L’Université de Pau investit dans des robots de téléprésence

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La crise du Covid-19 a permis à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) d’assurer une montée en compétences des professeurs dans les usages du numérique. L’enseignement, qui sera désormais axé sur l’hybridation, intègrera à la rentrée prochaine des outils comme des robots de téléprésence. Les explications de Sandra Lalanne, ingénieure pédagogique et multimédia et d’Olivier Duteille, responsable du pôle ARTICE  au sein de la direction numérique de l’UPPA.

Comment l’UPPA a-t-elle vécu le passage forcé au distanciel ?

Sandra Lalanne : Nous avons traversé une période d’urgence lors de laquelle la cellule de soutien a dû prendre en charge une montée en flèche des demandes d’assistance. Nous y avons réagi en produisant des tutoriels numériques afin que les enseignants puissent, en asynchrone, apprendre à être autonomes en utilisant la plateforme Moodle et des outils de visioconférence comme Renater et Microsoft Teams. À partir de juillet 2020, nous avons déployé un plan d’investissement dans des kits de captation vidéo autonome, des webcams, des tablettes graphiques ou encore des micros d’ambiance pour favoriser les enseignements bi-modaux. Les procédures d’examen ont, quant à elles, été pensées selon une approche transversale : travaux et oraux en ligne, QCM et remises de devoirs.

Olivier Duteille : En parallèle, le pôle ARTICE a travaillé avec les services juridiques sur le développement de l’infrastructure de l’université afin que ses serveurs soient en capacité de prendre en charge un grand nombre de connexions simultanées.

Quel bilan en tirez-vous ?

Sandra Lalanne : Le tout distanciel ne convient pas pour tous les parcours que nous souhaitons offrir. En revanche, l’hybridation et l’organisation interactive des classes à distance ont bien pris leur place. En fonction des objectifs de formation et des enseignants, elles devraient perdurer à la rentrée prochaine. Par ailleurs, les enseignants se sont acculturés au numérique et ont compris qu’il fallait flexibiliser leur approche. Ils expriment désormais une forte volonté de rendre la pédagogie plus active afin que les étudiants soient acteurs de leur apprentissage : des outils comme Wooclap ou H5P se sont ainsi généralisés. Nous continuerons de les accompagner sur le volet de la classe inversée et celui de la pédagogie de projet.

Olivier Duteille : La crise a favorisé la sensibilisation des enseignants au fait de ne pas reproduire le présentiel à distance. Cela nous a permis de proposer différents scénarios et d’impulser la généralisation des classes inversées et la personnalisation des parcours de formation.

Quels sont vos projets pour la rentrée prochaine ?

Sandra Lalanne : Nous prévoyons un réaménagement des espaces physiques d’apprentissage, qui seront équipés à la rentrée de systèmes de streaming permettant aux élèves absents non seulement d’assister mais également de participer aux cours à distance. L’UPPA s’est dotée d’une flotte de 10 robots de téléprésence* Beam de chez Awabot. Cette technologie permet à l’élève d’interagir avec son professeur et renforce l’impression de présence. Les échanges à distance deviennent ainsi beaucoup plus réalistes et améliorent les activités pédagogiques à distance. Ces robots sont également mis au service des personnels et des étudiants empêchés d’être présents. À la rentrée 2020, lors de la reprise partielle en présentiel, les demandes pour la mise en place de ce dispositif avaient déjà commencé à apparaître. Elles provenaient notamment d’étudiants en immunodépression due à la crise sanitaire. Afin de monter en puissance sur ces modalités d’apprentissage, nous avons répondu au projet TED-i porté par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur afin de nous doter de 5 robots Edmo supplémentaires.

Olivier Duteille : L’UPPA a également investi dans des connecteurs permettant de relier nos salles déjà équipées en matériels de visioconférence traditionnels à des solutions comme Teams. L’appropriation des équipements par les professeurs leur permettra d’enseigner facilement sous une forme co-modale. Nous avons, enfin, entamé un processus de renouvellement des équipements puisque 40 % de nos salles sont dotées de matériel obsolète.

Et au niveau des parcours de formation ?

Sandra Lalanne : Désormais, le suivi des étudiants à distance, grâce à l’utilisation des données et des traces qu’ils laissent sur les plateformes, sera généralisé. Nous sommes d’ailleurs lauréats du projet HyPE 13 qui prévoit la mutualisation des ressources entre universités françaises et l’usage de learning analytics. Porté par un consortium de 12 universités françaises, il fait partie des lauréats de l’appel à projet « Hybridation des formations de l’enseignement supérieur » dans le cadre du Programme d’investissement d’avenir (PIA) de l’Agence nationale de la recherche (ANR). Au sein de nos dispositifs de formation, l’approche par compétences fera également l’objet d’un plan de transformation dans les années à venir car elle accroît la prise d’initiative et l’autonomie des étudiants.

Olivier Duteille : L’UPPA est lauréate d’un autre projet d’établissement, l’UNITA Universitas Montium, qui est en cours de mise en œuvre pour la rentrée. Fruit d’un partenariat entre des établissements de cinq pays européens, ce campus inter-universitaire permettra à 165 000 étudiants de vivre dans un environnement multilingue, de construire des cursus flexibles à travers les universités membres et de bénéficier d’une mobilité physique et virtuelle grâce à de nouveaux espaces numériques. À travers son programme de partenariat, ce projet vise également la mise en place de doubles diplômes.

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