révision efficaces, dont la « Méthode des J », à savoir la méthode des jours. Le principe est de faire plusieurs piqûres de rappel sur chacun des cours du programme à des intervalles calculés en jours. La recherche a d’ailleurs mis l’accent sur le fait que notre cerveau retient mieux l’information lorsqu’il est confronté à plusieurs occurrences dans le temps. Fort de ces connaissances, j’ai souhaité, en 2012, aider une étudiante en difficulté (qui est devenue mon épouse), en lui construisant un système de programmation de ses révisions en accord avec cette approche. De là est née, en 2018, une application conçue pour aider les étudiants à organiser leur travail. Toutefois, ce n’est plus notre activité principale aujourd’hui.
Que propose votre solution aujourd’hui ?
Puisque les équipes pédagogiques ne sont pas bien formées sur le fonctionnement du cerveau, N’oublie Jamais est devenu un outil dont le but est de les inciter à chercher dans la littérature scientifique des réponses pour améliorer les apprentissages. Concrètement, en nous appuyant sur les sciences cognitives, nous délivrons des formations aux équipes pédagogiques d’instituts de formation, principalement paramédicaux. Ces dernières suivent, sur notre plateforme, un parcours de formation hybride qui leur permet de se mettre à jour sur la recherche en sciences cognitives dans l’apprentissage. À la lumière des apports de la recherche, les formateurs doivent ensuite revoir leur ingénierie pédagogique pour, in fine, mettre en œuvre de nouvelles pratiques professionnelles dans l’accompagnement de leurs apprenants. C’est une façon pour nous de garantir le changement de pratiques des équipes pédagogiques et d’avoir un impact sur la conduite du changement de la pédagogie dans les instituts de formation.
Quels projets portez-vous ?
Nous travaillons avec une trentaine d’établissements dont l’hôpital universitaire Jean-Verdier, l’hôpital Saint-Louis, l’hôpital Raymond-Poincaré… Si notre premier parcours de formation a pour objectif de rendre l’apprentissage durable, nous souhaitons maintenant nous attaquer à une autre problématique : les troubles neurodéveloppementaux. Nous avons ainsi lancé un deuxième parcours de formation, qui s’appelle « Rendre l’apprentissage accessible aux DYS » et qui est actuellement en phase test à l’AP-HP. En parallèle, nous avons lancé, en partenariat avec l’ANdEP et l’ARS, une grande enquête nationale sur les troubles des apprentissages, car on ne sait toujours pas aujourd’hui combien d’étudiants sont concernés par ces troubles. L’idée est donc de contribuer à quantifier ce problème. Enfin, nous menons une réflexion sur le bon usage des nouvelles technologies et le virage de l’intelligence artificielle, en intégrant notamment l’acculturation à l’IA dans nos parcours de formation.