ChatGPT doit-il vraiment faire peur aux enseignants ?

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Le chatbot  ChatGPT, développé par OpenAI, suscite des craintes dans plusieurs secteurs. Le monde de l’éducation n’y échappe pas puisque les enseignants du monde entier craignent les détournements qui peuvent en être faits par leurs élèves. Bonne nouvelle : des solutions de détection commencent déjà à émerger.

ChatGPT bouleverse tout le monde ! Cet agent conversationnel polyvalent, qui a été lancé en novembre 2022 par la société OpenAI, est capable de répondre à des questions complexes grâce à une intelligence artificielle. Il suscite ainsi des inquiétudes dans le monde académique en raison de sa capacité à générer des textes basés sur un très large éventail de corpus (journaux, romans, ouvrages scientifiques, conversations en ligne…). De plus, son utilisation est simple et gratuite puisqu’il suffit de s’inscrire sur le site d’OpenAI pour y avoir recours.

Des capacités importantes de reformulation

Les étudiants peuvent donc y avoir recours pour réaliser, voire copier, des productions écrites. « Ce qui est nouveau avec cet outil, c’est qu’il écrit comme un humain et sans faute d’orthographe. Il est capable de produire des dissertations d’histoire, de géographie… Et il résout des équations mathématiques ! Un élève qui ne voudrait pas travailler peut donc recourir à cette solution de facilité, passant ainsi à côté du processus d’apprentissage », explique François-Xavier Hussherr, fondateur de Professorbob.ai, une EdTech qui édite un tuteur virtuel. Recourir à ChatGPT n’est donc pas comparable au copier/coller, une pratique déjà massive mais aujourd’hui contrôlée par les nombreux outils de détection du plagiat. L’autre spécificité de ChatGPT, c’est qu’il produit des contenus écrits presque uniques : l’étudiant peut ainsi lui demander de les reformuler pour que son texte ne soit pas identique à ceux de ses pairs… Si elle devenait massive, cette pratique du plagiat pourrait donc passer inaperçue.

Un outil qui reste à apprivoiser

Juliette Doberva, ancienne enseignante de français et responsable produit de la société Plume, préfèrent éviter les postures catastrophistes. « Nous devons nous nourrir des apports de la technologie sans en avoir peur, mais au contraire en les apprivoisant. Bien sûr, certains professeurs voient dans le recours à cet outil une opportunité de triche. Mais c’est également pour eux une opportunité de revoir leurs gestes professionnels », explique-t-elle. D’autant que les questions que pose ChatGPT sont les mêmes que celles qu’a pu poser Wikipédia lors de son apparition dans les années 2000. C’est en tout cas ce que considère Mattias Mano, directeur du centre d’innovation pédagogique de l’Université Paris Sciences et Lettres. « Pour l’heure, la question est de savoir comment nous pouvons l’intégrer dans notre environnement de travail. Cela suppose d’étudier ses possibilités et ses limites. » Pour lui, ChatGPT peut présenter des bénéfices lorsqu’il est utilisé pour produire des présentations dans une langue non maîtrisée par l’enseignant, donc dans une optique d’internationalisation du savoir.

Réinterroger les modalités d’évaluation des élèves

L’arrivée de ChatGPT pourrait enfin être une aubaine pour les enseignants qui souhaitent re-questionner leurs attentes en dehors des temps scolaires et ainsi construire de nouveaux modèles d’évaluation. La notion de « devoir maison » est un élément pédagogique que beaucoup jugent éculé et qui entretient les inégalités scolaires. Or, le temps scolaire reste justement sous l’égide de l’enseignant. « Tout dépend alors du protocole mis en place dans sa classe et des outils que les élèves ont le droit de solliciter pour réaliser tel ou tel travail en classe », souligne Juliette Doberva. Il est toutefois possible d’imaginer des évaluations qui autorisent le recours à l’outil. « Mais cette démarche doit permettre aux équipes de s’assurer que leurs objectifs pédagogiques ont bien été atteints. Cela demande de re-scénariser les cours », indique Mattias Mano. Les examens oraux et présentiels restent, enfin, les modalités d’évaluation de référence où le plagiat est impossible.

Bientôt des solutions de détection 

En parallèle de ces modalités d’évaluation alternatives, les enseignants pourront bientôt s’appuyer sur des technologies de vérification de l’authenticité des textes soumis. En France, ProfessorBob promet de développer, en partenariat avec des data scientists, un logiciel de détection du plagiat basé sur ChatGPT. « Il s’agit d’un logiciel en mode Saas qui sortira dans environ six mois et qui sera fourni gratuitement aux enseignants. Pour le développer, nous nous basons sur une méthode statistique originale qui s’inspire de l’apprentissage profond », explique le fondateur.

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