On le sait : le tout distanciel suscite des craintes, voire des aversions de la part des enseignants comme des apprenants. Néanmoins, il peut se révéler engageant pour enseigner les métiers de la Tech et lorsque la méthodologie est pensée pour empêcher l’isolement. Retour d’expérience de l’école 100 % distancielle O’Clock, partagé à l’occasion de l’évènement EdTech Day qui a été organisé début octobre par l’association EdTech Lyon.
Lancée bien avant la crise sanitaire, en 2017, O’Clock forme à distance aux métiers du numérique. L’école porte l’ambition d’accompagner les publics éloignés de l’emploi. Grâce à une méthodologie pensée pour rester au plus près des besoins de l’apprenant, l’entreprise revendique un taux de décrochage de seulement 3 %. « L’idée n’était pas de créer des MOOC ou des formats d’e-learning asynchrones qui, à mon sens, provoquent le décrochage. Nous avons plutôt conçu des modalités d’accompagnement capables de créer des expériences de formation à distance plus engageantes qu’en présentiel », a assuré, lors d’une conférence donnée dans le cadre d’EdTech Day à Lyon, Dario Spagnolo, co-fondateur de l’école et de la plateforme de classes virtuelles Slippers.
Un accompagnement qui commence avant la formation
C’est également le constat de Sébastien Lemoine, enseignant et responsable pédagogique pour l’école O’Clock. « Avant d’intégrer cette école, j’ai été formateur en présentiel pendant plusieurs années. Lorsqu’est survenue la crise du Covid-19, j’ai dû basculer vers le distanciel en utilisant, comme beaucoup de mes pairs, la plateforme Discord. Cette expérience a été un échec puisque seuls 10 % de mes apprenants étaient attentifs à mes cours », a-t-il témoigné. En intégrant O’Clock, il a constaté que le phénomène du décrochage pouvait être évité si des moyens d’accompagnement robustes étaient mobilisés. « La méthode O’Clock fonctionne au travers d’un binôme gagnant : au sein de chaque promotion, un formateur donne son cours et un tuteur est chargé de suivre le groupe tout au long de la formation, voire avant qu’elle ne débute. Concrètement, nous mettons en place la « Saison 0 », qui consiste à présenter aux apprenants la formation qu’ils vont suivre et les outils auxquels ils seront confrontés », explique-t-il.
Mobiliser les bons outils
L’accompagnement comprend également une phase préalable d’évaluation des équipements et de la connectivité ainsi que la fourniture d’une formation technique pour assurer une expérience d’apprentissage inclusive et sans obstacle. « Ensuite, pendant la formation, nous analysons la participation des apprenants. Afin de prévenir le décrochage, nous mettons en œuvre un plan d’action approprié pour assurer leur engagement », poursuit-il. L’école a ainsi créé un profil métier dédié : le conseiller parcours apprenant qui, en cas de difficulté rencontrée par l’apprenant, intervient pour individualiser la formation. Côté outils, l’école déploie la plateforme Slippers. « Elle me permet de streamer mon cours à la manière d’un streamer qui utilise Twitch. C’est l’un des points d’ancrage qui permet de créer de l’interactivité. L’interface diffère aussi de celles des outils de visioconférence avec des fonctionnalités qui permettent notamment aux apprenants timides de s’exprimer au travers de moyens d’interaction non verbales comme les émojis », souligne-t-il.
Insuffler de l’interactivité
Dans les environnements virtuels, ces outils permettent aux formateurs de savoir dans quelle mesure leur discours est clair. Toujours dans le but de rester au plus près des apprenants, les formations comprennent une phase finale de récolte des besoins au travers de sondages : « Les réponses permettent d’identifier les éventuels dysfonctionnements. Il nous arrive de détourner cette fonctionnalité en nous en servant comme outil de QCM de fin de cours pour envisager un nouveau récapitulatif ou un retour sur des notions incomprises », indique-t-il. Selon lui, c’est en combinant ces éléments qu’il devient possible de créer un environnement d’apprentissage favorisant une meilleure rétention des contenus.