Faute de temps, les enseignants ne sont pas toujours capables d’assurer la différenciation pédagogique au service de leurs élèves. Bonne nouvelle : l’apparition de l’intelligence artificielle peut changer la donne. Exemples d’usages concrets présentés à l’occasion des Ludoviales 2024.
Depuis l’apparition d’outils comme ChatGPT, les enseignants ont la possibilité de mieux individualiser leurs enseignements tout en gagnant du temps. « Aujourd’hui, l’apprentissage à distance peut être soutenu par les intelligences artificielles. Parce qu’elles facilitent les feedbacks et les synthèses de contenus, elles font également gagner un temps précieux aux enseignants », a expliqué Laurent Di Pasquale, professeur de sciences humaines dans l’enseignement secondaire à la Fédération Wallonie-Bruxelles, à l’occasion d’une conférence tenue dans le cadre des Ludoviales. Citant les travaux du chercheur John Hattie, Laurent Di Pasquale relève trois « pratiques gagnantes » pour lesquelles l’IA peut soutenir les apprentissages à distance : le tutorat informatique, qui fournit une rétroaction immédiate pour améliorer les résultats des élèves ; les personnes enseignantes qui récapitulent et résument les matériels d’apprentissage ; les personnes étudiantes qui apprennent à mémoriser les contenus.
L’IA pour donner des rétroactions
Pour formuler de bonnes rétroactions, il est possible de récolter la data disponible sur la plateforme Microsoft Teams pour la faire analyser par l’intelligence artificielle et ainsi mieux comprendre les comportements des élèves. « À condition de le faire avec bienveillance et de façon anonymisée », nuance Laurent Di Pasquale. Concrètement, la fonctionnalité « Insights » de Teams, grâce à laquelle il est possible de suivre l’activité des élèves sur la plateforme, permet d’exporter des données (activités, durées de connexion…) sur un fichier Excel. « Dans la version 4 de ChatGPT, il est possible d’intégrer ces fichiers Excel et de demander une analyse des comportements des élèves. Pour un meilleur rendu, il est essentiel d’écrire des prompts précis (en demandant explicitement que la réponse soit concise) afin que le chatbot donne le feedback le plus pertinent possible », indique-t-il. Résultat : l’IA donne des indications sur la motivation, la curiosité, la qualité des réponses des élèves… Tous ces éléments permettent aux enseignants qui ont à prendre en charge une multitude de groupes de mieux formuler leurs propres feedbacks et d’adapter leurs pratiques.
Des synthèses rapides à réaliser
Pour aider les enseignants à mieux récapituler et résumer leurs matériels d’apprentissage, l’IA se révèle également être un bon assistant. La plateforme Magic School met par exemple à disposition une boîte à outils qui répertorie plus de 40 outils basés sur l’IA. « L’un d’entre eux permet de résumer des vidéos, de créer des questions à partir de leur contenu…. L’autre avantage est qu’il peut les transposer en forme de texte et en faire des documents », explique-t-il. Sur la plateforme, il est aussi possible d’indiquer à l’outil le nombre de pages de résumé attendues. « L’autre avantage de cette solution gratuite est qu’elle représente une bonne alternative pour les enseignants qui ne souhaitent pas contracter d’abonnement. »
Mémoriser les contenus
Enfin, il existe un outil pour aider les apprenants à mieux mémoriser les contenus d’apprentissage. Quiz Wizard, un outil développé par Wooclap, permet en quelques clics, à partir d’un contenu que l’on télécharge sur la plateforme (document, texte, lien internet…), de concevoir des quizz, des questions ouvertes, des QCM ou encore des flashcards. « Ces dernières peuvent être particulièrement utiles à la fois pour les enseignants et les élèves qui souhaitent mieux ancrer leurs connaissances », souligne Laurent Di Pasquale. À noter que les enseignants qui souhaitent se tourner vers des outils open source peuvent recourir à Hugging Face. « Cet outil français, qui aide aussi à fournir du feedback aux élèves, est une bonne alternative à ChatGPT. Il permet de créer des assistants personnalisés, de désactiver le partage des données et ne nécessite pas la création d’un compte », conclut-il.
