L’EDHEC Business School n’a pas attendu la crise du Covid-19 pour digitaliser ses contenus. Résultat : grâce à un éventail d’outils numériques déjà implantés au sein de ses cinq campus, l’école a pu rapidement réagir au passage forcé au distanciel. Pour la rentrée prochaine, elle prévoit de continuer sur cette lancée et d’investir dans des systèmes de streaming. Le témoignage d’Anne Zuccarelli, Educational Experience & Operations.
Comment l’EDHEC a-t-elle affronté le basculement des enseignements à distance ?
Il y a six ans, l’EDHEC a fait le choix de transférer l’ensemble de son LMS dans le Cloud. Nos professeurs sont donc déjà rompus à l’usage de quizz en ligne et d’outils qui sont destinés à tracer l’activité en ligne des étudiants afin que des suivis individualisés puissent être réalisés. Lors du passage à l’enseignement à distance, nous avons pris 10 jours de « pause » afin de laisser le temps aux enseignants et aux étudiants de bien s’adapter à la digitalisation totale de l’enseignement. Le laboratoire d’innovation pédagogique a mis en place des sessions de formation pour les professeurs, en particulier ceux qui ont exprimé le besoin d’être accompagnés pour animer leurs classes virtuelles avec les plateformes Blackboard ou Zoom. La formation prévoyait également un volet pédagogique qui leur a permis d’adapter leurs méthodes d’enseignement au distanciel, qui exige une scénarisation plus pointue et un séquençage des cours favorisant l’engagement des étudiants. Pour ce qui concerne les évaluations à distance, les examens ont été réalisés sur la base de la confiance : des travaux écrits devaient être régulièrement rendus sans recours aux techniques du proctoring.
Quelle empreinte la crise va-t-elle laisser pour la suite ?
La crise du Covid-19 a accéléré la digitalisation des enseignements et des services qui ont généralisé les usages du numérique. Le corps professoral est aujourd’hui à l’aise avec les outils technologiques. Les étudiants les ont appréciés en raison de l’autonomie qu’ils procurent. Cette expérience aura également renforcé l’esprit collaboratif au sein de l’école : l’évolution rapide des directives du ministère nous ont poussés à créer des instances de décision dédiées pour permettre aux enseignants d’y réagir avec agilité. La personnalisation des apprentissages, facilitée par les outils numériques, sera sans doute maintenue et développée. La crise a toutefois remis en lumière le rôle essentiel de l’expérience étudiante vécue au sein des campus. Le parcours des étudiants de l’EDHEC est très axé sur la vie associative, la collaboration et les travaux de groupe en présentiel. Dans le cadre des parcours que nous désirons offrir, le « tout digital » n’est donc pas la panacée.
Comment envisagez-vous la rentrée prochaine ?
L’enjeu qui se profile pour la rentrée consiste à ne plus dissocier présentiel et digital. Les enseignants ne pourront plus, désormais, se passer des supports technologiques qui viennent en appui de leurs pratiques pédagogiques. Grâce aux systèmes technologiques mis en place, nous comptons déployer une nouvelle approche, à la fois hybride et intégrée, des modes d’apprentissage. Nous comptons par exemple investir 3 millions d’euros pour équiper nos salles de classe d’un système de streaming permettant aux étudiants absents d’assister quand même, en live ou en différé, aux cours délivrés en présentiel. À terme, les étudiants pourront avoir le choix entre des formats de formation hybrides, en présentiel ou à distance. Nous gardons toutefois en ligne de mire la salle de classe comme le meilleur lieu de transmission du savoir, en visant un équilibre 20 % – 80 % en faveur du présentiel. Afin que nos campus soient décloisonnés, nous pouvons imaginer qu’un cours proposé en salle de classe dans l’un d’eux puisse être visionné en direct par des étudiants se trouvant dans un autre. Tout cela permettra à nos étudiants qui évoluent dans des campus différents de s’intéresser à des cours et des concepts qui, d’ordinaire, ne figurent pas dans leur plan de formation.
Et au niveau des parcours de formation ?
Les contenus des dispositifs de formation progressaient déjà régulièrement en fonction de la tendance des marchés. Bien que nous ne prévoyions pas de changements notables, les contenus pédagogiques pourront davantage être aiguillés vers le digital et la technologie au service des entreprises. Pour ce qui concerne le lien entre les étudiants et le monde des affaires, le distanciel a exigé une organisation différente des événements dédiés au recrutement que l’EDHEC organise au sein de ses campus. Lorsque ces rencontres ont basculé en ligne, les étudiants ont pu avoir accès aux témoignages de grands dirigeants qui, d’ordinaire, n’ont pas le temps de se déplacer. Nous comptons donc pérenniser ce mode d’organisation car il donne l’opportunité aux étudiants de ne plus seulement s’adresser aux campus managers mais également à de grands patrons dont les éclairages, sur des sujets comme la culture d’entreprise, sont toujours précieux.
