L’académie de Versailles parie sur la concertation

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Qu’ils soient sociétaux ou environnementaux, les défis auxquels l’éducation doit faire face sont majeurs et appellent une transformation des pratiques. Parmi les plus importantes ? Faire intervenir davantage d’acteurs dans « l’échelle du pilotage », en particulier les jeunes.

Faire de l’ensemble des communautés éducatives des actrices de changement, telle est l’ambition du monde de l’éducation. C’est en tout cas un pilier important de ce qui doit guider une transformation du système pour favoriser les nouvelles approches pédagogiques. La mise en place, en septembre 2022, d’un « Conseil national de la Refondation » (CNR), va dans ce sens puisque celui-ci vise à créer un « espace intermédiaire » favorisant les concertations entre différents acteurs au niveau local. Le but ? Créer un système apprenant qui permet aux innovations les plus remarquables, validées par l’expérience et la recherche, de passer à l’échelle au niveau des territoires.

Faire émerger plus d’initiatives

C’est en tout cas le vœu de Charline Avenel, rectrice de l’académie de Versailles : « L’éducation fait face à deux défis : former des citoyens instruits et émancipés et redonner aux équipes éducatives le pouvoir d’agir et le plaisir d’exercer leur métier », a-t-elle pointé lors d’une table ronde « Innovation et éducation » tenue le 24 mars dans le cadre du Festival LearningPlanet. Or, ces enjeux ne peuvent être pensés qu’à travers la concertation. Le CNR, dont la vocation est de faire rencontrer les communautés éducatives a déjà permis de faire émerger des initiatives dans son académie, où un millier d’établissements est partie prenante de la démarche. S’ils sont séduits, c’est parce qu’elle offre un espace permettant d’échanger dans un format libre. Résultat : plusieurs projets ont émergé comme le recours à la ludo-pédagogie (d’une école des Hauts-de-Seine qui souhaite faire jouer les élèves aux échecs pour favoriser l’émulation, l’esprit mathématique et stratégique des élèves), la création d’une « salle des arts oratoires » dans un collège de la région ou encore le réaménagement des salles de classe en vue de susciter des contextes qui appellent les élèves à mobiliser des compétences d’autonomie et de coopération autour de projets.

Faire participer les collectivités…

L’éducation nationale doit ainsi « transformer son logiciel d’accompagnement », qui est très directif, et faire des apprenants et des personnels de l’éducation de véritables partenaires. « Nous voyons leur apport à ces projets de concertation en matière d’apprentissage, de bien-être et de réduction des inégalités. Par exemple, au sujet des espaces, ils abordent des questions comme la forme et la temporalité scolaire. Un établissement de Poissy imagine, par exemple, un tiers-lieu dont l’utilisation déborderait du temps scolaire pour s’ouvrir aux familles. Mais pour aménager cet espace, les acteurs souhaitent bénéficier d’un lien plus étroit avec la collectivité territoriale », poursuit-elle. Rendre les frontières plus poreuses entre les porteurs de projets et les acteurs qui permettent leur exécution se pose ainsi comme un enjeu important : « L’esprit du CNR est aussi de préparer la suite, à savoir la mise en évidence que ces projets doivent être en lien avec les collectivités territoriales. »

… et la recherche

Une autre passerelle est à construire entre les enseignants du terrain et la sphère de la recherche, qui ne doit plus rester cloisonnée mais au contraire contribuer à la construction de « grandes communautés apprenantes ». L’académie de Versailles a ainsi sélectionné un projet qui a vu le jour à Corbeil-Essonnes et qui porte sur la métacognition dans les apprentissages. Mais elle l’a assorti à la formation des enseignants afin qu’ils se saisissent du sujet. L’académie est par ailleurs en train de créer une « inspire_tech ». Il s’agit d’une bibliothèque de médiation mettant à disposition les apports de la recherche. Depuis quelques années, elle mène aussi un projet co-conçu avec des chercheurs sur les compétences socio-comportementales : « Nous formons des enseignants de CP à partir de la recherche sur plusieurs sujets. Le but est de les aider à « muscler » la persévérance et l’esprit de coopération de leurs élèves. C’est important car la recherche nous dit ce qui ne marche pas. » Autres partenaires de grande importance : les associations et les entreprises. Pour la rectrice, le CNR donne aussi la possibilité de mettre sur étagère des partenariats associatifs. Quant à la relation école/entreprise, elle reste aussi à renforcer pour conduire les jeunes vers l’insertion professionnelle.

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