Accessibilité, usages pédagogiques des technologies, inclusion de tous les élèves, pérennité des matériels et sobriété numérique… Le monde de l’éducation est confronté à plusieurs enjeux en cette rentrée. Quels sont les sujets qui méritent le plus de réflexion, d’attention et de changements de pratiques ? Réponses.
1- Au-delà de la technologie, les usages
Ce n’est pas nouveau : l’un des principaux enjeux soulevés par les acteurs du secteur est le fait que la technologie dans l’éducation doive se soumettre à l’usage pédagogique qui en est fait. Selon Yannig Raffenel, co-président de l’association EdTech France, la technologie, qui n’a jamais suffi à transformer les usages et les approches pédagogiques, n’est pas au centre des préoccupations de ceux qui portent les grandes transformations de l’écosystème EdTech, à savoir tous les acteurs de l’éducation et de l’enseignement supérieur. « Il est fondamental de rappeler que c’est parce qu’il y a de grandes évolutions autour des usages de la technologie qu’on arrive à avancer », souligne-t-il.
2- Social learning
Les politiques d’enseignement doivent sortir du modèle, encore dominant, de l’apprentissage « descendant ». « L’accent doit être mis sur le social learning. Les apprenants doivent être des acteurs actifs car ils ont énormément de choses à apprendre aux autres », indique-t-il. L’un des enjeux de cette rentrée est de mieux organiser le transfert de connaissances entre les acteurs en leur permettant de produire des contenus par eux-mêmes. Il s’agit donc de développer davantage la pratique de la classe inversée et le recours à des outils dédiés. C’est ce qui a été mis en pratique dans le département du Val-d’Oise, qui développe des robots éducatifs. Pour Guillaume Pereira, Senior Education Sales Manager chez Jamf France, « l’apprentissage de la programmation et la robotique ont permis aux élèves de développer un esprit de collaboration dans le cadre de travaux collectifs et ludiques. Dans le même temps, ils ont pu cultiver un intérêt fort pour les métiers scientifiques ».
3- La pédagogie de projet
Lorsque les apprenants travaillent dans une posture active à la réalisation d’un projet concret, ils parviennent à générer par eux-mêmes différents apprentissages. En plus des contenus académiques qu’ils s’approprient, ils partent eux-mêmes à la recherche des connaissances à mobiliser et parviennent ainsi à penser des réalisations à mettre en œuvre. « L’enjeu est de sortir l’apprenant de la posture de récepteur pour le faire entrer dans celle de constructeur de sa formation », pointe Yannig Raffenel. Des entreprises comme Oktonine, qui travaille dans le monde de l’enseignement supérieur, éditent ainsi des plateformes qui outillent ces formes d’apprentissage en permettant, par exemple, à un groupe d’apprenants de collaborer autour d’une étude de cas.
4- Pédagogie différenciée
L’un des défis pour les enseignants de l’école élémentaire est de proposer davantage d’ateliers et de se servir de technologies permettant aux élèves de développer un esprit de solidarité et d’autonomie. « Ces outils comme ProfessorBob permettent aux enseignants de dégager du temps au service des élèves en difficulté », indique-t-il. C’est d’autant plus important que 20 % de la population est composée de personnes neuro-atypiques : « De plus en plus d’outils permettant d’intégrer ces publics existent. Aujourd’hui, leur recours doit non seulement se généraliser mais aussi devenir obligatoire dans le système éducatif », estime-t-il. Mais « si les applications doivent accompagner et autonomiser les élèves tout au long de leur scolarité ainsi qu’en dehors de l’école, les outils contenants, comme les iPad, doivent intégrer des applications natives avec des fonctions d’accessibilité pour tous les élèves », souligne pour sa part Guillaume Pereira.
5- Des matériels pérennes
Autres enjeux du côté des concepteurs de matériels et d’outils : la sécurité et la longévité. Pour Guillaume Pereira, « la durée de vie des appareils est un enjeu important. Nous travaillons justement à garantir que les appareils puissent être mis à jour, fonctionner tout au long des projets des établissements et contenir des contenus pédagogiques utiles ». D’autre part, il s’agit de concevoir des appareils permettant de filtrer les contenus pour garantir la sécurité des usages aux élèves et à leurs parents. Les appareils doivent ainsi « offrir aux élèves une expérience en ligne sécurisée, en les empêchant notamment d’accéder à des contenus dangereux », conclut-il.
