Une année après le lancement officiel du projet Territoires numériques éducatifs (TNE), né des suites de la crise sanitaire, les actions réalisées sur les territoires ont permis de faire émerger d’importantes initiatives locales et des dynamiques partenariales plus horizontales. Bilan et perspectives des principaux acteurs du dispositif.
Avec un premier démonstrateur sur les départements de l’Aisne et du Val-d’Oise et l’ajout de 10 nouveaux départements, le projet TNE vise à accélérer la transformation numérique de l’école et à tester à grande échelle une mise en œuvre de la continuité pédagogique grâce au numérique éducatif en agissant dès l’école primaire. Une année après son lancement officiel, quel bilan tirer de ce projet d’envergure ? Dans le cadre d’une table ronde organisée lors de la 20e édition de l’Université d’été Ludovia, les partenaires du projet sont revenus sur les succès, les axes d’amélioration et les missions qui restent encore à accomplir dans le cadre de ce dispositif.
Émergence de dynamiques partenariales
L’une des réussites de ce projet est, de l’avis de l’ensemble des partenaires, sa capacité à avoir mis en réseau l’ensemble des acteurs chargés d’en porter les objectifs. Selon Rozenn Dagorn, cheffe de bureau à la DNE, « notre système, qui est très vertical, a besoin de projets comme celui-ci. Il a permis la mise en œuvre d’une gouvernance partenariale avec de nombreux acteurs : Réseau Canopé, la Banque des territoires, le SGPI, les collectivités et les EdTech. C’est ce fonctionnement en réseau qu’il faut continuer à soutenir ». Un constat partagé par Sabrina Caliarios, directrice de région académique du numérique pour l’éducation de la région Occitanie : « Dans le département de l’Hérault, nous avons constitué, depuis le lancement du projet, une véritable communauté apprenante. Cela nous donne l’occasion de faire éclater les silos et nous incite à innover constamment. »
33 000 enseignants formés
Réseau Canopé, chargé de mettre en œuvre, avec le ministère et les académies, l’offre de formation qui accompagne le déploiement des TNE, a formé 33 000 enseignants et assuré 2243 sessions de formation autour de thématiques plébiscitées par les enseignants comme l’école inclusive, la collaboration entre pairs et entre élèves, l’intégration du numérique dans les séquences d’apprentissage… Un bilan significatif mais qui reste en-dessous des objectifs attendus. « Ce projet nous met en tension : la cible des enseignants formés s’élève à 115 000. Il faut donc poursuivre les efforts de communication auprès des enseignants tout en laissant le temps à cette politique publique extrêmement robuste de prendre forme et de s’étendre à 10 autres départements », explique Marie-Caroline Missir, directrice générale de Réseau Canopé. Une chose est sûre, l’un des grands atouts du dispositif est qu’il a permis, selon elle, de faire évoluer la conception du numérique éducatif : celle-ci ne se fonde plus uniquement sur les outils mais aussi sur la conviction que ce sont bien leurs usages pédagogiques qui sont au centre des enjeux.
La parentalité et le numérique
Piloté par la Trousse à projets, le volet Parentalité de l’action TNE vise à expérimenter des actions permettant d’acculturer toutes les familles au numérique éducatif. Dans l’Isère, des « projets d’actions intégrées », qui comprennent des volets dédiés à la parentalité, ont ainsi été mis en place. « Ils intègrent du matériel, des ressources, des actions de formation des enseignants et de formation à la parentalité. L’un d’eux, qui concerne l’esprit critique, a ainsi permis aux familles d’être accompagnées à la prise de recul par rapport aux médias, aux réseaux sociaux… », a indiqué Marc Zanoni, DAN de la région Grenoble. D’autre part, le projet TNE, en établissant des diagnostics de terrain, a permis de redonner la main aux enseignants. « Nous avons mis en place des appels à manifestation d’intérêt auxquelles les enseignants ont répondu. La volonté de la DRANE est donc de prendre en considération leurs besoins et de les servir. Nous sommes d’ailleurs en train de percevoir ces effets de transformation et c’est ce que nous faisons transparaître dans l’évaluation du dispositif que nous a demandée la Banque des territoires », a souligné Sabrina Caliarios. Par ailleurs, outre les ressources mises à disposition par Réseau Canopé, des EdTech locales ont pu, grâce à ce projet, révéler leur talent : « Ce projet a ainsi permis une reconnaissance de l’intelligence locale. Nous souhaitons maintenant accompagner le développement des EdTech du territoire », ajoute-t-elle.
Un projet à « fluidifier »
Pour la filière EdTech, le dispositif constitue une opportunité de visibilité puisque les solutions numériques se font connaître auprès des académies et des enseignants. Mais il subsiste des difficultés d’accès aux ressources que les partenaires souhaitent résoudre. « En tant qu’association représentant la filière, nous avons été à l’écoute des difficultés rencontrées par les EdTech. Cela a notamment été le cas pour ce qui concerne le principe d’accrochage au GAR puisqu’il existe encore, dans certains territoires, des difficultés d’accès aux ressources pour les enseignants. C’est la raison pour laquelle nous travaillons à fluidifier le dispositif en vue de faire augmenter le nombre d’activations de licences », a souligné Sylvanie Duval, déléguée générale de l’AFINEF.