#Ludovia : à quand un numérique plus « responsable » ?

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Quel est l’impact social et environnemental du numérique ? Comment les établissements scolaires peuvent-ils contribuer à un usage plus raisonné du numérique ? C’est le thème qui a été abordé lors de la conférence inaugurale de l’Université d’été Ludovia.

Impact environnemental, accessibilité, sensibilisation des élèves, implication des établissements… La question de savoir comment adopter des usages plus responsables du numérique en milieu scolaire est, cette année, au cœur de l’Université d’été Ludovia. L’enjeu est important car la consommation énergétique que nécessite la production de matériels informatiques est titanesque. Comme l’a expliqué Vincent Courboulay, maître de conférences HDR à La Rochelle Université et directeur scientifique et co-fondateur à l’Institut du Numérique Responsable, « un ordinateur pesant environ 2 kg nécessite, pour sa production, 200 kg d’énergie fossile et 600 kg de minéraux ».

Vers le « green IT » ?

Un impact environnemental qui induit deux injonctions contradictoires. Une compatibilité entre la notion de développement durable et celle de transition numérique est-elle possible ? « On peut l’espérer », estime-t-il. Selon lui, la notion de numérique responsable doit aujourd’hui aller plus loin dans ses objectifs afin que le concept de sobriété numérique fasse sens dans les consciences. Pour cela, il faut d’abord que le numérique responsable permette d’améliorer l’empreinte économique, sociale et environnementale du numérique, c’est le « green IT ». Ensuite, il s’agit d’utiliser le numérique lui-même pour réduire les impacts (énergétiques, sociaux…) via d’autres procédés comme l’accessibilité ou encore l’éco-conception de services numériques, de logiciels et de services consommant moins d’énergie. « Le numérique peut ainsi constituer un levier de conscience, d’innovation, de progrès et de réduction de l’empreinte sociale et il est possible de l’exploiter pour assurer la résilience des organisations, privées comme publiques. » L’innovation et le progrès ne doivent donc plus être vus sous le seul prisme du progrès technique mais également du point de vue du progrès social. Ces piliers sont d’ailleurs à la base de la charte numérique responsable de l’Institut numérique responsable (INR). Des chartes comme celle-ci « peuvent permettre d’engager les établissements scolaires qui désirent adopter des solutions respectueuses de l’environnement ».

Quelles actions concrètes pour les établissements ?

Pour aller plus loin dans l’adoption de bonnes pratiques au sein des établissements, des trajectoires en 5 étapes (comprendre, mesurer, décider, éviter et réduire) peuvent être adoptées moyennant des outils simples. C’est l’objet d’une initiative qui a été prise en 2021 par la DRANE de l’académie de Lyon. Celle-ci a entrepris d’établir un mix entre le label E3D (École/Établissement en démarche de développement durable) et des éléments du label INR dans le cadre d’une expérimentation auprès d’établissements désirant faire évoluer les pratiques numériques de leur communauté éducative. « Avec des partenaires, nous avons défini des piliers comme la gouvernance, les usages, la formation… Puis, nous avons cherché des établissements expérimentateurs qui travaillaient déjà sur les ODD (objectifs de développement durable) tout en préparant leurs élèves à la certification Pix », explique Perrine Douhéret, chargée de projet DRANE à l’académie de Lyon.

La consommation de datas passée au crible

Au collège Nicolas Conté par exemple, des actions de sensibilisation ont ainsi été menées sur des sujets comme le cycle de vie des appareils, la consommation d’énergie ou encore la généralisation de l’accessibilité des ressources (logiciels libres, adaptation handicap des ressources éducatives…). L’établissement a également déployé un service permettant de visualiser la consommation de datas des élèves connectés à Internet. « Ces challenges lancés aux élèves leur ont permis de réaliser un bilan avec leurs enseignants en vue de diminuer leurs consommations de datas », explique-t-elle. Le dernier axe concernait les équipements, « qui ne dépendent pas pleinement des établissements mais des collectivités », nuance-t-elle. Mais « les établissements expérimentateurs ont quand même conservé des pratiques exigeantes comme le reconditionnement des matériels ou l’utilisation de systèmes d’exploitation comme Linux, qui permet d’allonger la durée de vie des ordinateurs. » Cette expérimentation a également été l’occasion de mettre à disposition des enseignants des dossiers scientifiques et ainsi de former, plus largement, l’ensemble de la communauté de l’établissement. Résultat : un établissement comme le collège Nicolas Conté a été labellisé et son engagement reconnu. « L’objectif, dès cette année, est de poursuivre ces actions auprès de dizaines d’autres établissements afin qu’ils s’engagent dans une démarche de numérique responsable et ainsi faire évoluer les pratiques de leur communauté éducative », conclut-elle.

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