Quand l’IA se met au service de la pédagogie inclusive 

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Un environnement scolaire qui réduit les risques d’exclusion, des pratiques pédagogiques visant le développement global de la personne, des classes qui lèvent les obstacles éducatifs… Vœux pieux pour certains, les objectifs de la pédagogie inclusive sont pourtant réalisables, notamment grâce à l’intelligence artificielle. Si, en France, les start-up et les écoles d’ingénieurs regorgent d’idées, celles-ci restent parfois inexploitées. Éclairages.

La pédagogie inclusive défend la scolarisation de tous les élèves, y compris ceux en situation de handicap qui, s’ils sont exclus, deviennent vulnérabilisés et développent une faible estime d’eux-mêmes. La scolarisation de tous les élèves « renvoie à la question de savoir comment on fait cours aujourd’hui dans des classes qui, de fait, sont hétérogènes », explique Véronique Poutoux, formatrice, en charge du site « Vers une école inclusive ».

La pédagogie différenciée par les EdTech

Grâce aux moyens technologiques disponibles, les enseignants ne peuvent plus occulter la diversité des méthodes d’enseignement à mettre en œuvre, les compétences étant fortement variables d’un élève à un autre. Les professeurs peuvent « différencier les activités en fonction des besoins éducatifs de leurs élèves, les supports pédagogiques, les temps de travail accordés et les objectifs éducatifs », souligne Véronique Poutoux. La pédagogie différenciée met également l’accent sur l’importance de moduler les entraînements selon les besoins personnels des élèves. Une démarche plus facile à mettre en œuvre à distance qu’en classe grâce à l’organisation asynchrone des temps de travail que les solutions digitales permettent. « Il existe aujourd’hui des logiciels d’exerciseurs accessibles, comme la plateforme Blackboard, qui permettent aux professeurs de traduire des textes en textes plus faciles à lire ou en format audio », illustre-t-elle.

Enjeu n°1 : améliorer la guidance

Pour rendre les situations d’apprentissage accessibles aux élèves en difficulté, la solution serait d’améliorer la guidance, qui constitue un défi nouveau pour les enseignants. Là encore, le distanciel est à exploiter car les plateformes d’enseignement en ligne offrent la possibilité de répartir les élèves en groupes et permettent ainsi à l’enseignant de « se promener » de salle en salle afin de guider les activités. « À distance, la guidance devient ainsi plus active qu’en présentiel. Le professeur peut observer lui-même où se situent les obstacles que les élèves rencontrent et intervenir rapidement pour y remédier », ajoute-t-elle.

L’IA se met aussi au service de l’éducation inclusive

Pour réduire les inégalités d’accès à l’apprentissage, les solutions éducatives basées sur l’IA axées sur l’inclusion foisonnent. Des start-up comme Professor Bob, Hello Charly ou encore Crocos Go Digital développent des assistants virtuels ou des outils d’aide à la reconnaissance de troubles cognitifs ou de handicaps. « Grâce à l’IA, la pédagogie devient sur-mesure et engageante. Et ce n’est que le début de ce que permettra le machine learning à l’avenir », soutient Anne-Charlotte Monneret, déléguée générale d’EdTech France. Le décollage de solutions éducatives inclusives nécessite néanmoins des actions de sensibilisation destinées aux pouvoirs publics. C’est ce que prévoit d’accomplir EdTech France. En recensant les start-up, les associations et les collectivités qui développent des solutions éducatives basées sur l’IA, l’association entend transmettre un état des lieux de l’entrepreneuriat inclusif aux pouvoirs publics afin que ces derniers débloquent davantage de fonds. « Le ministère de l’Éducation, via son dispositif Édu-up, ou encore la Caisse des Dépôts, financent déjà des projets de développement de ressources numériques basées sur l’IA. Mais ces dispositifs demeurent sélectifs », explique-t-elle.

Généraliser l’accès à l’IA

Mettre l’IA au service de l’inclusion nécessite, précisément, plus d’inclusion. Pour que des solutions adaptées aux élèves neuro-atypiques se développent, l’idéal serait de les impliquer eux-mêmes dans leur conception. Or, « les élèves présentant des troubles cognitifs ne peuvent pas suivre des cursus liés à l’IA puisque, en l’absence de solutions d’apprentissage pertinentes, les mathématiques leur sont interdites », indique Philippe Trotin, directeur de la mission handicap et e-accessibilité chez Microsoft France. Enfin, certains projets qui émergent en matière de réalité virtuelle ou de robotique pédagogique ne sont pas suffisamment mis en valeur là où ils fleurissent, notamment dans les écoles. « Pour valider leurs diplômes, les étudiants en école d’ingénieurs prennent souvent l’initiative de développer des projets visant à améliorer la qualité de vie des personnes à mobilité réduite en créant, par exemple, des claviers adaptés », illustre-t-il. Ces projets, qui finissent souvent par tomber aux oubliettes dès la validation des diplômes, pourraient pourtant déboucher sur des projets « Open Source » et être confiés à des EdTech. « D’où l’opportunité de générer une boucle vertueuse fondée sur des partenariats entre le monde des start-up et celui des universités et des écoles », conclut-il.

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