La boîte à histoires Bookinou cultive le goût de la lecture

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Susciter l’apprentissage et le goût de la lecture en mobilisant la technologie, surtout lorsque ce sont les livres papier qui sont sollicités : voilà un pari difficile que la start-up Bookinou relève depuis 2019 ! La société édite un boîtier qui permet aux parents et aux professeurs de s’enregistrer en lisant un livre afin que l’enfant puisse le feuilleter… tout en étant bercé par des voix familières.

Bookinou a lancé son activité en 2019 en partant de l’idée que le livre papier, dans un monde qui plonge les enfants dans la digitalisation des activités d’apprentissage et de jeu, doit absolument rester un élément d’éducation central. « La femme de mon associé, Guillaume Chanteloube, a accompagné en tant qu’orthophoniste plusieurs enfants dans l’acquisition du langage. Nous sommes ainsi partis du constat que cultiver le goût de la lecture était le meilleur moyen de le faire », explique Vincent Gunther, co-fondateur. Ses expériences lui ont également permis de constater que les enfants avaient une appétence pour les livres physiques. « Les enfants âgés de 2 à 7 ans sont attirés par la découverte de l’espace, qui passe par la manipulation d’objets physiques », rappelle-t-il. Et comme, à cet âge-là, ils ne savent pas encore lire, l’équipe a imaginé un boîtier qui, grâce à une application, permet de leur faire écouter des livres racontés par la voix de leurs parents ou leurs instituteurs, mais à condition qu’ils feuillettent en parallèle le livre correspondant au format papier.

Un « côté magique » pour les enfants

Concrètement, la solution numérique, via son boîtier conteur, détecte les livres enregistrés dont se saisissent, en toute autonomie, les enfants. Ensuite, elle démarre la version audio lorsque ces derniers l’actionnent. Puisqu’ils peuvent feuilleter et suivre page à page le récit tout en l’écoutant, la solution leur donne des temps de lecture supplémentaires qui ne nécessitent pas la présence d’un adulte. Elle leur permet aussi de poursuivre leurs activités scolaires en dehors de l’école. « La facilité d’usage pour les enfants, qui doivent seulement badger leur livre sur la conteuse pour que l’histoire soit lancée, donne au processus un côté magique qui les amuse », explique Vincent Gunther. Pour leur part, les adultes sont aidés par « un outil studio » contenu dans l’application mobile pour réaliser un montage d’enregistrement du livre.

« Les livres ne doivent pas être digitalisés »

La charge émotionnelle de ce type de solutions est également forte pour l’enfant, qui reconnaît la voix de l’un de ses parents, grands-parents, maîtres… Par ailleurs, le dénominateur commun entre l’éditeur, les parents d’élèves et les enseignants est la conviction partagée que les livres ne doivent pas être digitalisés. « Le support papier du livre est un élément fondamental pour entrer dans la lecture : c’est son format naturel, historique », ajoute Vincent Gunther. Autre axe de différenciation dont se prévaut la start-up : le libre choix des livres dont on enregistre la lecture. « Le fait que l’on puisse personnaliser les contenus, surtout pour les enfants en bas âge dont les besoins sont différents, donne une liberté pédagogique à laquelle les enseignants sont très attachés. »

Déjà 100 000 enfants amateurs

Déployée dans les écoles et auprès des parents d’élèves, l’application est utilisée par 100 000 enfants. En participant au salon Educatec – Educatice, elle a pu donner davantage de visibilité à sa solution en drainant l’attention des prescripteurs, des enseignants, des conseillers pédagogiques et des référents aux ressources éducatives numériques. « Nous avons également, en juillet dernier, obtenu le label du dispositif Édu’Up du ministère de l’Éducation nationale. Il permet de donner une crédibilité institutionnelle à l’usage de Bookinou et nous aide dans le déploiement de la solution », assure le fondateur. Le label permettra également à la solution d’être une ressource pédagogique utilisée dans le cadre de guides d’activités à réaliser en classe.

Des usages « détournés » de la plateforme

Enfin, la start-up souhaite enrichir son offre en s’appuyant sur le détournement des usages qu’elle a constaté chez les utilisateurs. Puisqu’elle fonctionne avec des « gommettes » autocollantes électroniques qui permettent la détection des livres via un identifiant, les professeurs se sont emparés de Bookinou dans le cadre d’autres activités interactives telles que des énigmes visant à guider les élèves par la voix pour les aider à trouver des objets cachés en classe. « Le fait que les enfants puissent créer leurs propres livres audio et les faire écouter à leurs camarades constitue un autre « détournement ». Cela nous permettra d’explorer d’autres possibilités d’usages ludiques pour faire évoluer la solution dans une logique de co-construction avec les enseignants », conclut-il.

 

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