« L’Université Numérique aide les enseignants à hybrider leurs cours »

Pinterest LinkedIn Tumblr +

Depuis le début de la crise du Covid-19, l’Université Numérique est très mobilisée. L’une de ses missions est d’accompagner les enseignants dans l’hybridation de leurs cours. Pour cela, elle dispose de 30 000 ressources éducatives libres. Les explications d’Ollivier Haemmerlé, président de l’Université Numérique et professeur des universités à L’Université de Toulouse.

 Qu’est-ce que l’Université numérique ?

 L’Université numérique est une association qui regroupe 6 « universités numériques thématiques » (UNT), c’est-à-dire regroupant des grands champs disciplinaires. Les premières UNT ont été créées à partir de 2003 par le ministère chargé de l’Enseignement supérieur. Dans notre association, il y a l’UNIT (sciences de l’ingénieur), l’UNESS (sciences de la santé et du sport), l’UVED (environnement et développement durable), l’AUNEGE (économie gestion) et UOH (humanités) et l’IUT en ligne (technologie). Ces UNT, qui ont un budget moyen de 120 000 euros par an, ne sont pas des établissements classiques : ils ne dispensent aucun diplôme. Celle dont je m’occupe – l’UOH – regroupe par exemple une trentaine d’universités françaises et canadiennes. Leur rôle, en tant que groupement d’établissements, est de produire et de diffuser des ressources éducatives numériques libres.

À qui ces ressources pédagogiques s’adressent-elles ?

Ces ressources, qui sont validées au sein de chaque UNT par un conseil scientifique composé d’enseignants chercheurs, s’adressent aux étudiants qui cherchent à avoir un complément pédagogique à leurs enseignements et aux enseignants qui sont souvent livrés à eux-mêmes lorsque les cours se déroulent à distance. Depuis le début de la crise du Covid-19, nous créons par exemple des contenus agencés en parcours types qui correspondent à ceux proposés par les universités. L’un de nos objectifs, c’est d’aider les professeurs à hybrider leurs enseignements avec des ressources qui sont diffusées via notre plateforme FUN-Ressources, que nous avons lancée au printemps 2020. Ces contenus pédagogiques prennent différentes formes : vidéos, tutoriels, web documents, MOOC… Nous avons par exemple organisé un webinaire sur la classe inversée, qui a rencontré un vif succès.

Quels projets allez-vous développer en 2021 ?  

Le premier – « PUNCHY » – vise à produire des ressources numériques à large potentiel de réutilisation. Concrètement, il s’agira de créer des contenus d’un format unique sur des thématiques qui ne sont pas encore couvertes ou de faire de la réingénierie de ressources existantes afin qu’elles soient plus granulaires. Le second projet porte sur l’hybridation des études de médecine. Suite à la réforme des études de santé, nous cherchons à rendre plus homogènes les parcours de formation et à créer des passerelles entre différentes filières, par exemple entre les sciences et la médecine. C’est un projet qui bénéficie d’un financement de 5 à 6 millions d’euros de la part du ministère. En parallèle, nous souhaitons également créer une plateforme nationale de type Moodle, permettant l’interconnexion entre les ressources indexées dans FUN-Ressources et les ENT des différents établissements.

Selon vous, qu’est-ce qui restera de la crise en matière d’usages numériques ?

Les situations de crise donnent souvent naissance à des réflexes qui s’acquièrent et qui ne disparaissent pas. Nous découvrons, avec la crise, que la pédagogie numérique peut remplacer le cours magistral, qui offre un faible niveau cognitif pour les étudiants comme les enseignants. Il est donc possible que ces cours en amphithéâtre évoluent à l’avenir. Nous comprenons aussi que le « tout numérique » n’est pas viable. À distance, les étudiants n’activent pas leurs caméras et les enseignants ne peuvent ni leur donner de feedback ni adapter leur pédagogie. En revanche, l’hybridation est une piste à exploiter. Elle permet de donner un accès plus large aux formations qui ne sont pas disponibles dans toutes les universités. Il est toutefois capital d’intégrer des temps d’échanges « physiques » avec un professeur ou un expert car le tutorat entre pairs, c’est-à-dire entre étudiants, n’est pas suffisant.

La crise a-t-elle réduit la fracture numérique ?

Avec la crise, la fracture numérique s’est en effet réduite entre les établissements et les étudiants. Tous n’avaient pas le même degré de connaissances : les écoles d’ingénieurs étaient par exemple plus au fait de l’hybridation des cours que les universités de lettres. C’est une modalité que les futurs ingénieurs n’ont pas découvert pendant la crise. La pandémie nous fait prendre conscience que généraliser le numérique ne constitue pas une économie. Les coûts de ces approches sont élevés et les projets numériques nécessitent des investissements.

Share.