Sobriété numérique : un collège d’Agen multiplie les expériences

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Dans le cadre d’une conférence organisée lors du salon Educ@tech sur la sobriété numérique, Amélie Mariottat, enseignante de français au collège Louis Ducos du Hauron (Agen), donne des pistes de réflexion en partant des expérimentations menées dans son établissement.

Au-delà du choix des matériels numériques, qui doivent aujourd’hui répondre à des impératifs éco-responsables, quels usages éthiques du numérique les enseignants doivent-ils encourager auprès de leurs élèves ? C’est la question qui a été posée à Amélie Mariottat, enseignante de français au collège Louis Ducos du Hauron (Agen), lors d’une conférence organisée dans le cadre du salon Educ@tech. Pour elle, « il n’est pas question de mettre les outils, comme les tablettes numériques, au cœur des activités pédagogiques. Au contraire, le but est de concevoir un objectif pédagogique et de voir en quoi l’outil apporte une plus-value éducative ». Dans son établissement, Amélie Mariottat accompagne ses collègues en tant que référente numérique. Elle a constaté que l’écueil du « tout numérique » s’était installé lorsque les équipes pédagogiques ont commencé à être massivement équipées en tablettes. « Le numérique était devenu une injonction. Nous avons dû déconstruire ce modèle de pensée et repartir de l’objectif pédagogique. Aujourd’hui, nous nous basons sur l’idée du « papier qui coexiste avec la tablette » en mobilisant, par exemple, des carnets interactifs », détaille-t-elle.

Une sensibilisation par des tiers

En plus de faire coexister le numérique avec des outils plus classiques, la sobriété numérique suppose de sensibiliser les élèves et de les inciter à porter un regard critique sur leurs propres usages. C’est également l’un des défis que le collège souhaite relever. « L’objectif est d’expliquer aux plus jeunes, en particulier les plus défavorisés qui se voient attribuer une tablette alors qu’ils n’en ont peut-être jamais utilisé, que l’usage du numérique ne se met pas au service des activités ludiques mais des apprentissages. » Mais au collège Louis Ducos du Hauron, ce ne sont pas uniquement les professeurs qui assurent ces actions de sensibilisation.« Que ce soit sur l’usage de la tablette en classe ou à la maison ou sur les questions liées à « l’image numérique » des mineurs sur les réseaux sociaux, nous faisons intervenir des associations comme la Fédération nationale des Francas. Nous nous sommes rendus compte que ces experts, parce qu’ils apportent un regard neuf et qu’ils n’ont pas la posture de l’enseignant détenteur du savoir, ont plus d’impact sur les élèves en classe », assure-t-elle.

Concevoir le numérique autrement

En parallèle de ces actions de sensibilisation et d’éducation à l’information, le collège participera, cette année, au projet Interclass’ de France Inter. À cette occasion, les collégiens des quartiers défavorisés porteront la casquette de reporter aux côtés des journalistes et producteurs de France Inter. « Ce projet de webradio est un excellent exemple de ce que doit être un usage sobre et pédagogique du numérique. Nous allons aider les élèves à travailler leurs compétences orales et sociales via leurs tablettes, qui seront ainsi utilisées comme des outils et non comme des gadgets. » L’enseignante préconise, en outre, le recours à l’outil de création de contenus en ligne LearningApps, qui permet, selon elle, d’instaurer une démarche de pédagogie active avec des élèves qui deviennent co-constructeurs du savoir. « Finalement, c’est pour construire une pédagogie active, inversée et flexible qu’il peut être utile de recourir au numérique », souligne-t-elle.

Des élèves « assistants numériques »

Enfin, en vue d’impulser une dynamique de collaboration créative entre les 600 élèves et leurs professeurs, l’établissement a également mis en place un dispositif de formation au numérique faisant notamment intervenir des élèves « assistants numériques ». « Ce sont des élèves« spécialistes » qui suivent un programme de formation et qui, ensuite, doivent accompagner les collègues encore hésitants face au numérique. Dans ce type d’activités, le numérique devient un vecteur de collaboration et de communication », conclut-elle.

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