Studytracks fait réviser les élèves… avec du rap !

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Faire rapper des chanteurs comme Joey Starr, Soprano ou MB14 sur le théorème de Thalès, l’histoire de la résistance… C’est l’étonnante innovation que propose Studytracks. L’application musicale permet aux enseignants qui le souhaitent de traduire des textes et des synthèses de cours en chants enregistrés en studio. Retours d’usage.

Une chanson que l’on connaît par cœur ne reste-t-elle pas en mémoire pendant des décennies ? C’est sur cette donnée prouvée qu’est fondé le projet de Studytracks, qui consiste à allier les sciences cognitives et la musique en vue de proposer des ressources pédagogiques musicales destinées à stimuler les capacités de mémorisation des élèves. Se basant sur un travail collectif auquel participent des scientifiques, des professeurs et des artistes, l’application collecte des synthèses de cours adaptées en musique. Des chansons qui sont ensuite interprétées en classe par les enseignants qui le souhaitent. « La répétition de refrains et de couplets basés sur des paroles choc permettent aux élèves de beaucoup mieux retenir leurs leçons », a constaté David Claude, professeur d’éducation musicale au collège Louis Merle de Secondigny (Deux-Sèvres).

Joey Starr chante la résistance française

Proposant un catalogue de chansons pédagogiques déjà enregistrées, la solution est validée par le GAR (Gestionnaire d’accès aux ressources de l’Éducation nationale) et adoptée par des établissements partout en France. Elle expérimente toutefois des projets plus originaux dans certains départements qui souhaitent mettre en œuvre des opérations de lutte contre le décrochage scolaire. Au collège Louis Weiss de Cormeilles-en-Parisis (Val-d’Oise), c’est Joey Starr qui a fait le déplacement pour interpréter avec les élèves de troisième un titre sur la résistance française. « Les enseignants ont toujours proposé des fiches de lecture pour synthétiser les leçons. Mais des résumés rappés par des légendes comme Joey Starr sont, en revanche, inédits ! L’adhésion a été totale. Quant aux élèves, ils se souviendront longtemps de ces dates importantes de l’histoire de France », commente Kevin Faure. Le rôle de ce professeur d’éducation musicale est de faire interpréter aux élèves les chansons de l’application, ce qui lui permet de travailler la rythmique, la mélodie et la pratique du chant dans le cadre de son cours. Puisque les paroles reposent sur le programme d’autres disciplines comme les SVT, « c’est tout un projet d’enseignement commun qui est proposé par l’application », explique-t-il.

Visite de Tibz à Secondigny

Au collège de Secondigny, la start-up a également préparé aux élèves une visite surprise pour le moins surprenante : celle de l’auteur-compositeur Tibz, dont un single sorti en 2017 a été le titre francophone le plus diffusé en radio. La chanson qu’il a interprétée, et dont les paroles ont été écrites par Valérie Guérin, une professeure d’histoire de l’établissement, relate des faits du Siècle des Lumières. Un titre que les élèves ont chanté en chœur avec lui lors de sa visite. Valérie Guérin a ensuite constaté, en introduisant son cours sur les idées des Lumières, que ses élèves, « y compris ceux qui n’ont pas d’appétence particulière pour l’histoire de France, connaissaient déjà des dates, des réponses, des notions… », se félicite David Claude, son collègue au collège de Secondigny.

Quelle caution pédagogique ?

Le fait que les enseignants soient les auteurs des textes que la start-up se charge de mettre en musique donne une caution pédagogique au projet. « Ils doivent proposer des textes courts, des phrases percutantes et choisir les éléments essentiels du cours en guise de refrains », explique David Claude. Si l’application emporte l’adhésion des professeurs, c’est aussi en raison du plaisir que prennent les élèves à intégrer les concepts et du gain de temps que permet la rétention des connaissances par le chant. « Les élèves se fixent le défi d’apprendre par cœur les paroles, ce qui donne des interprétations plus riches et un intérêt nouveau pour les disciplines étudiées », poursuit-il. Pour Kevin Faure, si l’apport pédagogique ne peut être quantifié, l’amélioration de la mémorisation est évidente dans des matières comme le français ou l’histoire-géographie. Des limites peuvent néanmoins être perçues par des enseignants de disciplines scientifiques. « Apprendre un théorème est une chose, mais savoir l’appliquer en est une autre », pointe-t-il. Accessibles sur les ENT des établissements français, les 1800 chansons éditées par l’application couvrent l’ensemble du programme scolaire français, du CP à la terminale. Studytracks a également noué un partenariat avec la maison de disque Universal afin d’intégrer davantage d’artistes à son projet éducatif.

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