« Nous voulons faire de l’ESSEC une école  data-driven »

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La nomination de Robin Ajdari, ex-Chief Digital Officer d’HEC, au poste de Directeur Data, Innovation-Expérimentation et Transformation Digitale de l’ESSEC, en dit long sur les intentions de la Business School. Dans le cadre de sa nouvelle stratégie « RISE », l’école souhaite se transformer. Elle prévoit d’exploiter davantage la data, de développer des contenus asynchrones et de donner plus d’envergure à son campus numérique. Les explications de Robin Ajdari.

 Quelles sont vos ambitions pour l’ESSEC en tant que nouveau Directeur ?

 Quoiqu’à rallonge, mon titre est très explicite quant aux missions de mon mandat. La première, c’est de développer un organisme orienté vers la donnée, qui est un asset à valoriser. La seconde, c’est de faire passer l’ESSEC du stade de l’expérimentation à celui de la transformation. Ces derniers mois, les expérimentations ont été nombreuses et il est désormais temps de passer à l’échelle et de transformer nos processus, outils… Pour mener ces missions, je serai entouré de deux équipes : la DSI, qui dénombre une quarantaine de collaborateurs en charge de l’architecture du système d’information de l’école, et une quinzaine de personnes travaillant au sein de notre espace « K-Lab », chargé de conduire l’effort d’innovation de l’école en matière d’apprentissage. D’une manière générale, mes missions s’inscriront dans le cadre de la nouvelle stratégie de l’ESSEC, qui s’appuie sur trois lignes de force : la problématique climatique et l’inclusion sociale, l’intelligence artificielle et la data, l’entrepreneuriat.

Comment faire de l’ESSEC une école « data-driven » ?

L’ESSEC a été l’une des premières écoles à informatiser ses processus, donc à compiler des données. Cela s’explique par le fait que, très tôt, l’école a permis à ses étudiants de bâtir leur programme « à la carte ». Résultat : il y a aujourd’hui autant de parcours que d’étudiants à l’ESSEC. Puisque nous disposons d’une grande base de données, nous souhaitons désormais les extraire, les exploiter et les visualiser pour devenir « data-driven ». Nous aimerions faire des prédictions, par exemple en identifiant les étudiants qui risquent de décrocher ou de se perdre pendant leur parcours. Grâce à l’analyse de données, nous pourrions mieux accompagner cette typologie d’étudiants. L’exploitation des données combinée à l’intelligence artificielle nous ouvrent également de nouveaux horizons en matière de pédagogie, par exemple dans l’adaptive learning. Enfin, nous souhaitons utiliser la data pour le business, en travaillant notre CRM pour attirer davantage de talents parmi les jeunes.

Comment allez-vous passer du stade de l’expérimentation à la transformation ?

En 2018, l’ESSEC s’est doté d’un 5e campus, numérique et augmenté, accessible via une plateforme d’enseignement en ligne. Cinq certificats et un programme diplômant d’Executive Master y sont aujourd’hui dispensés. Puisque le pari a été réussi, nous souhaitons désormais le déployer de manière plus importante. Notre objectif est de mettre davantage de programmes dans son portefeuille. Cela implique de basculer des programmes qui étaient jusqu’ici présentiels en format mixte. Nous souhaitons également tirer des leçons de ce « dual mode » que les professeurs de l’ESSEC expérimentent depuis septembre 2020, du fait de la crise du Covid-19. Il est intéressant pour les étudiants car il leur donne de la flexibilité. Par contre, il est difficile pour les enseignants, qui sont souvent plus concentrés sur la technologie que le format distanciel suppose plus que sur le message de leurs cours. La gymnastique est complexe pour eux, d’autant qu’ils doivent jongler entre les étudiants qui sont physiquement présents et ceux qui sont en classe virtuelle.

Quelles bonnes pratiques resteront à l’issue de la crise sanitaire ?

Même lorsque le retour en présentiel sera engagé, tous les programmes de l’ESSEC conserveront une part distancielle. Nous allons également développer des contenus asynchrones afin que nos étudiants puissent apprendre à leur rythme. La gestion des temps d’apprentissage va être impactée : un cours de 18 heures pourra par exemple être composé de sessions présentielles, de classes virtuelles, de vidéos asynchrones (pour remplacer les cours magistraux), de travaux sur des études de cas, d’exercices gamifiés, de séances de peer-learning… Les programmes auront tous cette dimension multimodale, qui est, selon nous, un facteur d’efficacité. L’avantage, c’est qu’en mixant les modalités d’apprentissage, nous ne perdrons pas l’intensité des cours en amphithéâtre, basés sur la méthode des cas et le questionnement.

Sur quels sujets allez-vous lancer de nouvelles expérimentations ces prochains mois ?

Nous avons deux sujets d’investigation pour lesquels nous allons nous tourner vers les sociétés de l’EdTech. Nous disposons aujourd’hui de programmes globaux où les étudiants vont d’un campus à l’autre. Pour faire travailler nos campus en synergie, nous regardons la technologie holographique qui permet de projeter, à distance, un professeur en 3D en face d’une audience d’étudiants. Le second sujet porte sur les voyages d’études, que nous appelons « learning expeditions ». Ce sont des séjours coûteux et peu respectueux de l’environnement. Nous sommes attentifs à ce que les technologies de réalité virtuelle et réalité augmentée pourraient nous apporter, notamment en matière d’immersion.

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