Poitiers, « capitale de l’éducation », vise l’apprentissage immersif

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En raison de ses nombreuses initiatives innovantes, Poitiers a été désignée « capitale de l’éducation » en 2017 par le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer. Bien avant la crise du Covid-19, l’académie de Poitiers travaillait déjà en étroite collaboration avec les acteurs éducatifs pour promouvoir l’innovation. Explications de Bénédicte Robert, rectrice de l’académie.

« Depuis longtemps, Poitiers a su concentrer ses forces sur les enjeux de l’éducation nationale », avait déclaré Jean-Michel Blanquer, dans la presse régionale, en 2017. C’est d’ailleurs à Poitiers que se sont tenus, en novembre 2020, les États généraux du numérique pour l’éducation suite à une consultation nationale lancée par le ministre afin de tirer des enseignements de la crise sanitaire et de définir une stratégie pour l’avenir numérique de l’école. Un choix qui n’est pas anodin puisque la région concentre, autour de l’Université de Poitiers, tout un écosystème d’opérateurs nationaux implantés à Poitiers-Futuroscope : le CNED, le réseau Canopé et l’Institut des hautes études de l’éducation et de la formation (IH2EF), avec le rectorat de Poitiers, les collectivités territoriales et les entreprises EdTech portées par le cluster SPN (Syndicat des professionnels du numérique).

Les liens entre le rectorat et les EdTech « doivent être étroits »

Des partenariats public-privé bienvenus puisque « l’État et le tissu innovant des EdTech doivent se rencontrer davantage », estime Bénédicte Robert, rectrice de l’académie de Poitiers. Au cours du « 3e petit-déj » de l’association EdTech France, elle a reconnu que l’État avançait lentement en matière de numérisation des enseignements. « Nous assurons une mission de service public qui nécessite que plusieurs règles et procédures soient respectées. Nous travaillons toutefois à ce que l’écosystème soit plus agile et plus partenarial », assure-t-elle. Selon elle, le rapport rectorat/EdTech doit ainsi être étroit. « Nous sommes amenés à soutenir le secteur des EdTech puisqu’au 21e siècle, on ne peut pas enseigner et apprendre sans numérique. » C’est la raison pour laquelle l’académie de Poitiers, pour soutenir les EdTech du territoire, a mis sur pied le cluster SPN, qui accompagne la création de start-up et l’innovation des PME dans la région Nouvelle-Aquitaine.

Le LP2I, lycée innovant de Poitiers

Autre témoin de la percée du territoire en matière d’innovation éducative : la création du lycée pilote innovant international de Poitiers. Ce lycée public a été ouvert en septembre 1987 sur la technopole du Futuroscope. En forme de Delta, il se différencie par ses projets de pédagogie active, d’innovation numérique, d’accompagnement de l’élève et d’ouverture sur l’étranger. Grâce à la pratique du « Bring your own device », les élèves et les enseignants collaborent selon une logique de co-construction. Cet établissement respecte les programmes officiels « tout en étant ancré dans le 21e siècle ». « Les élèves travaillent toujours en groupe, utilisent des murs créatifs, tirent profit du numérique quand c’est nécessaire… », souligne Bénédicte Robert. Or, tirer profit du numérique, c’est en faire le fil rouge « qui permet de coller aux 4C tirés des piliers de l’apprentissage mis en évidence par le psychologue cognitif Stanislas Dehaene : communication, création, esprit critique et collaboration. C’est la façon dont l’Éducation nationale devrait fonctionner aujourd’hui. »

L’Université de Poitiers, lauréate du PIA4

Autre perspective prometteuse dans la région : le développement d’environnements immersifs en faveur de nouveaux scénarios d’apprentissage. L’Université de Poitiers entend s’emparer du sujet. Elle est lauréate de l’appel à projet PIA4 « Démonstrateur numérique dans le supérieur » avec son projet DEM’UP soutenu à hauteur de 5,75 millions d’euros. DEM’UP ambitionne de réaliser un démonstrateur de virtualisation des apprentissages et de renforcer les infrastructures des lieux d’étude et d’enseignement. « Les dispositifs d’apprentissage immersif sont notamment prometteurs pour les lycées professionnels. Nous essayons de les développer avec le conseil régional, dans le cadre du plan d’investissement « France 2030 », mais également avec Iteca, une entreprise d’Angoulême spécialisée dans le jeu vidéo. C’est un axe fort de développement pour la Nouvelle-Aquitaine, mais qui pourra, à terme, bénéficier à des lycées d’autres régions », explique la rectrice.

La question des ressources, un « pilier »

Enfin, la question des ressources éducatives est un pilier essentiel pour l’avenir de l’éducation. « On peut facilement substituer un tableau blanc interactif à un tableau noir. Mais pour s’inscrire dans la logique pédagogique des 4C, il faut donner des ressources éducatives qui rentabilisent les solutions numériques. Je pense à des ressources comme Kahoot, devenue populaire dans les salles de classe, ou encore aux applications qui entraînent les enfants au calcul mental », indique-t-elle. Le numérique n’est donc pas la seule variable de l’équation éducative, il doit venir en appui des mécanismes d’apprentissage qui nécessitent, toujours selon Stanislas Delahen, que l’élève soit attentif, qu’il obtienne des feedbacks récurrents de son professeur pour s’auto-positionner dans son apprentissage, qu’il soit en capacité de consolider ses connaissances et, enfin, qu’il soit dans un système d’engagement actif.

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