Comment adapter les cours présentiels à distance ?

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L’enseignement à distance et la re-scénarisation des cours qui en résulte obligent les professeurs à repenser leur approche. Tous les spécialistes s’accordent à dire que l’erreur à ne surtout pas commettre est de calquer ses anciennes pratiques pédagogiques sur les nouvelles. Nos conseils pour un enseignement à distance de qualité.

Capter différemment l’attention des élèves

La clé pour mener à bien un cours à distance, c’est avant tout d’assurer une mise en activité continue des élèves au sein de la classe. C’est un véritable challenge, car il ne s’agit pas de mettre en œuvre les mêmes procédés que ceux utilisés en présentiel. En effet, une visioconférence ne peut être conçue sur le modèle d’un cours magistral. « À distance, les cours doivent être re-scénarisés et la sollicitation des élèves refaçonnée », explique Sylvie Larbi, professeure agrégée de SVT en Collège et formatrice à l’académie de Versailles. Comment ? « En évacuant au maximum le modèle pédagogique transmissif pendant les temps d’apprentissage synchrones », ajoute-t-elle. La pratique pédagogique à privilégier est donc celle de la classe inversée. Il faut donner aux élèves les moyens de préparer leurs cours en asynchrone afin que le professeur évite de devoir faire défiler des diaporamas pendant les visioconférences et planifie, à la place, des activités plus participatives comme des QCM, qui leur permettent de remobiliser leurs acquis.

Repenser les activités de groupe

Sur les plateformes éducatives, des groupes d’élèves peuvent se constituer autour d’ateliers ou de temps d’échanges et de réflexion.  Sylvie Larbi cite « les outils collaboratifs comme MonNuage qu’utilise l’académie de Versailles, sur lesquels les élèves peuvent co-construire différents contenus liés à leurs cours ». Permettant de co-écrire des contenus sur Word, de co-construire des diaporamas ou encore d’échanger des idées, les outils collaboratifs, à travers la mise en commun des connaissances acquises, permettent surtout de cultiver l’esprit de groupe et de développer des compétences. La professeure donne un exemple concret de sa pratique dite du « Jigsaw » : « Dans le cas d’un exercice consistant à définir une cellule, chaque groupe d’élèves travaille sur un support différent. Le premier réfléchira sur la cellule végétale, le deuxième sur la cellule animale et, enfin, le troisième sur les bactéries. Chaque groupe co-construit un document collaboratif et devient expert dans son domaine. Dans un deuxième temps de travail, je réunis les élèves devenus ‘experts’ de façon à ce qu’ils confrontent leurs découvertes au service de la construction d’une synthèse commune », illustre-t-elle.

Systématiser la rétroaction

Donner des feedbacks réguliers aux élèves permet de réduire les risques de décrochage. C’est donc l’un des meilleurs ingrédients pour un bon apprentissage à distance. Exigeant un investissement important de la part du professeur, la rétroaction est pourtant essentielle « pour toute production effectuée à distance, qu’elle soit individuelle ou collective » affirme Sylvie Larbi. Cette méthode est en effet reconnue pour assurer la progression des élèves et insuffler une dynamique de motivation au sein de la classe. Comprenant une dimension affective, la rétroaction ne consiste pas uniquement à corriger les erreurs des élèves, mais également à souligner la justesse de leurs réponses et à valoriser les efforts qu’ils fournissent au cours de leur travail.

Différencier les supports

À distance, il est capital de tirer profit des ressources offertes par le numérique en diversifiant les supports de transmission pédagogique : capsules vidéo, contenus écrits, podcasts… « La diversification des supports est importante car nous avons observé que l’engagement des élèves en dépendait. Lire un PDF de 40 pages ne les fait pas rêver », pointe Sylvie Larbi. Parce qu’elle est plus inclusive, cette démarche contribue également à soutenir les efforts des élèves en difficulté puisque certains d’entre eux ont pu développer des modes d’apprentissage basés davantage sur le visuel que sur le textuel. Différencier les supports suppose toutefois de maîtriser les outils technologiques. Dans la scénarisation des cours, il faut donc prévoir à la fois des séances plus courtes et un temps d’appropriation de l’outil.

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