Comment inclure les parents dans l’éducation de leurs enfants ?

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Le numérique peut-il être un moyen d’inclusion pour les parents d’élèves ? Intuitivement, beaucoup répondraient par l’affirmative. Pourtant, l’inclusion des parents comme élément d’une démarche éducative n’a jamais été au centre des pratiques scolaires. Des applications numériques commencent toutefois à émerger, à la grande satisfaction des parents.

Jusqu’ici, l’intégration des parents d’élèves dans le processus éducatif de leurs enfants se résumait à quelques réunions avec les enseignants via le fameux cahier de liaison. « C’est la seule pratique collaborative existante qui soit généralisée », explique Daniel Matzkin, docteur en sciences cognitives et fondateur de Classroomcoach360, une plateforme qui permet une mise en relation entre les élèves, leurs professeurs et leurs parents. Ce n’est que récemment que la question d’une collaboration parents-école plus étroite a pris une connotation positive. « Ce qui a soulevé cette question, c’est l’émergence de la culture du travail collaboratif, possible grâce à la technologie. » La crise du Covid-19 a également eu un effet accélérateur sur la participation, désormais plus soutenue, des parents dans l’éducation de leurs enfants. La contrainte de l’école à la maison a remis en lumière la volonté des parents de bénéficier d’un partage d’informations ainsi que l’apport du numérique comme véhicule d’enseignement et de soutien scolaire pour tous les acteurs éducatifs.

Les parents friands des solutions collaboratives

Il existe déjà des applications numériques qui permettent aux professeurs, via des systèmes d’appels et de messagerie, de communiquer autour des activités de classe. « Des outils s’orientant vers la petite enfance comme Klassroom ou Storypark permettent aux enseignants de faire intervenir les parents dans le choix de certaines activités extrascolaires par le biais de sondages, de diffuser des vidéos ou des stories montrant en temps réel les activités des enfants… », souligne Daniel Matzkin.  Autre solution qui met en lumière le ressenti positif des parents lorsqu’ils sont acteurs du parcours scolaire de leurs enfants : Open Digital Education. Elle propose des solutions éducatives de la maternelle à la terminale ainsi qu’un réseau social permettant à la communauté éducative de communiquer, de regrouper les services numériques des écoles et de créer des interactions entre enseignants et parents d’élèves. « En plus de construire des contenus pédagogiques interactifs, l’enseignant peut interagir, via une application mobile, avec les parents de ses élèves. Il peut diffuser les actualités de l’établissement concernant, par exemple, l’évolution des mesures sanitaires, créer des carnets de liaison numérique, communiquer à propos des activités périscolaires… Surtout, les parents peuvent avoir un accès sécurisé à des outils de suivi de la scolarité de leurs enfants et identifier les difficultés qu’ils rencontrent », explique Charline Fornari, porte-parole de la start-up.

Quelles plus-values éducatives ?

L’apport éducatif des espaces numériques se révèle surtout dans la continuité pédagogique qu’ils permettent. En effet, les parents peuvent eux-mêmes assurer les révisions (mises en ligne) de leurs enfants tout en bénéficiant des conseils prodigués par les enseignants sur les messageries. « Ce que les retours d’usage nous ont permis de constater, c’est l’apparition d’un transfert de compétences entre enseignants et parents. Ces derniers peuvent désormais faire classe à la maison », indique Charline Fornari. Le problème qui se pose toutefois est celui de la facilité d’usage et de la réalité des pratiques effectivement adoptées puisqu’aujourd’hui, les interactions entre parents et enseignants demeurent périphériques. « Les avantages d’une relation plus rapprochée entre parents et enseignants n’ont pas fait l’objet de recherches suffisamment exhaustives et durables », estime Daniel Matzkin. Les sciences de l’éducation ont depuis longtemps montré les apports des feedbacks réguliers entre les élèves et leurs enseignants, qui permettent aux apprenants d’accroître leur engagement et aux enseignants d’adapter leur didactique. « Mais sur le thème de l’engagement des parents, nous disposons de peu de données. Une étude finlandaise menée en 2019 a cependant montré que la communication digitale avec les enseignants était globalement jugée bénéfique par la communauté des parents d’élèves, en particulier en milieu rural. Il existe néanmoins un frein culturel à lever car cette pratique d’inclusion des familles reste, dans des pays comme la France, insuffisante », juge Daniel Matzkin.

La fracture numérique : un écueil important

Autre écueil : la question de la fracture numérique et socio-éducative. Toutes les familles n’ont pas, d’une part, accès aux outils technologiques de communication et de suivi et, d’autre part, les aptitudes et l’appétence pour les utiliser dans une optique éducative. « La corrélation entre échec scolaire et statut socio-économique est très forte. Ainsi, même si des pratiques de communication avec les établissements se généralisaient, les milieux sociaux défavorisés en profiteraient peu tant qu’une politique globale d’accompagnement en matière d’équipement et d’usages n’est pas mise en place », conclut-il.

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