Cultiver les soft skills des élèves : une nouvelle priorité ?

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La pandémie a mis en lumière la nécessité de développer de nouvelles qualités, notamment d’adaptation. Alors que la France est à la traîne en Europe* en matière de développement des compétences socio-comportementales des élèves, l’utilité des soft skills est soulevée par de nombreux spécialistes. Nos conseils pour leur faire une place dans les pratiques d’enseignement.

Comprendre l’importance des soft skills

Les soft skills sont définies comme les compétences socio-comportementales qui ne concernent pas les certifications, les diplômes ou les compétences académiques. Ce sont par exemple des aptitudes individuelles comme la confiance en soi, la gestion des émotions, la persévérance, la résilience, la résolution des problèmes, les capacités de communication, la sociabilité… « Il s’agit, pour résumer, de tout ce qui représente le comportement humain », explique Solenne Bocquillon, fondatrice de Soft Kids, une start-up qui édite des programmes pédagogiques ludiques basés sur les soft skills à destination des familles. Selon elle, en cultivant leurs soft skills, les écoliers se préparent dès maintenant aux métiers de demain : « À l’avenir, nous aurons davantage besoin de ce type de compétences pour contrebalancer la montée en puissance de la robotisation et de l’intelligence artificielle, qui ne sauront jamais identifier les émotions humaines authentiques. ».

Cultiver les soft skills dès le plus jeune âge

Le développement des soft skills contribue, selon le Forum économique mondial et l’OCDE, à améliorer la réussite académique des élèves. Ces organismes recommandent ainsi l’apprentissage des soft skills dès le plus jeune âge. Donc leur intégration aux programmes éducatifs. « L’éducation a un rôle essentiel à jouer dans l’acquisition des connaissances, compétences, attitudes et valeurs qui permettront aux individus de contribuer à bâtir un avenir inclusif et durable et d’en bénéficier (…) Les systèmes éducatifs ne doivent pas se limiter à préparer les jeunes au monde du travail, ils doivent leur transmettre les compétences dont ils auront besoin pour devenir des citoyens actifs, responsables et engagés », préconise l’OCDE dans son Projet Éducation 2030. Afin d’améliorer les capacités d’agir des élèves, les programmes scolaires devraient également « être conçus de manière à motiver les élèves et à reconnaître leurs acquis, leurs compétences, leurs opinions et leurs valeurs ».

Insuffler la culture du jeu

Lorsqu’il s’agit de classes des écoles maternelle et primaire voire même des collèges, il est possible de développer les compétences socio-comportementales des élèves par le jeu. Plus qu’un simple loisir, le jeu permet en effet aux enfants de cultiver des aptitudes plus subtiles. Il les incite ainsi à « mieux se connaître, à découvrir leurs capacités, à comprendre qu’ils font des choix au quotidien et qu’ils ne sont donc pas soumis en permanence aux injonctions des adultes… C’est important car cela leur permet de prendre conscience de leur individualité et de développer une meilleure confiance en eux », explique Solenne Bocquillon. Conçus par des pédopsychiatres, les programmes de jeux spécifiques que propose Soft Kids permettent, par exemple, de se familiariser avec des techniques de persévérance, d’apprendre à gérer les émotions et l’impulsivité…

Identifier les soft skills à cultiver

Dans cette approche, les professeurs doivent pouvoir identifier les compétences socio-comportementales que leurs élèves devraient cultiver, selon leurs spécificités individuelles. Ils le font déjà sans le savoir. Par exemple, un professeur d’histoire développe l’esprit critique de ses étudiants. S’il privilégie des travaux de groupe, un professeur de sciences naturelles cultive, pour sa part, l’esprit de collaboration au sein de sa classe. « Il faut qu’ils en prennent conscience afin de savoir s’ils adoptent les bons outils. À l’aide de programmes ou d’expertises externes, ils peuvent ensuite s’orienter vers les meilleures pratiques recommandées », précise Solenne Bocquillon.

Impliquer les élèves

En classe, les professeurs peuvent également inviter leurs élèves à s’exprimer davantage sur leurs besoins, à déterminer leurs préférences et à mettre en valeur leurs accomplissements. « Pour avoir une bonne confiance en soi, il faut déjà avoir développé une bonne estime de soi. Les enfants gagneraient donc à avoir conscience de ce qu’ils ont déjà appris. En proposant à leurs élèves de lister leurs compétences acquises et leurs réalisations, les professeurs les aident à être sûrs d’eux-mêmes », souligne Solenne Bocquillon. La fondatrice de Soft Kids préconise également d’apprendre aux enfants à faire part ouvertement de leurs opinions personnelles sans craindre les divergences de vue avec leurs pairs.

*Selon le rapport du Grenelle de l’Éducation 2021, les élèves français présentent un « déficit de compétences socio-comportementales considérable par rapport à la plupart des pays de l’OCDE ».

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