« Avec l’adaptive learning, l’ESCP veut créer des parcours personnalisés »

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Depuis un an, la direction de la transformation digitale de l’ESCP s’est associée à la start-up Domoscio pour enrichir l’expérience apprenante de ses étudiants à l’aide d’une démarche adaptative. La genèse du projet et les résultats attendus décryptés par Anthony Hié, Chief Digital Officer au sein de la Business School.

Pourquoi vous intéressez-vous à l’adaptive learning ?

Ce projet s’inscrit dans le cadre du plan de transformation digitale de l’école qui comprend, parmi d’autres projets, la mise en œuvre d’une approche d’apprentissage adaptatif, une méthode très efficace pour faire monter les étudiants en niveau. L’enjeu est d’adapter les parcours pour qu’ils réussissent au mieux leur scolarité. Pour cela, la méthode de l’adaptive learning s’appuie sur des « learning analytics », c’est-à-dire des indicateurs liés à leur trajectoire pédagogique qu’il sera possible de retrouver dans notre plateforme « One Day One Learn ». En fonction des résultats des évaluations de nos étudiants, il sera par exemple possible de leur créer des parcours personnalisés, ce qui suppose qu’une grande quantité de data soit engrangée. La première approche est de définir les objectifs pédagogiques, puisque l’étudiant doit acquérir des compétences, et de lui suggérer des recommandations de parcours par rapport à son antériorité et ses précédents choix. La seconde approche sera de lui « pousser » des révisions, des cours en micro-learning et des modules complémentaires qui feront office de rattrapage là où l’outil aura détecté des difficultés. Ils serviront notamment à faciliter l’ancrage mémoriel des savoirs.

Comment votre nouvelle plateforme fonctionnera-t-elle concrètement ?

La start-up Domoscio, qui est notre partenaire EdTech spécialisée dans l’adaptive learning et qui nous accompagne dans la mise en place de ce projet, dispose d’un outil qui vient se brancher sur n’importe quelle plateforme LMS. C’est cet outil qui permettra d’une part d’analyser les données telles que les notations, les modules déjà réalisés, les quizz en ligne, les transcripts et d’autre part de lancer des recommandations spécifiques, grâce à des algorithmes. Une fois « digérées » dans le hub de Domoscio, ce sont en effet ces données qui nous permettront de fournir aux étudiants des préconisations sur les parcours les plus adaptés. Nous avons commencé à cartographier les compétences associées à chaque cours. Une fois les données entrées dans le système, chaque participant pourra s’auto-positionner puis choisir s’il veut suivre le cours et, en accord avec le professeur, de quelle façon il souhaite le faire. À partir de mai, nous comptons également enrichir notre plateforme d’un coach numérique qui prendra la forme d’un chatbot. Son rôle sera de venir en aide aux étudiants désirant s’inscrire à l’école. Ces coaches auront une fonction d’apport de services mais, à terme, ils pourront aussi faire office d’assistants de professeurs, à l’instar de ceux mis en œuvre par Georgia Tech et qui ont permis de désengorger les assistances pédagogiques.

Dans quelle phase de projet êtes-vous ?

Nous sommes encore dans la phase d’ingénierie expérimentale. Le projet de mise en œuvre de l’adaptive learning nécessite que soit collectée une grande quantité de données. Au second semestre de l’année 2020, nous avons mené un travail de réflexion avec les professeurs et différentes parties prenantes pour cerner les comportements et les besoins des étudiants et identifier les parcours qui pourraient se prêter à l’adaptive learning. Avec ma collaboratrice Claire Bertrand, responsable du pôle Innovation Digitale au sein de l’ESCP et également en charge de ce projet, nous souhaitons actuellement tester ce dispositif sur l’Executive MBA ESCP dont les participants ont des profils assez hétérogènes : du jeune professionnel « dévoreur » de contenus pédagogiques, au senior désireux de partager son expérience, en passant par des profils plus atypiques adeptes du « on-the-job-training »… Le programme sera donc orienté vers la formation continue, qui intègre des modules plus courts et des programmes sur mesure basés sur l’obtention de compétences.

Quels sont les résultats attendus ?

Ce projet d’adaptive learning a pour ambition de compléter la qualité de l’enseignement académique, au titre d’un service à valeur ajoutée. D’ailleurs, nous réfléchissons à aller plus loin dans cette démarche avec la partie « Alumni » dans le but d’indiquer aux étudiants quel est le type de carrière à laquelle ils peuvent aspirer. Connecter toutes ces données permettra de donner du sens aux parcours et offrir des choix différents en fonction des objectifs des étudiants. L’autre retombée attendue porte sur les efforts des personnes chargées de construire et de faire évoluer les programmes dans le futur : elles auront en effet des inputs nouveaux de grande qualité. Quoiqu’il en soit, nous attendons les premières retombées pour 2022. En parallèle, nous sommes également en phase d’accélération de la production de cours de micro-learning qui accompagneront l’implantation de l’adaptive learning. J’y travaille avec le doyen associé à l’innovation pédagogique qui a pour mission de créer une bibliothèque numérique de contenus modulaires, c’est-à-dire des contenus qu’il est possible de réutiliser dans différents programmes. Il y a ainsi plusieurs systèmes qui se synchronisent dans un calendrier pour qu’au début de l’année 2022, nous puissions disposer de toutes les briques pour mettre le projet en place.

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