EdTech Lyon défend le « Tech For Good »

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L’association EdTech Lyon, qui a été créée par des entrepreneurs du numérique éducatif, s’engage pour relever les défis de l’éducation et de la formation de demain. Elle regroupe des acteurs de terrains, des chercheurs, des grands comptes et des start-up qui partagent une vision commune du numérique comme outil éducatif accessible à tous les publics. Interview avec Jonathan Banon, président, et Magali Rofidal, déléguée générale.

Pouvez-vous présenter EdTech Lyon ?

Jonathan Banon : En plus des 44 entreprises adhérentes, dont des start-up que nous aidons à prendre racine, EdTech Lyon rassemble 22 acteurs de terrain (lycées, universités, centres de formation…) et travaille avec 3 laboratoires de recherche : le Centre de recherche en neurosciences de Lyon, l’Institut français de l’Éducation de Lyon et le Laboratoire d’informatique en Image et Systèmes d’information (LIRIS). La connaissance des besoins des enseignants étant essentielle pour concevoir des solutions éducatives adaptées, notre but est de jouer un rôle de médiateur entre ces différents acteurs. L’association compte de grands noms de l’EdTech comme Projet Voltaire, digiSchool, ou encore Lelivrescolaire.fr, avec lesquels nous partageons des valeurs communes comme la défense de l’éducation gratuite et obligatoire.

Comment créez-vous des liens entre les différents adhérents ?

Jonathan Banon : Depuis deux ans, nous mettons en place des actions visant à structurer la communauté. Nous avons créé des canaux de communication qui ont favorisé les échanges de groupe et permis aux membres d’entrer en contact, en one-to-one, avec des délégués académiques au numérique, des chercheurs… Les échanges de bonnes pratiques permettent aux petits acteurs d’apprendre à mettre en œuvre leurs solutions à l’échelle locale et à les améliorer avant de parvenir à convaincre des géants comme l’Éducation nationale, comme cela a été le cas pour Hello Charly, start-up lyonnaise dédiée à l’orientation.

Magali Rofidal : Nous organisons, une fois par mois, des matinales qui consistent pour l’un des adhérents à susciter un débat sur des thèmes comme l’usage des chatbots dans les dispositifs d’orientation ou la place de l’IA dans les scénarios pédagogiques. Les matinales ont aussi été l’occasion pour les membres de prendre connaissance de projets de recherche en cours dans les domaines des sciences humaines et sociales, des sciences cognitives et des neurosciences.

Quels enjeux voyez-vous émerger dans le monde des EdTech aujourd’hui ?

Jonathan Banon : La crise du Covid-19 a engendré une évolution des pratiques pédagogiques et des matériels mis à disposition. Les lycées, par exemple, s’équipent en numérique grâce à des matériels payés par leur région, mais également grâce à l’utilisation de devices personnels. L’évolution du contexte appelle à développer des usages qui lui sont adaptés. Le respect du RGPD figure parmi les éléments à prendre en considération. L’enjeu majeur pour les éditeurs de solutions éducatives est de combiner la capacité à développer des outils puissants avec le respect des données personnelles. Il faut pour cela qu’un cadre respecté par tous les acteurs soit établi, ce qui suppose un travail étroit avec les institutions.

Magali Rofidal : Nous espérons que la construction d’un cadre de confiance soit un enjeu de court terme. Les entreprises françaises de l’EdTech se conforment déjà à un RGPD stricte et aucune d’entre elles ne base son modèle économique sur la revente de données. Nous pensons que les parents et les enseignants doivent en prendre conscience.

Et en matière de pédagogie ?

Jonathan Banon : Nous sommes très attendus sur la question du soutien à l’individualisation des apprentissages. Dans ce domaine, les apports de la technologie sont considérables à travers, notamment, l’adaptive learning. Cela se traduit par l’édition de dispositifs qui facilitent la compréhension des problèmes rencontrés par les élèves. Ce gain de temps permettrait aux enseignants de mieux se consacrer à la remédiation pédagogique. Le Projet Voltaire, à travers sa solution dédiée à la langue française, permet aux élèves de s’entraîner en toute autonomie tout en offrant aux professeurs la possibilité de suivre leurs progrès. Cette conjonction entre technologie, pédagogie et contenu apporte de la valeur et suppose une collaboration entre les ingénieurs pédagogiques et les créateurs de contenus.

Comment voyez-vous évoluer EdTech Lyon ?

Jonathan Banon : Notre objectif consiste à réunir davantage d’acteurs de terrain, qui sont plus nombreux. Dans le sillage du mouvement « Tech For Good », nous souhaitons continuer à avancer vers des logiques d’intérêt général et à mettre la technologie au service de l’éducation.

Magali Rofidal : Parmi les acteurs majeurs qui ont rejoint notre association figure la Métropole de Lyon, qui a la caractéristique d’exercer les compétences d’un département. Elle dispose d’un ENT propre et renforce l’écosystème lyonnais de l’innovation. Sur la base d’une coopération solide entre partenaires publics et privés, notre ambition est de continuer à aider les jeunes pousses à réussir leur passage à l’échelle économique sur le territoire. Forte de la richesse de son territoire, où interviennent de nombreuses compétences déléguées, Lyon a toutes les chances de se présenter comme un modèle de transformation dont la réussite est aussi le fruit d’une collaboration entre tous les acteurs qui ont un rôle à jouer dans l’enseignement.

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