Ludovia – Le numérique peut-il être vecteur de bien-être ?

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Les usages numériques peuvent-ils contribuer au bien-être des enseignants et de leurs élèves ? S’il n’existe pas de réponse tranchée à cette question, qui suscite de plus en plus de débats avec les parents d’élèves, les technologies éducatives peuvent se mettre au service de l’inclusion, améliorer l’estime de soi des élèves et faire émerger de nouvelles manières d’enseigner. Éclairages d’experts.

Quelles sont les conditions pour que le numérique soit facteur de bien-être pour les enseignants et leurs élèves ? Ces questions, que se posent à la fois les enseignants et les parents d’élèves, ont été au centre d’une table ronde tenue dans le cadre de l’Université d’été Ludovia. Pour ce qui concerne les pratiques de classe, la réponse est simple : c’est lorsque les enseignants ont acquis une parfaite maîtrise des outils numériques et qu’ils les orientent vers des usages interactifs, créatifs et pertinents qu’ils parviennent à engager leurs élèves. Ce mécanisme génère à la fois une satisfaction professionnelle chez les enseignants et du bien-être dans l’ensemble de la classe. « L’important est que les enseignants soient maîtres de leurs pratiques pédagogiques afin qu’ils ne se retrouvent pas dans l’échec, peu importe l’outil pédagogique qu’ils mobilisent », a ainsi expliqué Vanessa Lalo, psychologue spécialisée dans les pratiques numériques.

L’enthousiasme « contagieux » des élèves

Une meilleure appropriation des connaissances par les élèves génère nécessairement un fort sentiment de bien-être chez les enseignants. Or, sans être la panacée, le numérique peut renforcer les apprentissages lorsqu’il permet l’immersion des élèves dans des situations où des notions scientifiques abstraites prennent un aspect intelligible. C’est ce qu’a expérimenté Louisiana Ruppert, enseignante de SVT. « Dans le cadre d’une activité pédagogique que j’ai menée en classe pour montrer aux élèves, de façon visuelle, le lien entre le phénomène de l’élévation du niveau de la mer et le réchauffement climatique, j’ai mobilisé des outils numériques comme Google Earth. Cela a suscité des échanges et un fort engouement de leur part. Comme l’enthousiasme des élèves est « contagieux », les retours positifs que j’ai récoltés m’ont motivée à poursuivre dans cette voie, à prendre le temps de tester de nouveaux outils, des escape games… » Pour elle, insuffler de l’interaction en cours a aussi une influence sur les pratiques des élèves, en les encourageant notamment à travailler en équipe. « Il faut toutefois veiller à choisir les outils les plus pertinents, les utiliser à bon escient et ne surtout pas noyer les élèves dans une pléthore d’outils », pointe-t-elle.

Le numérique au service des compétences psychosociales

Classes hétérogènes, profils cognitifs disparates… Le numérique permet de proposer différentes modalités d’apprentissage afin que chacun puisse progresser à son rythme. « C’est ce qu’il faut répéter aux enseignants : ce sont eux qui restent le principal transmetteur de savoirs. Le numérique n’est qu’un accessoire qui se met au service de la pédagogie et de la différenciation », souligne Vanessa Lalo. Les plus réticents doivent donc garder à l’esprit que le numérique ne saurait être un frein à leur bien-être. Par ailleurs, la prise en charge de concepts comme les compétences psychosociales par l’éducation nationale, qui connaît une accélération, est également source de bien-être. « Les notions de mise en collaboration des élèves, de cooptation, ont un impact fort sur le bien-être de l’élève », affirme Pierre Schmitt, directeur technique et innovation de la librairie LDE. Mais qu’apporte le numérique dans ce cadre ? Selon Vanessa Lalo, « le numérique permet, sans les créer, de mobiliser les compétences de créativité, de résolution de problèmes, de gestion du stress. Les élèves prennent alors conscience de leurs compétences, se mettent en équipe, créent de nouvelles dynamiques… » Le numérique est ainsi un levier d’amélioration du climat de classe et de lutte contre le décrochage. Mais à condition de réduire la fracture numérique, les élèves n’ayant pas tous les mêmes habiletés d’usage. « Il existe un risque de mise en échec des élèves. C’est la raison pour laquelle l’école doit utiliser le numérique de façon raisonnée, proposer un cadre d’usage et des équipements communs pour permettre à tous les élèves de détenir les mêmes savoirs », ajoute-t-elle.

Distinguer les usages constructifs

La cyberdépendance suscite la crainte des parents d’élèves et, parfois, des confusions entre les usages pédagogiques et récréatifs du numérique. « Il est important de faire la distinction entre le numérique qui « abêtit » et celui qui permet la réalisation d’activités éducatives, l’accès à des contenus de vulgarisation scientifique. Par ailleurs, puisqu’il favorise l’inclusion, le numérique est un atout pour la santé mentale des élèves en situation de handicap », souligne Vanessa Lalo. Des promesses qui nécessitent toutefois que l’école puisse construire un environnement numérique sain et de confiance : « Cela nécessite une collaboration renforcée entre les enseignants, les élèves et leurs parents en vue d’une meilleure éducation à la citoyenneté numérique », conclut Louisiana Ruppert.

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