#Ludovia : Sobriété numérique : quelles responsabilités pour l’École ?

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Comment résoudre les « tensions » qui existent entre les responsabilités de l’École vis-à-vis de ses propres politiques en matière de numérique et celles qui concernent la formation des jeunes ? Comment réguler sa consommation de matériels numériques ? Ce sont quelques-unes des questions qui ont été soulevées à l’Université d’été Ludovia dans le cadre d’une table ronde sur le thème des « responsabilités de l’école pour un numérique « sobre et éthique » ». Temps forts.

Au regard des enjeux environnementaux que font émerger les usages numériques, quelles missions pour l’école ? Existe-t-il une « tension » entre l’éducation au numérique et l’éducation avec le numérique ? La réponse est oui, mais il est possible de trouver des équilibres d’usage et de faire des choix éclairés. Pour Alexandra Wisniewski, directrice générale adjointe de Réseau Canopé, les usages numériques permettent de résoudre des problématiques complexes : « Les professeurs nous attendent sur des sujets comme la différenciation pédagogique, que le numérique peut en effet assurer. » C’est pourquoi laformation des enseignants se fait « en environnement numérique ». « Nous ne formons pas les enseignants exclusivement par le numérique ou au numérique, mais en tenant compte de l’environnement dans lequel ils se situent », pointe-t-elle.

Les EdTech très impliquées

Parce qu’elles sont 50 % à avoir vu le jour ces 5 dernières années, les entreprises EdTech sont particulièrement soucieuses des enjeux actuels de l’impact écologique, de la sobriété numérique ou encore de de l’éthique des données. Pour Anne-Charlotte Monneret, directrice générale d’EdTech France, « la prise de conscience de ces injonctions se traduit par le respect du cadre RGPD, des réflexions sur la localisation des serveurs, le choix des équipements qui permettent de déployer les solutions numériques ou encore le choix de matériaux fabriqués en France », explique-t-elle. La filière développe également des outils accessibles au plus grand nombre dans un souci de réduction des fractures territoriales et s’efforce d’assurer un traitement éthique des données. « Elle se soucie ainsi de ses impacts extra-financiers comme le lien social, le bien-être, l’empreinte écologique… »

Quelles actions concrètes pour les enseignants ?

Face à ces défis, l’importance du rôle que doivent assumer les acteurs de la sphère éducative pour répondre aux nombreuses injonctions d’un numérique plus responsable n’a jamais été aussi prégnante. « À Réseau Canopé, nous avons un pôle de développement professionnel qui, depuis quelques années, travaille sur les compétences du 21e siècle. Puisque celles-ci intègrent pleinement les enjeux environnementaux, nous essayons de former les enseignants àrésoudre des problèmes comme l’éco-anxiété des élèves, qui commence à monter. Par ailleurs, nous axerons davantage nos formations sur le champ de l’éducation au développement durable et la sobriété numérique à travers des parcours de différents formats », souligne Alexandra Wisniewski. François Jourde, coordinateur éducation numérique auprès des Écoles européennes, estime que c’est une « transition jumelle », à la fois numérique et verte, qui doit être pensée, y compris dans l’école : « Demain, les enseignants, du fait de leur expertise pédagogique, devront disposer des savoirs permettant de faire le bon choix des outils technologiques avec, comme donnée de départ, l’impératif de la sobriété. » De leur côté, les EdTech qui développent et vendent des solutions numériques prennent aussi part à l’éducation au numérique. Certaines conçoivent des « modules deformation pour les plus jeunes sur les enjeux écologiques, de cyber-sécurité… », souligneAnne-Charlotte Monneret. Le besoin d’accompagnement exprimé par les entreprises est d’ailleurs important, d’où l’utilité d’initiatives comme celle de la CNIL qui, via son dispositifBac à Sable, accompagnera 5 projets EdTech pour les aider à développer des produits vertueux en matière de protection des données. « Les entreprises ont besoin de ce type de retours d’expérience pour savoir si elles vont dans la bonne direction », ajoute-t-elle.

Rationalisation des équipements

Autre action concrète que les établissements et les collectivités peuvent mener : la rationalisation des achats d’équipements et de ressources. Pour Nicolas Micas, DSI du Conseil départemental de l’Ariège, c’est la voie que les élus de sa collectivité ont choisie : « Pour des questions éthiques et budgétaires, les équipements individuels doivent être réduits. Avec la DRANE et les établissements, nous travaillons à faire coïncider les usages avec les besoins en matériels car ces derniers doivent être utilisés au maximum de leur capacité» Un point de vue que partage Claudio Cimelli, directeur de projet au sein de laDNE : « Il faut s’éduquer à la sobriété, c’est-à-dire à la façon dont on utilise le numérique lorsqu’il est le plus efficace, mais tout en ne tombant pas dans l’austérité. L’objectif est donc de mieux équiper les établissements en vue d’éviter les redondances d’équipements. » D’autre part, afin d’éviter les gaspillages énergétiques générés par l’envoi systématique de mails contenant de lourdes pièces jointes, des dispositifs (comme un « cloud de confiance »)permettraient des usages plus sobres. Enfin, « l’évolution du label E3D et l’éco-conception de services numériques visant à contrer l’obésité des logiciels peuvent aussi constituer des réponses fortes », souligne-t-il.

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