Dans le cadre de sa politique visant à encourager les usages du numérique éducatif, le département de Haute-Savoie met en œuvre le projet GENIAL : « Générer de l’écrit pour la narration avec l’intelligence artificielle en littératie ». L’objectif est de faire découvrir aux élèves et aux collégiens un outil IA qui aide à la rédaction de textes, tout en développant leur esprit critique.
Le département de Haute-Savoie voit dans l’intelligence artificielle un outil pouvant améliorer les apprentissages. Avec son projet GENIAL, le département entend accompagner le développement des usages de l’IA. « Lorsque l’IA générative est apparue il y a deux ans, nous avons décidé, au sein du groupe que je pilote dans le cadre de ma mission départementale de pilotage du numérique, d’explorer les opportunités qu’elle peut offrir dans les métiers de l’enseignement », explique Philippe Roederer, inspecteur de l’Éducation nationale de la circonscription de Cluses. Dans ce contexte, le projet « GENIAL », dans lequel trois classes de l’école de Mallinjoud de La Roche-sur-Foron, de l’école de Boëge et de l’école de Mieussy sont engagées, consiste à acculturer les élèves à l’IA générative puis à les aider à en faire un outil d’assistance dans le cadre de leurs activités de production d’écrits.
Des séances de cours séquencées
Concrètement, les 9 séances hebdomadaires ont pour but d’acculturer les élèves à l’IA avant leur arrivée au collège. « Depuis l’année dernière, je mets en application ce projet avec mes classes de CM1 et CM2. Pas à pas, j’accompagne mes élèves à adopter des outils d’IA générative et à en comprendre le fonctionnement », indique Corinne Bussod, enseignante à Mieussy et référente du projet, avec ses collègues Gwenaëlle Orsi et Hervé Masson. La première séance est un atelier philosophique visant à introduire la notion d’intelligence. « La deuxième consiste à piéger les élèves en les mettant face à un article fictif illustré d’images générées par l’IA. L’objectif est de les amener à comprendre que les informations générées sont fausses », poursuit-elle. Ce n’est qu’à partir de la troisième séance que les élèves découvrent les apports potentiels de l’IA dans leur future vie d’adulte.
L’IA comme aide à la rédaction
Le cœur du projet consiste à faire d’un outil d’IA générative – entraîné selon le niveau des élèves – une aide à la rédaction. « En classe, devant un tableau blanc interactif avec une connexion Internet, nous interrogeons l’outil afin que les élèves voient en direct les réponses de l’IA. Je leur demande ensuite, en utilisant un papier et un crayon, d’inventer une histoire par petits groupes. Puisqu’ils font des erreurs de grammaire, je leur fais découvrir comment l’IA peut les aider à s’améliorer », explique Corinne Bussod. Séance après séance, les élèves apprennent à utiliser l’IA pour produire des textes et enrichir leur vocabulaire. Mais également à affiner leurs requêtes. La dernière séance vise, quant à elle, à développer la production d’écrit individuelle sur le projet. « Il s’agit de conclure par une rédaction individuelle sur ce qu’ils ont appris, ce qu’ils en pensent, leur avis sur la séquence, l’IA générative utilisée, ses avantages et inconvénients », résume-t-elle.
Des enseignants toujours méfiants face à l’IA
Il reste maintenant à envisager l’avenir de ce projet et à mutualiser les pratiques. Les collègues l’intègreront-ils à leurs pratiques ou sont-ils encore réticents à l’adoption de l’IA générative ? « Dans le monde enseignant, le numérique est encore assez en retrait. Beaucoup d’enseignants se méfient encore de l’IA ou ont le pressentiment qu’elle risque de les remplacer. L’idée est donc à la fois de faire comprendre aux élèves que l’IA n’est qu’un outil d’assistance pouvant comporter de nombreux biais et d’acculturer les enseignants aux usages pour le bien de leurs élèves, qui finiront tôt ou tard par l’adopter », souligne-t-elle. A noter que la séquence complète et les ressources pour chaque séance illustrant le dispositif sont accessibles à tous les enseignants depuis le Portail ressources éducation 74.
