Les résolutions des enseignants pour la rentrée

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18 mois après l’apparition de la crise du Covid-19, quelles leçons les enseignants ont-ils tiré du passage obligé à la digitalisation de l’enseignement ? S’ils sont nombreux à reconnaître les atouts du numérique, le retour à l’enseignement présentiel est pour eux un grand soulagement. Florilège des résolutions qu’ils ont adoptées pour cette rentrée.

Introduire le numérique progressivement

Selon Laurence Paquette, enseignante en CP à l’école privée Saint-Eloi dans le 12e arrondissement de Paris, l’introduction du numérique (tablettes, plateformes de lecture et de calcul mental…) en classe ne peut se faire que de manière progressive, au fil des mois. « À la rentrée, les élèves ont besoin de se découvrir, d’être accompagnés par un adulte et de développer un esprit de groupe étroitement lié aux activités traditionnelles d’enseignement », indique-t-elle. En milieu d’année, elle compte profiter des opportunités qu’offrent les classes mobiles installées dans son école. Celles-ci prévoient l’intégration d’outils numériques et de mobiliers (par exemple, des poufs agencés autour de bibliothèques) favorisant les activités en sous-groupes.

Impulser l’autonomie en classe

C’est la résolution de Catherine Legrand, enseignante en CE2 et CM1 à l’école du Colonel Moll dans le 17e arrondissement de Paris. Elle voudrait, pour cela, étendre l’usage des ordinateurs et le recours à des activités ludo-pédagogiques en classe en demandant à la direction à ce que sa classe soit placée à côté de la salle informatique. « L’usage du PC et des tablettes a pour but de rendre les élèves autonomes. Puisqu’ils arrivent avec des niveaux différents en matière de numérique, ils doivent être accompagnés au début, puis autonomisés. Mon objectif est de développer, au fil de l’année, la différenciation pédagogique. Cela me permettra de mieux adapter le programme afin que tous les élèves progressent selon leur rythme », souligne-t-elle.

Offrir des contenus attrayants

Sophie Guichard, professeur agrégée de mathématiques au lycée Édouard-Branly de Lyon, met depuis plusieurs années à disposition, sur son site Internet, des ressources accessibles via smartphone, PC ou tablette. Formée à la pensée visuelle, elle souhaite cette année, avec l’aide d’une graphiste, offrir à ses élèves du contenu numérique visuellement plus ergonomique afin de les impliquer davantage, notamment pour ce qui concerne la rédaction et l’annotation des cours et des exercices. « Mon envie est également de développer l’utilisation des flashcards*, en papier et en ligne, dans le cadre d’activités ludo-pédagogiques en présentiel ou à distance car elles favorisent la mémorisation et l’apprentissage à long terme », ajoute-t-elle.

Profiter des temps de présence

Dans le cadre de l’enseignement hybridé, les temps de présence plus réduits doivent être mis à profit pour des types d’activités pédagogiques qui « nous sortent des cours magistraux et des formes de divulgation en masse », indique Guillaume Faburel, professeur à l’Institut d’Urbanisme de Lyon – Université Lumière Lyon 2. En l’occurrence : « des travaux de projets, des ateliers ou encore des séminaires en petits groupes ». Il estime que le présentiel doit donc être consacré à des moments plus constructifs collectivement. Mais également qu’il doit rester largement majoritaire dans les temps d’enseignement. Il envisage ainsi l’hybridation comme une opportunité de s’ouvrir à d’autres modalités d’expériences et de production de connaissances, à d’autres supports, mais sans tout remiser et dans des proportions mesurées. « Sous garantie d’équilibre (25 % à distance, 75% en présentiel), le numérique peut être un complément, mais en aucun cas un substitut. ».

Être dans une posture d’accompagnateur

Olivier Wong, enseignant en productique à l’Université de Rennes 1, souhaite approfondir le recours à la classe inversée. Il veut ainsi substituer l’accompagnement et l’aiguillage vers les bonnes connaissances, pour faire barrage aux fake news, à la transmission verticale des savoirs. « Le professeur doit avoir une valeur ajoutée plus forte en offrant des moments d’expertise et de réponses aux questions. Il doit sortir les étudiants de la posture passive de « receveurs ». À condition que l’on intègre toutes les activités dans les temps de travail pour ne pas surcharger les étudiants », indique-t-il.

*Les flashcards sont des cartes mémoire constituées de fiches comportant une question et la réponse au dos.

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