ExtraStudent, le « Twitter scolaire » qui cartonne 

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Les confinements ont généré un sentiment de solitude chez les plus jeunes. C’est dans ce contexte d’isolement que le projet d’entraide étudiante ExtraStudent a vu le jour sous la forme d’un site web solidaire. Depuis, son succès a rapidement amené l’équipe qui le dirige à éditer une application. Les explications de Jules Simiand Brocherie, fondateur.

Vous étiez lycéen au moment de créer votre site web. Comment a été vécu le confinement chez les jeunes de votre âge ?

L’isolement a particulièrement affecté les jeunes. J’ai vu des élèves décrocher et d’autres qui, en raison de la fracture numérique, n’ont pas pu assister aux cours donnés en visioconférence parce qu’ils n’avaient pas d’ordinateur. Mais même en temps normal, l’école classique française apprend aux élèves à être les meilleurs, donc, indirectement, à ne pas partager leurs compétences et leurs connaissances avec leurs pairs. Pourtant, beaucoup de jeunes ont une autre approche de l’école basée sur le partage, la mise en commun des connaissances, l’entraide…

C’est donc en partant de ce constat que vous avez créé votre plateforme d’entraide.

J’ai voulu, à mon échelle, contribuer à atténuer ces grandes inégalités scolaires en créant « Élèves solidaires », un site web d’entraide, de partage de fiches de révision. En raison de l’élan collectif de solidarité entre les étudiants au moment de la crise du Covid-19, ce site a pris de l’ampleur et nous nous sommes constitués, il y a 8 mois, en start-up. Le site s’est transformé, en mai 2022, en ExtraStudent, une application gratuite, déjà téléchargée 35 000 fois. Cette étape nous a permis de repenser l’outil, toujours autour de l’objectif de digitaliser ce que les élèves font habituellement à la sortie de leur classe : demander de l’aide à un ami, des précisions à propos d’un exercice… Il s’agit donc de regrouper, dans une plateforme digitale, des milliers d’étudiants au sein d’une communauté afin qu’ils puissent poser des questions et avoir des réponses.

Comment les utilisateurs interagissent-ils ?

La plateforme est destinée aux élèves et aux étudiants de 15 à 25 ans. Elle fonctionne comme un « Twitter scolaire » puisque ces derniers peuvent créer un profil et partager des contenus sur un « feed ». Plutôt que de s’envoyer des messages privés, ils s’abonnent à d’autres personnes et, en fonction des sujets qui les intéressent, nous leur poussons des contenus ciblés. Dans leurs publications, les utilisateurs peuvent autant demander comment il est possible d’intégrer Sciences Po que comment il est possible de résoudre une équation mathématique. Nous prévoyons maintenant de leur offrir un service dédié à l’orientation.

L’orientation est un secteur concurrentiel dans les EdTech. Comment allez-vous vous différencier ?
Nous avons décidé de créer des pages sur notre application pour des écoles du supérieur, qui seront consultables dès le 15 septembre par notre communauté.  Les élèves intéressés pourront ainsi les visiter afin de s’informer sur le coût des formations, les débouchés professionnels, la vie sur le campus, la qualité du logement et de la nourriture… Si ce projet « extra.schools » réussit, nous l’étendrons à d’autres écoles en mettant davantage d’informations comme leur classement selon plusieurs catégories ou des vidéos que nous réaliserons nous-mêmes en accord avec elles. L’objectif est d’aider les jeunes à avoir une information objective et à aller plus vite dans leur parcours d’orientation.

Avez-vous d’autres projets dans les cartons ?

Oui, nous voudrions qu’il y ait davantage d’étudiants au sein de notre communauté, qui fédère actuellement surtout des lycéens, et créer une communauté d’alumni. Notre défi est également de prouver notre légitimité, notamment en créant des pages représentant toutes les écoles françaises voire étrangères puisque nous ambitionnons de nous internationaliser lorsque nous aurons constitué une base conséquente d’étudiants français. Nous ne sommes qu’au début de l’aventure : nous continuerons à développer les liens entre les étudiants de toute la France, pour casser les barrières territoriales et promouvoir l’entraide scolaire, qui n’est pas ancrée dans les mœurs françaises.

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