« Distinguer le distanciel subi et les pratiques hybridées choisies »

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L’enseignement à distance n’a pas bonne presse auprès des enseignants de l’Université de Franche-Comté. Toutefois, beaucoup s’orientent vers de nouvelles approches pédagogiques depuis la fin de la crise sanitaire. Prochaine étape : le développement de l’approche par compétences, selon Fabrice Bouquet, directeur du Service universitaire de la pédagogie pour les formations et la certification.

Comment la crise du Covid-19 a-t-elle été vécue au sein de votre établissement ?

En septembre 2019, l’université a décidé de créer un « service universitaire de la pédagogie pour les formations et la certification » car avant cela, nous n’avions qu’une petite cellule d’accompagnement pédagogique. Six mois après sa création, la crise Covid-19 est apparue. Le premier jour du confinement, notre équipe constituée d’experts était donc déjà prête à agir pour mettre en place la « continuité pédagogique ». Moodle, Teams, Zoom, Big Blue Button… Plusieurs plateformes ont été testées mais les étudiants et les enseignants ne se les sont pas appropriées en raison de problèmes d’équipement et de connexion, de réticence à l’enseignement à distance… Globalement, la crise a été mal vécue et une cellule de soutien psychologique a été mise en place par nos étudiants du Master de psychologie. Lors du retour aux enseignements présentiels, les collègues ne voulaient plus entendre parler de continuité pédagogique !

L’hybridation est-elle mieux appréhendée par les enseignants ?

Après cette crise, nous avons essayé de rebondir sur les actions mises en place lors duconfinement auprès des collègues afin qu’ils puissent faire la distinction entre le distanciel « subi » et les pratiques hybridées « choisies ». Dans le cadre du PIA4, nous avons ouvert unchamp expérimental pour que les enseignants initient une réflexion sur les nouvelles pratiques pédagogiques, définissent ce qu’est l’hybridation, sa richesse, l’intelligence collective et la créativité qu’elle permet. S’il a récolté peu de réponses, notre appel à projets interne nous a permis de nous donner un objectif précis : identifier les nouvelles approches mises en œuvre par certains enseignants afin que l’université fasse évoluer ses référentiels. Nous avons identifié un continuum entre ce qui a été mis en place au moment de la crise, comme la mise à disposition d’un service dédié à publication de vidéos via UbiCast, et ce que les enseignants expérimentent aujourd’hui pour insuffler davantage d’interaction dans leurs enseignements via des outils comme Wooclap.

Quelles sont les nouvelles pratiques qui émergent ?

Une plateforme comme Moodle, qui n’était utilisée que de façon sporadique, est désormais largement investie par les collègues, quelle que soit leur discipline. Grâce au numérique, ils diffusent plus de supports et assurent une meilleure traçabilité des parcours et des apprentissages. Certains d’entre eux sont maintenant rompus à la pratique de la classe inversée et ont ainsi transformé leur façon de penser les contenus et d’appréhender les cours magistraux : ils y intègrent davantage d’échanges, d’exercices interactifs, de QCM… Notre service essaie d’appuyer ces démarches en organisant, pour les professeurs qui souhaitent faire évoluer leurs approches, des ateliers destinés à comprendre, analyser et partager les pratiques pédagogiques innovantes entre présentiel et numérique.

Adoptez-vous de nouvelles technologies ?

C’est notre sujet actuel et futur. Emboîtant le pas aux enseignants de géologie, l’UFR Sciences et techniques propose désormais des TP immersifs de physique-chimie faisant mobiliser des outils 3D et des casques de réalité virtuelle. Cette technologie permet aux étudiants de mieux s’initier aux consignes de sécurité et, de façon générale, à l’usage de différents matériels. De plus, elle permet de « rejouer » les TP virtuellement, ce qui est très utile puisque les salles ne leur sont pas toujours accessibles. Notre objectif est maintenant de généraliser l’usage de ce type de technologies à d’autres disciplines. Au-delà des nouvelles technologies, la stratégie globale de l’université est axée sur le développement de l’approche par compétences. Elle nécessite un accompagnement des enseignants vers un « alignement » pédagogique et l’introduction de nouveaux modes d’enseignement. Ces derniers doivent désormais intégrer plus de collaboration avec les étudiants, des feedbacks personnalisés et, dans les objectifs d’apprentissage, un focus sur les compétences qu’ils doivent avoir appris à maîtriser en fin de parcours.

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