« À l’avenir, l’enseignant devra porter une casquette de coach »

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Lutte contre le décrochage scolaire, transformation du rôle de l’enseignant, pédagogies inversées, mobile learning… Les ambitions des fondateurs de start-up EdTech sont nombreuses pour ce qui concerne l’avenir du système éducatif ! Entretien avec l’un d’entre eux : Elliot Boucher, co-fondateur d’Edusign, solution de dématérialisation des feuilles de présence.

Comment est née votre solution ?

J’ai cofondé Edusign en mars 2020 avec Dylan Teixeira, lorsque nous étions encore étudiants à l’IESEG School of Management. Nous avions réalisé que la gestion des feuilles de présence était archaïque et contraignante pour tous les acteurs de l’enseignement comme pour les administrateurs. Nous avons alors conçu une solution de dématérialisation des feuilles d’émargement pour notre école, puis nous l’avons généralisée à l’ensemble du monde de l’enseignement. Progressivement, nous avons étendu notre offre de services, qui comprend maintenant la numérisation de questionnaires (QCM d’évaluation, de satisfaction…) et la signature électronique de documents comme les contrats ou les règlements intérieurs.

Comment les établissements d’enseignement l’utilisent-elle ?

Les établissements s’intéressent à toute solution pouvant leur faire réaliser des gains de temps et de productivité. En l’occurrence, les feuilles de présence représentent environ 80 % de l’ensemble des documents qu’ils génèrent. Puisqu’Edusign divise par 5 le temps passé à visualiser l’assiduité des apprenants, les administrateurs gagnent en proactivité en s’engageant dans des activités à plus forte valeur ajoutée. Nos écoles clientes, parmi lesquelles figurent l’EM Normandie, Epitech ou encore Burgundy School of Business, profitent également de la possibilité de centraliser et de sécuriser ces documents de manière automatique puisque nous les archivons dans un coffre fort électronique pendant 10 ans.

Selon vous, les établissements s’emparent-ils suffisamment du numérique ?

Le gouvernement débloque de plus en plus de budgets importants dans la digitalisation et la modernisation de l’enseignement. Les acteurs politiques ont, compris que ces budgets ne représentaient pas de « coûts » supplémentaires mais de véritables investissements permettant d’aboutir à un système gagnant-gagnant. Les universités sont donc très impliquées dans ce processus. Dans le monde des grandes écoles, la mise en place de processus de digitalisation et d’équipes techniques dédiées aux innovations pédagogiques se généralise. Toutefois, plutôt que de concevoir laborieusement des solutions numériques natives, elles devraient mutualiser cet effort et se tourner davantage vers les solutions EdTech déjà établies. Cela leur permettrait de gagner en qualité de service et en productivité tout en réalisant des économies.

Sur quels sujets devrait se concentrer le numérique éducatif ?

La principale mission de l’éducation sera toujours de se concentrer sur ce qui se passe dans la classe, donc d’améliorer l’engagement des apprenants. En plus de proposer plus de dynamisme, les enseignants doivent aussi donner la possibilité aux étudiants de réaliser des activités par-delà les frontières de la salle de classe. Dans un monde ultra-connecté, la classe inversée est donc amenée à se développer pour arriver à un système d’enseignement qui alliera le meilleur du présentiel et du digital, en ne réduisant toutefois pas ce dernier à la production de MOOC. En outre, les outils éducatifs doivent répondre à l’enjeu majeur du siècle : permettre aux étudiants d’accéder plus rapidement à l’information et à tout moment. C’est ce que permet, par exemple, le mobile learning. Le phénomène de démocratisation de l’accès à la connaissance appelle d’ailleurs à une refonte du rôle de l’enseignant qui, à l’avenir, devra plutôt porter une casquette de « coach expert » impliqué dans la pédagogie inversée tout en étant équipé des bons outils.

Comment voyez-vous Edusign dans 10 ans ?

Nous avons une mission technique importante à porter dans les prochaines années, qui est de faire en sorte que notre solution puisse s’intégrer aux logiciels internes des écoles comme les ERP. Nous espérons aussi, d’ici là, enrichir notre plateforme d’outils permettant e réduire les taux d’absentéisme et de décrochage via le déclenchement de signaux préventifs.

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