Cuidam à la rescousse du mal-être étudiant

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Face à l’aggravation de la détresse psychologique des étudiants, que la crise du Covid-19 a cristallisée, des solutions numériques émergent pour proposer un accompagnement adapté. Parmi elles, Cuidam, une plateforme développée par une start-up bordelaise.

Isolement, délitement des liens sociaux, boulots perdus… L’année 2020 a été lourde de conséquences psychologiques pour les étudiants. Selon une étude réalisée en juin 2020 par l’Observatoire de la vie étudiante, 31 % des étudiants ont présenté des signes de détresse psychologique lors du basculement des enseignements à distance. Couplée à d’autres phénomènes de violence au sein de nombreux établissements d’enseignement, cette problématique a suscité l’apparition de solutions numériques adaptées. Lancée en juillet 2021 par Marie Sallaberry, Héléna Belaïd, Liam Donne et Quentin Sebire, la start-up Cuidam entend outiller les étudiants vivant des formes de mal-être au sein de leurs écoles ou dans le cadre de leur stage ou alternance. « Cuidam se veut un lanceur d’alerte digital qui permet aux étudiants de pouvoir déclarer aux services adéquats de leur école tout type de problème vécu. L’objectif est de les mettre en contact rapidement avec des accompagnateurs de l’école, celle-ci ayant un rôle important à jouer dans la continuation de leurs études dans les meilleures conditions », explique Marie Sallaberry.

Faire face aux violences sexuelles

En plus de l’apparition, chez cette population, d’idées suicidaires, les fondateurs ont été interpellés par la recrudescence de violences sexuelles au sein d’écoles y compris prestigieuses. La direction de CentraleSupélec a ainsi mis en ligne, en interne, un questionnaire auquel ont répondu plus de 2400 étudiants. Selon les résultats, près de 100 étudiants ont été victimes de viols ou d’agressions sexuelles au cours de l’année scolaire 2020-2021 et 74 d’entre eux ont signalé des faits de harcèlement sexuel. « Face à ces résultats horrifiants, des voix se sont élevées au sein de la sphère de l’enseignement supérieur pour dénoncer l’étendue de ces maltraitances. Ce vent de révolte a donné davantage de sens à notre projet puisque nous entendons participer à la dynamique de transition sociale des établissements. Dorénavant, les directions doivent être tenues au courant de ce type de dérives via des systèmes d’alerte faciles d’utilisation », poursuit-elle.

Mise en relation directe avec les référents pédagogiques

La plateforme digitale permet aux étudiants de répondre à un questionnaire intuitif et de lancer une alerte (de manière anonyme ou non) lorsqu’un problème survient à l’école, lors d’une soirée étudiante ou lorsqu’ils veulent signaler un état de détresse psychologique. Sa finalité est d’éviter aux étudiants d’être submergés par une avalanche d’informations administratives. De son côté, le référent de l’école (par exemple, le référent pédagogique Inclusion) reçoit l’alerte et guide l’étudiant vers une cellule d’écoute ou dans les démarches judiciaires pour porter plainte en cas d’agression. « Ces référents sont parfois psychologues de formation. Les mettre en contact direct avec les étudiants est très important car ces derniers, lorsqu’ils sont en difficulté, ne peuvent pas se contenter de systèmes de messagerie », indique Marie Sallaberry. Avant d’ajouter : « deux des co-fondateurs de Cuidam sont certifiés « référents agissements et harcèlements sexuels » et peuvent jouer le rôle de référent externe », précise-t-elle.

Une application mobile pour l’année prochaine

La société a lancé sa plateforme dans trois écoles privées et vient de signer le déploiement de sa solution dans une quatrième : Sup de Pub Bordeaux (école du groupe Omnes Éducation), son premier client local. En 2022, Cuidam souhaite gagner en visibilité : elle ambitionne ainsi d’implanter sa solution dans une quarantaine d’établissements et pouvoir être intégrée dans les intranets des écoles. « Nous postulons également à des subventions et nous prévoyons des levées de fonds pour l’année 2023. Ces financements seront orientés vers le développement d’une application mobile et la mise en place de nouvelles fonctionnalités », conclut Marie Sallaberry.

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