Parmi son personnel de 11 000 personnes, le CHU Grenoble-Alpes compte au moins 300 personnes en situation de handicap. Le défi de l’accessibilité des formations en ligne est donc de taille pour cet établissement. Retour d’expérience partagé à l’occasion du salon Learning Technologies France.
Les plateformes de formation doivent aujourd’hui améliorer l’accessibilité des contenus numériques pour permettre à tous les publics de se former. L’enjeu est de taille : en France, plus de 3 millions des 15-60 ans ont un handicap. « Pourtant, seuls 5 % des contenus numériques du web sont accessibles à ces personnes. Dans la sphère de la formation professionnelle, c’est le premier motif de discrimination », a rappelé, à l’occasion d’une conférence tenue dans le cadre de Learning Technologies France, Brice Gaillard, co-fondateur d’Apolearn, une EdTech qui édite une plateforme LMS. Or, c’est pour l’ensemble des institutions que s’impose l’exigence d’accessibilité. Il s’agit en effet d’une contrainte juridique pour les organismes publics et, depuis 2019, pour les entreprises privées dont le chiffre d’affaires excède 250 millions d’euros. « Cette contrainte s’étendra à davantage d’entreprises privées cette année avec l’entrée en vigueur, en juin 2025, du référentiel RGAA », ajoute-t-il.
Le CHU de Grenoble-Alpes opte pour Apolearn
Pour relever le défi de l’accessibilité de la formation en ligne, le CHU de Grenoble-Alpes s’est tourné vers la plateforme LMS Apolearn. « Si l’outil a été pensé pour les ingénieurs pédagogiques, il ne nécessite pas de compétences techniques pour concevoir des formations. Dans notre CHU, nos formateurs internes sont des infirmiers, des administratifs, des médecins… Surtout, l’outil a été pensé pour venir en aide aux personnes en situation d’handicap », indique Vanina Vivien, responsable de la formation continue au CHU. L’EdTech a en effet permis au CHU, qui dénombre plus de 300 personnes en situation de handicap sur ses 11 000 employés, d’adapter à tous les publics des modules de formation existants grâce à des outils d’intelligence artificielle intégrés. Au sein de la plateforme, il existe par exemple un outil d’accessibilité qui permet de changer la taille des typographies, d’intégrer une police adaptée aux personnes dyslexiques ou encore de changer la couleur de l’interface.
Des transcriptions audios de contenus de formation
Autre cas d’usage : à partir d’une vidéo de formation intégrant un PowerPoint et une voix-off explicative, le CHU a pu automatiquement générer des sous-titres. La solution d’Apolearn permet également d’ajouter des contenus comme des quizz à la vidéo. Celle-ci se met alors en pause, le temps que l’apprenant y réponde. « Nous avons pu extraire des points clés, ajouter des exercices… Surtout, l’outil a généré une vidéo interactive contenant des quizz. Les questions qui apparaissent dans la vidéo permettent aux agents de s’auto-évaluer à leur rythme au cours de la séquence », illustre-t-elle. Enfin, les formateurs peuvent intégrer des schémas comme des cartes mentales dotées de transcriptions audio et mettre à disposition des résumés. Des possibilités qui illustrent la manière dont on peut utiliser l’IA au service d’une cause, plutôt qu’à des fins de massification de contenus, estime-t-elle.
Le handicap : un tabou persistant
Les plateformes de formation rendant l’apprentissage plus inclusif sont appelées à se développer ces prochains mois. Car au CHU de Grenoble comme ailleurs, le nombre de personnes qui se déclarent en situation de handicap est inférieur à la réalité en raison d’un tabou persistant, de la peur d’être stigmatisé ou infantilisé. Une dynamique qui pourrait néanmoins être renversée en anticipant les besoins. « En 2024, nous avons recruté un référent handicap et nous essayons d’encourager les déclarations pour être au plus proche des besoins des apprenants. Notre objectif est de rendre l’e-learning accessible à tous et de promouvoir un environnement inclusif pour que chaque agent se forme en toute confiance », souligne Vanina Vivien. Cette mission est d’autant plus importante que les personnes en situation de handicap renoncent bien souvent à se former : « Par exemple, si une formation se déroule au 3e étage, une personne asthmatique va renoncer à y aller sans l’exprimer. »