«La Poste forme ses postiers à l’IA et à la data »

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Avec plusieurs dizaines de milliers de personnes à former, le groupe La Poste s’appuie sur trois organismes de formation internes et des parcours hybrides destinés à rendre les collaborateurs acteurs du développement de leurs compétences. Les éclairages de Grégoire Maret, directeur de la formation et de l’alternance.

Comment la politique de formation du groupe La Poste s’organise-t-elle ?

Le groupe est investi dans le développement des compétences des collaborateurs via ses trois organismes de formation internes : l’école de la Banque et du Réseau, qui est spécialisée dans les formations bancaires, l’assurance et les produits financiers ; l’université Services-Courrier-Colis pour ce qui concerne la supply chain, la logistique, la distribution ; et l’Institut Groupe La Poste (IG), qui regroupe  l’ensemble des formations destinées aux managers, aux fonctions supports ainsi que l’offre transverse à tous les postiers. En 2023, nous avons dispensé près de 4 millions d’heures de formation, avec un taux de postiers ayant suivi au moins une action de formation de plus de 92 %.

Quelles modalités pédagogiques plébiscitez-vous ?

Nos offres de formation s’appuient sur des modalités différentes : de l’asynchrone et du synchrone en présentiel ou en distanciel. Aujourd’hui, notre taux de formation en e-learning est de 88 %. Pour autant, alors que la crise sanitaire a imposé la dématérialisation de nos contenus de formation, nous nous rendons aujourd’hui compte que certains parcours sont plus pertinents à mener en présentiel. C’est par exemple le cas des formations dédiées à nos tuteurs d’alternants, que nous avons recréées en présentiel parce que cette communauté regroupe à la fois des managers et des non-managers comme les facteurs. Ces derniers, qui ne détiennent pas les bases de la culture managériale, ont besoin d’être formés en présentiel dans le cadre de mises en situation difficiles à réaliser à distance. Pour cette raison, notre objectif est de ramener le taux de formations distancielles à 60 %, en définissant la modalité pédagogique en fonction de la population à former.

Comment se tiennent vos formations distancielles ?

Elles couvrent tout le champ de nos domaines d’activité et concernent aussi bien les formations métier que d’autres thématiques. Au sein de notre LMS, nous comptons 7000 objets de formation avec des formats de durée variable. Les formations nécessitant des temps longs se tiennent en classe virtuelle ou en présentiel. Nous avons également développé des formations en mobile learning proposant des contenus courts. Ces derniers sont destinés à favoriser l’ancrage des compétences ou à revenir sur la réalisation d’un geste métier (une remise de lettre recommandée, par exemple) abordée en présentiel. Cette année, 70 000 licences de mobile learning seront déployées, ce qui correspond à près de la moitié de l’effectif de La Poste en France. Nous prévoyons d’ailleurs de dispenser ces formations à destination des managers sur l’entretien annuel ou la coopération.

Quelles sont vos orientations stratégiques ?

Nous travaillons sur un « proof of concept » de formation dans le métavers. Cette technologie se révèle utile pour reconstituer des environnements industriels et former à la maîtrise de gestes techniques. Notre cas d’usage, déjà scénarisé, concerne l’utilisation d’un extincteur et fait intervenir plusieurs personnes pour insuffler un esprit de collaboration. Par ailleurs, nous portons quatre grandes orientations pluriannuelles. La première concerne l’accélération de la transformation digitale du groupe. Dans ce cadre, nous prévoyons de former 100 % des postiers au numérique, à l’IA et à la data d’ici à la fin de l’année 2025. Le deuxième axe concerne le renforcement de la culture managériale. Une autre orientation porte sur le développement de la culture client en vue d’acculturer l’ensemble de nos équipes aux besoins de nos clients et à l’interaction. Enfin, le dernier axe s’intéresse à la RSE, en particulier la préservation de la biodiversité. D’ici à 2025, nous souhaitons former 50 000 postiers à La fresque du climat.

En formant vos salariés au numérique, voulez-vous créer des passerelles entre le métier de facteur, amené à se transformer, et d’autres métiers au sein du groupe ?

Nous sommes plutôt dans une optique d’acculturation car la fracture numérique concerne aussi les postiers. Toutefois, au sein de nos parcours de reconversion, certains dispositifs permettent d’aller vers des métiers en lien avec le numérique. Il y a quelques années, nous avons ainsi lancé une formation à Simplon qui a permis à des facteurs de devenir concepteurs-développeurs. Plus récemment, à l’été 2022, nous avons annoncé la création de notre école de la data et de l’IA qui permet une reconversion vers ces métiers pour des personnes qui présentent déjà une appétence pour ces sujets. Cependant, il ne s’agit pas d’une transformation de fond : tous nos facteurs ne s’orienteront pas vers ces métiers. En effet, nous avons aussi des parcours de reconversion, ouverts à tous, pour accéder à des fonctions de management ou d’achat.

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