Learning Technologies : l’apport des sciences cognitives pour la formation 

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Les sciences cognitives sont un outil puissant d’amélioration des formations. Elles contribuent à passer d’une logique de contenu de formation conçue de manière interne par le formateur à une logique se fondant sur les besoins de l’apprenant. Un changement de paradigme qui a, cette semaine, été au cœur d’une conférence donnée dans le cadre du salon Learning Technologies.

Le monde de la formation a besoin d’un « renversement » pour gagner en efficacité. Ce renversement, les sciences cognitives peuvent y contribuer. En puisant dans les données de la recherche, l’ingénierie pédagogique serait capable de générer des apprentissages plus engageants et durables, d’après Son Ly, chercheur en sciences cognitives et co-fondateur de Didask, une solution de e-learning qui intègre une assistance pédagogique fondée sur les sciences cognitives. « Il ne suffit pas de délivrer son contenu pour que les apprenants parviennent à l’intégrer. Si on cherche à produire un impact, il faut réfléchir en sens inverse et se mettre à la place de l’apprenant », explique-t-il au cours d’une conférence. Par conséquent, il s’agit de s’intéresser aux mécanismes profonds de l’apprentissage lorsqu’on transmet des contenus de formation. « Ce que les entreprises ignorent des sciences cognitives, c’est qu’elles ne sont pas que de la théorie : elles délivrent des messages opérationnels concrets sur les modalités pédagogiques optimales en fonction du sujet à traiter et du profil des apprenants. »

Reconfigurer ses « schémas mentaux »

Traiter une notion qui n’est pas neuve ou qui peut entrer en conflit avec des représentations préexistantes nécessite des modalités de formation spécifiques. Par exemple, si la thématique à traiter est la formation des managers, il faut prendre en compte le fait que tous les apprenants ont une représentation de ce qu’est un bon manager. « Il est alors peu efficace de commencer d’emblée par délivrer des informations puisqu’elles entrent en conflit avec des modèles mentaux. Le cerveau va donc soit les éliminer, soit mal les encoder parce qu’il cherche toujours de la cohérence. » Il est ainsi plus efficace de commencer par une prise de conscience des apprenants de leurs propres modèles mentaux. En e-learning, il est possible de le faire via des mises en situation dans lesquelles l’apprenant est confronté à une « situation typique » et où il doit imaginer ce qu’il ferait. « C’est important que ce soit lui qui l’exprime et ce n’est qu’ensuite qu’il réalisera, grâce à des feedbacks, quelles seraient les conséquences possibles de ses choix », illustre Son Ly. Ce n’est qu’après cette étape que l’apprenant serait capable d’accueillir de nouvelles théories et de « reconfigurer » ses schémas mentaux.

Améliorer la mémorisation

Autre exemple : lorsqu’il s’agit de mémoriser une grande quantité d’informations (par exemple, les caractéristiques d’un nouveau produit que les commerciaux doivent connaître dans le détail), le cerveau a besoin de traces mentales, des chemins d’accès qu’il empruntera le jour du RDV client pour retrouver l’information rapidement. « La recherche montre qu’il faut d’abord présenter l’information, puis laisser passer du temps et, enfin, demander à l’apprenant de faire un « effort de récupération en mémoire » », illustre-t-il. En e-learning, les flashcards sont un outil de référence que les apprenants peuvent utiliser pour s’exercer à la mémorisation.

De la même manière, lorsque le contenu de la formation est fait de concepts complexes qu’il faut être capable d’appliquer en situation, le cerveau a tendance à entrer dans un phénomène « d’illusion de maîtrise » : « Plus on lui explique des éléments théoriques de manière descendante, plus se crée un gap entre la métacognition de l’apprenant et la réalité ce qui lui est expliqué. » Une manière de briser en permanence cette illusion est de proposer des exercices d’application. Le droit à l’erreur permettra à l’apprenant de réajuster sa représentation par des feedbacks. Si les concepts sont encore plus complexes (résolution d’études de cas stratégiques), l’objectif est d’éviter la surcharge cognitive en proposant des exercices déjà résolus ou que l’on résout devant l’apprenant afin que celui-ci suive, pas à pas, le raisonnement à mobiliser.

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