Créée en 2022, Le p’tit observatoire est une EdTech qui défend la pédagogie de l’observation. Le principe ? Centraliser les commentaires des enseignants sur leurs élèves et les partager avec des pairs en vue de prendre en charge collectivement les difficultés de chacun. Les explications d’Anne-Laure Jozon, co-fondatrice.
Comment avez-vous créé Le p’tit observatoire ?
L’idée de créer cette solution est née il y a trois ans de l’expérience professionnelle de Valentin Rebeix. Après des études à HEC Paris, il a décidé de devenir, par passion pour la pédagogie, enseignant de CM1 à Ozanam, au sein d’une école hors contrat basée dans un quartier prioritaire de Marseille. Il a ainsi pris en charge des classes d’élèves à besoins particuliers avec la conviction que la clé du succès était basée sur l’observation. Concrètement, il notait toutes ses observations sur un fichier Excel comprenant des catégories spécifiques (sur le comportement, la sphère familiale, etc.). De fil en aiguille, il s’est mis à former les autres enseignants à la pédagogie de l’observation, en leur mettant notamment son fichier à disposition. Il a aussi constaté que ses collègues ne disposaient pas d’outils dédiés à la centralisation des commentaires sur les besoins de chaque élève. En 2022, je l’ai rejoint en tant qu’experte digitale pour créer l’association Le p’tit observatoire.
Que propose votre solution ?
Le p’tit observatoire, qui est soutenue par des fondations (dont CMA CGM), développe un produit gratuit disponible sur ordinateur et smartphone. Il se destine aux enseignants de maternelle et du primaire mais s’adapte également à la sphère du collège et du lycée. Ces derniers créent un compte et renseignent la liste de leurs élèves. L’outil leur permet de soumettre, oralement ou par écrit, des observations sur les besoins particuliers de chaque élève et de partager ces contenus avec les autres enseignants de la classe. Si les parents donnent leur accord, des orthophonistes, des orthopédagogues et des psychologues peuvent également entrer dans la boucle pour accéder à ces données et en proposer d’autres. Grâce à notre outil basé sur Mistral, une intelligence artificielle souveraine que nous avons entraînée avec notre base de données, l’enseignant obtient également des synthèses automatiques d’observations ainsi que des conseils pédagogiques.
Portez-vous des projets pour les mois à venir ?
Le p’tit observatoire compte 3000 enseignants utilisateurs (principalement de classes Ulis, d’écoles Montessori et d’écoles d’enfants autistes) se trouvant aussi bien en France qu’au Canada ou en Belgique. Nous souhaitons maintenant nous déployer en Afrique du Nord. Par ailleurs, nous mettrons bientôt au point un service qui permettra de générer des exercices pratiques et des fiches de solutions adaptées à chaque comportement observé. Notre ambition est que Le p’tit observatoire soit reconnu par l’Éducation nationale et puisse s’intégrer aux ENT et au GAR d’ici à janvier 2025. Nous sommes d’ailleurs en train de développer un partenariat avec l’EdTech Edifice en vue de lancer un projet pilote au sein de l’académie de Nancy-Metz. Le but est que notre outil s’intègre dans l’espace pédagogique « One », développé par cette EdTech, pour permettre à tous les professeurs d’individualiser le suivi de chaque élève.
