L’opinion des Français est mitigée à l’égard du système scolaire

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À la faveur de la crise du Covid-19, les Français sont largement majoritaires à réclamer une évolution du système éducatif. Que ce soit du point de vue des contenus pédagogiques ou de la manière dont ils sont enseignés, ils sont nombreux à attendre plus d’interactivité et de collaboration, d’après une enquête réalisée par Ipsos pour Groupe Bizness.

Menée auprès de 1000 personnes début septembre, une enquête réalisée par Ipsos révèle à quel point l’opinion des Français est mitigée à l’égard de leur système éducatif. Ils sont ainsi très partagés sur son efficacité puisqu’une courte majorité de 54 % trouve qu’il fonctionne « plutôt mal » (42 %) ou « très mal » (12 %). Si le système d’enseignement français est avant tout associé à « l’acquisition de compétences » (pour 55 % des répondants), il l’est également à « l’obligation et la contrainte » (42 %) et à un « aspect rébarbatif » (39 %).

Les outils pédagogiques utilisés par les enseignants et les élèves sont jugés « inadaptés » par 44 % des répondants. Le contenu des enseignements est, pour sa part, considéré comme « adapté » par 54 % des Français, surtout par les jeunes récemment sortis d’école. « Cela s’explique par leurs souvenirs récents de la façon dont les matières sont enseignées aujourd’hui. Ils sont plus au courant et satisfaits des petites évolutions des dernières années », souligne Fédérico Vacas, directeur adjoint du département Politique et Opinion chez Ipsos.

De fortes attentes en matière de numérique

Selon l’enquête, plus de 8 Français sur 10 souhaitent que le débat sur l’éducation « nouvelle génération » trouve une place « essentielle ou importante » lors de l’élection présidentielle 2022. « Si les Français sont très partagés sur la question de l’efficacité du système scolaire, ils sont nombreux à percevoir des marges de progression très importantes », précise Fédérico Vacas. L’avenir du système scolaire divise les Français : une moitié souhaite que l’on reste sur un schéma généraliste tandis qu’une autre moitié voudrait un parcours plus personnalisé.

La plupart des Français souhaitent en tout cas que l’éducation inclue davantage le numérique et qu’elle soit mieux ancrée dans le monde professionnel. 89 % estiment ainsi que former les enseignants aux outils numériques est « essentiel ou important ». L’éducation des élèves au numérique (favoriser une éducation « phygitale » pour allier le meilleur de l’homme et du digital) est considérée comme « essentielle ou importante » par 79 % des personnes interrogées. Et près de trois quarts (73 %) estime qu’il serait utile de reconnaître les connaissances numériques à travers des certifications.

L’école doit endosser de nouveaux rôles

Autre donnée révélatrice de l’enquête : l’école ne doit pas seulement avoir un rôle de transmetteur de savoirs. 92 % des Français estiment qu’elle doit également développer l’autonomie des élèves, 90 % qu’elle doit préparer au monde du travail et à l’insertion professionnelle et 75 % qu’elle doit réduire la fracture numérique. « On voit donc qu’actuellement, l’école n’est pas en train de répondre à toutes les attentes des Français. 89 % d’entre eux estiment d’ailleurs que l’école doit former les citoyens de demain. Ils ne veulent donc pas se contenter d’un système scolaire qui fournit un apprentissage strictement théorique. Pour eux, l’école doit aussi développer un certain nombre de soft skills comme l’autonomie ou encore le travail en groupe », poursuit Fédérico Vacas.

Plusieurs mesures pourraient être mises en place. Selon l’enquête, 89 % des Français sont ainsi favorables à la création d’espaces numériques scolaires pour chaque classe, 81 % estiment qu’il faut demander aux élèves d’être eux-mêmes formateurs le temps de quelques séances et 77 % souhaitent davantage d’interactivité dans tous les cours afin de mettre fin au principe du cours magistral. En revanche, seule une minorité est favorable au remplacement des livres par des contenus numériques et 82 % sont opposés à l’écriture sur ordinateur seulement. « Parce qu’elle a prouvé que le changement était possible à mettre en œuvre rapidement, la crise du Covid-19 a renforcé le désir d’évolution. Les élèves attendent désormais plus d’implication et plus de numérique puisqu’ils ont déjà commencé à explorer ces nouvelles modalités d’enseignement. Toutefois, les Français ne sont pas dans le tout numérique. Ils ne le voient que comme un moyen de compléter et d’enrichir la formation », conclut-il.

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