IA : quelles perspectives pour l’éducation ?

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Comment l’intelligence artificielle peut-elle appuyer les apprentissages et améliorer l’enseignement ? Peut-elle vraiment se révéler utile à la réussite des étudiants ? Les perceptions des enseignants vis-à-vis de cette technologie ont-elles évolué ? Réponses d’experts lors d’un débat tenu dans le cadre du salon Educ@tech.

Considérée comme une nouveauté pouvant se mettre au service de l’éducation, l’IA consiste à agréger des connaissances au sein d’un outil qui permet de mieux appréhender les progrès des élèves. Selon Alain Thillay, chef de bureau du soutien à l’innovation et à la recherche appliquée à la direction du numérique pour l’éducation, elle n’a rien de nouveau, mais promet de nouvelles possibilités à explorer. « LIA n’est pas du tout une question nouvelle pour la commission européenne qui, depuis 2018, publie des recommandations pour une IA de confiance, y compris en matière d’usages en éducation. » Pourquoi ces recommandations ? Parce que l’IA et les données sont utilisées dans tous les domaines de la vie économique et sociale, et l’éducation n’y échappe pas. Il s’agit donc d’inciter la sphère éducative à s’y préparer et à développer des réflexes et des démarches afin que l’école l’utilise « de façon confiante, raisonnée, critique et éthique ».

Des possibilités nouvelles pour les apprentissages

En éducation, l’IA peut apporter de nouvelles solutions pour certains apprentissages, qui restent à explorer de manière guidée et commune. « Il existe des domaines dans lesquels l’IA peut se révéler utile : l’apprentissage, l’accompagnement de l’enseignant et l’organisation de la vie scolaire de l’établissement », souligne-t-il. Selon lui, l’enjeu majeur est de fonder les usages sur des considérations éthiques et de préserver « l’agentivité » de l’utilisateur, c’est-à-dire sa capacité de raisonner et de décider. Ainsi, comme tout outil numérique, l’IA peut simplement augmenter les possibilités pédagogiques pour l’enseignant : « S’il veut expérimenter quelque chose qui sort de l’ordinaire, il peut avoir recours au numérique pour augmenter sa pédagogie », souligne Isabelle Roos, sous-directrice R&D au sein de la DRANE de la région PACA.

Suivi des élèves

Le numérique permet surtout de conserver les traces relatives aux progrès des élèves, à leurs évaluations… La mémorisation et le feedback immédiat sont également rendus possibles grâce à l’IA. « Cette technologie suscite également l’attention des élèves et appuie la remédiation pédagogique. C’est ce que nous avons constaté dans les classes. » Selon Isabelle Roos, ce que les enseignants apprécient le plus dans les outils basés sur l’IA, ce sont les tableaux de bord mis à leur disposition et qui leur permettent d’identifier les élèves susceptibles de décrocher et d’exploiter le temps gagné dans la création d’activités pédagogiques. Par ailleurs, si l’IA a des promesses sur le volet de la personnalisation, c’est parce qu’elle « n’oublie pas » les succès et les erreurs et qu’elle propose des activités de rappel permettant de stabiliser les apprentissages. « Elle permet d’assister les enseignants, de leur faire des suggestions autour de la création de parcours qui permettent de réinvestir la connaissance dans de nouveaux contextes », explique Axel Jean, chef du bureau du soutien à l’innovation numérique et à la recherche appliquée TN2-DNE.

Un meilleur accompagnement des professeurs

Puisqu’elle donne accès à des informations plus complètes, l’IA décharge le professeur des tâches chronophages, renforçant ainsi son rôle d’expert pédagogique. Elle lui propose des activités de différenciation par rapport à un besoin particulier ou à un handicap. « Pour les élèves, les feedbacks ne sont pas humains mais neutres, donc dénués de jugement de valeur. Cela les met dans une situation de confiance », souligne-t-il. Selon lui, des organismes comme l’INRIA ou le CNRS font collaborer des scientifiques avec des spécialistes en didactique afin de mener des travaux sur l’utilisation de l’IA en éducation. Pour l’heure, des solutions éducatives basées sur l’IA, comme ProfessorBob ou Vittascience, commencent à séduire la sphère éducative et des dispositifs publics comme Edu’Up les soutiennent. L’IA est ainsi testée dans certains établissements. Le CNED met ainsi en place des projets pilotes dans le but de progresser vers l’industrialisation en éprouvant différentes solutions. « Nous testons un chatbot fonctionnant sur un algorithme IA qui a ingéré tout le corpus de cours de l’année scolaire. Nous avons constaté que l’IA avait une capacité de donner des réponses précises. Mais elle n’est pas capable de remplacer l’enseignant car elle ne donne que des réponses de premier niveau », témoigne ainsi Isabelle Preud’homme, directrice innovation au CNED. Pour l’heure, le potentiel de l’IA repose ainsi, en particulier, sur sa capacité à être prédictive.

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