Faire le buzz en expliquant les fonctions exponentielles. Le pari semblait fou. Et pourtant, grâce à la chaîne YouTube qu’elle a créée et qui dénombre plus de 36 000 abonnés, Sophie Guichard professeur agrégée de mathématiques au lycée Édouard-Branly de Lyon, est devenue une référence sur Internet en matière d’enseignement interactif.
Pourquoi avez-vous créé Math En Vidéo ?
J’ai créé la chaîne YouTube en 2012 et, peu après, le site Internet associé. Mon ambition était d’assurer aux élèves en difficulté un moyen de reprendre leurs cours et de mieux l’assimiler avec un format supplémentaire : la vidéo. Depuis que j’enseigne les maths à des élèves en BTS, j’ai toujours été confrontée à la nécessité de gérer l’hétérogénéité des niveaux en maths. J’ai longtemps été en quête d’outils spécifiques pour le faire. En vain… J’ai alors décidé de m’inspirer du travail de Salman Khan, le créateur de la Khan Academy et j’ai, à mon tour, créé des vidéos pédagogiques pour enseigner les maths à des collégiens, lycéens et étudiants post-Bac. Récemment, lorsque les enseignements ont basculé à distance du fait de la crise du Covid-19, j’ai réussi à assurer la continuité pédagogique par le biais de ma chaîne YouTube mais aussi de mes classes virtuelles.
Comment vos vidéos sont-elles utilisées ?
Elles le sont d’abord en classe. La mise à disposition gratuite de ces vidéos entrait parfaitement dans le cadre de ma pédagogie différenciée en classe, où chaque élève doit pouvoir avancer selon son rythme. Les élèves en difficulté aiment retrouver des explications ou avoir accès à des corrections en toute autonomie. Les élèves plus doués en maths, qui sont parfois en avance sur des chapitres, peuvent, quant à eux, consulter les modules de cours suivants, toujours dans une logique d’autonomie. Sur mon site Internet, des livrets sont également consultables en format PDF par le biais d’un QR code. Ils sont conçus en interaction avec les vidéos pour les élèves qui souhaitent retrouver des cours explicites. En fonction des modalités d’apprentissage, certains élèves peuvent avoir besoin de l’intégralité de ces supports de cours écrits ou en vidéos animées, d’autres non.
Comment avez-vous adapté votre méthode pendant la crise sanitaire ?
J’ai créé une nouvelle rubrique intitulée « cours à distance ». Pour maintenir le lien avec mes élèves, j’ai intégré un nouveau format vidéo avec l’utilisation d’une webcam où j’écris moi-même sur une feuille blanche en ajoutant des commentaires oralement. Cela a donné des vidéos moins retouchées, mais qui ont servi d’accompagnement durant les 14 semaines d’enseignement à distance. Je les ai également utilisées dans le cadre des classes virtuelles pour éviter à mes élèves une double charge de travail consistant à voir, seuls, des vidéos de cours préenregistrées et assister aux cours en visioconférence. Durant la crise, j’ai enfin mené des visioconférences pour réactualiser les savoirs de mes élèves, corriger des exercices et des devoirs surveillés, réaliser des bilans informels, où j’ai mis l’accent sur les échanges avec et entre les élèves.
