Superprof vise 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025

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Avec un chiffre d’affaires de 42 millions d’euros et une croissance de 50 % en 2023, l’EdTech Superprof, qui propose des cours particuliers partout dans le monde, confirme sa position d’acteur dominant dans le secteur du soutien scolaire. Comment expliquer cette montée en puissance alors que l’entreprise n’a jamais levé de fonds ? Les éclairages de Wilfried Granier, CEO.

Superprof compte aujourd’hui 26 millions de professeurs et 32 millions d’élèves répartis dans 50 pays. Comment expliquez-vous ce succès ?

En 2013, nous avons lancé la plateforme avec l’idée de créer un « Airbnb des professeurs particuliers ». Sa particularité, c’est qu’elle est dotée d’un moteur de recherche permettant aux élèves de trouver le professeur qu’il leur faut en fonction des évaluations des membres de la communauté, de leurs préférences en matière de tarif, d’emplacement géographique… Notre objectif est de créer une alchimie entre le professeur et son élève. Nous mettons aussi beaucoup d’attention à la sélection de nos professeurs, en vérifiant leurs diplômes et leurs expériences. Par ailleurs, Superprof s’adresse à une large population d’apprenants. Elle propose, en plus d’une offre de soutien scolaire, des sessions de préparation au TOEFL ainsi que des cours de yoga, de piano…

Quel est le modèle économique de votre plateforme ?

La plateforme est gratuite pour les professeurs. Les élèves accèdent, quant à eux, au service via une formule d’abonnement mensuel dont le montant varie fortement selon le pouvoir d’achat moyen du pays dont il provient. L’abonnement coûte ainsi 39 euros en France, 49 dollars aux États-Unis, 19 euros au Portugal… C’est comme cela que nous avons réalisé 42 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 et que nous prévoyons d’atteindre le seuil de 60 millions cette année. Par ailleurs, dans le cadre du même abonnement, les cours peuvent se tenir en présentiel ou à distance. Nous constatons cependant une forte appétence pour les modalités hybrides, surtout depuis la crise du Covid-19.

Depuis combien de temps Superprof génère-t-il un chiffre d’affaires ?

Il nous a fallu 12 mois pour constituer une base de professeurs de qualité. Cela a tout de suite fonctionné parce que nous leur avons donné des conseils pédagogiques afin qu’ils organisent au mieux leurs premiers cours et établissent un climat de confiance mutuelle avec les élèves. Pendant les sept premières années, nous n’avons procédé à aucune dépense marketing. C’est le bouche-à-oreille et le référencement naturel qui ont contribué à faire performer l’outil. Enfin, plus récemment, nous avons racheté un certain nombre de concurrents comme Kelprof en France, Tutorfair en Angleterre ou encore Don Professor en Espagne pour accélérer notre croissance. La France, où nous comptons 800 000 professeurs, ne représente d’ailleurs que 15 % de notre activité.

Vous n’avez jamais réalisé de levée de fonds. S’agit-il d’un choix stratégique ?

Nous n’avons pas souhaité lever de fonds afin de conserver notre liberté d’action, qui suppose d’expérimenter des choses qui ne sont pas forcément orientées business. Par exemple, nous nous sommes lancés en Espagne uniquement par instinct. Nous faisons donc des choix qui ne sont pas toujours compatibles avec les choix rationnels des fonds d’investissement. Nous visons d’ailleurs plusieurs pays d’Afrique, où nous sommes déjà présents, notamment le Nigéria, l’Afrique du Sud et le Maroc. Ce sont des pays où nous ne dégagerons pas de chiffre d’affaires substantiel mais où nous souhaitons contribuer à faire développer le soutien scolaire.

Outre votre expansion géographique, quels sont vos objectifs pour les années à venir ?

D’ici à 2025, nous visons une présence dans 100 pays et un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros. Cette année, notre projet est de faire évoluer la plateforme, de capter les meilleurs professeurs du monde et d’améliorer notre matching au travers d’algorithmes précis. Nous y parviendrons en récoltant un maximum de données sur les préférences des élèves et des professeurs (liées, par exemple, à l’âge ou à la modalité du cours). Enfin, Superprof devrait être déclinée en application mobile. Celle-ci, actuellement en bêta-test, sera lancée officiellement cette année en France et dans une vingtaine de pays.

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