À l’Université de Bourgogne, « le 100 % présentiel est révolu »

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Bien avant la crise du Covid-19, l’Université de Bourgogne s’emparait déjà de nouveaux outils d’enseignement et de plateformes collaboratives. Au sein de certains UFR « technophiles », elle veut maintenant aller plus loin en introduisant la réalité virtuelle. Les explications d’Alexandre Fournier, vice-président délégué au campus numérique, aux SI et aux sources ouvertes.

Comment  l’Université de Bourgogne a-t-elle vécu la crise du Covid-19 ?

Les personnels administratifs de l’établissement utilisaient déjà, depuis deux ans, en interne, des outils de visioconférence comme Microsoft Teams. L’UFR Sciences de santé, très précurseur en matière d’expérimentations numériques, avait également déployé cette plateforme afin de pallier l’usage « sauvage » des réseaux sociaux comme moyen de communication avec les étudiants. Lors de la fermeture de l’université, en 2020, la bascule s’est ainsi faite sans encombre. Il a toutefois fallu que mon équipe dédiée à la pédagogie numérique mène des actions de formation à grande échelle, via des webinaires, destinées aux enseignants. Finalement, la crise a donné un coup d’accélérateur à des projets que nous entendions de toute façon mener auprès de cohortes d’étudiants afin qu’ils adoptent des outils collaboratifs avantageux tout en étant sécurisés.

Quelles pratiques ont été maintenues ?

Parmi les outils favorisant l’enseignement à distance, l’université utilise désormais Moodle, Teams, l’outil anti-plagiat Compilatio, LimeSurvey, Wooclap ou encore Wooflash de manière continue. Lors de la reprise des enseignements présentiels, nous avons également pris la décision d’équiper nos amphithéâtres et certaines de nos salles en caméras, micros… Par ailleurs, nous constatons que les enseignants continuent de nous solliciter pour mettre en œuvre de nouvelles pratiques d’hybridation selon les besoins de leur discipline. Le 100 % présentiel est donc révolu : lorsque les enseignements étaient tenus à distance, le taux d’utilisation de notre licence Teams était de 100 000 connexions par jour pour 35 000 étudiants et 2000 enseignants. Aujourd’hui, ce taux a à peine diminué puisqu’il se situe entre 50 000 et 80 000 connexions quotidiennes.

Cela suppose de former vos enseignants et vos étudiants aux outils…

Oui et c’est la raison pour laquelle nous avons institué une nouvelle pratique : à chaque rentrée, les étudiants de L1 sont invités à découvrir tous les outils numériques mis à leur disposition puisque 90 % des enseignants continuent de les utiliser. Nous avons, enfin, formalisé, auprès du pôle formation de l’université, les formations proposées aux enseignants. Elles sont maintenant ciblées sur chacun de ces outils et se déroulent tout au long de l’année universitaire. Nous avons également investi dans le déploiement de la robotique de téléprésence pour les publics empêchés de se déplacer ainsi que dans l’institutionnalisation des prêts numériques annuels pour les étudiants qui en ont besoin.

Quels projets menez-vous en matière d’innovation pédagogique ?

Avec les enseignants « moteurs » en matière d’appropriation des usages numériques, nous menons des projets faisant intervenir la réalité augmentée. Au sein de l’UFR Sciences de santé, nous avons mis en place, en partenariat avec VTS Editor, un serious game dans une salle que nous avons baptisée « bonnes pratiques de fabrication » et qui est destinée aux étudiants en 5e année de pharmacie industrielle. Cette salle est équipée de machines à usage expérimental que les étudiants doivent apprendre à manipuler de manière sécurisée en vue de développer des gestes professionnels précis. Nous avons ensuite capté l’environnement de cette salle en réalité virtuelle afin que les étudiants la visitent avec un casque et y réalisent des exercices de manière virtuelle. Au sein de l’Institut de la vigne et du vin de notre université, nous menons un projet similaire de réalité augmentée destiné à l’apprentissage de la découpe de la vigne et du vin car, en la matière, il existe également des gestes professionnels à maîtriser.

Quelle est la stratégie suivie par l’université ?

Notre souhait est de nous tourner davantage vers les enseignants pour lesquels l’usage des nouvelles technologies n’est pas encore facile à incorporer dans les pratiques pédagogiques, alors même qu’ils dynamiseraient fortement les enseignements puisqu’ils ont été pensés pour aider les étudiants à mieux agréger les connaissances. Pour ce faire, nous prévoyons des journées de formation et de déplacement au cœur de nos sites territoriaux pour former les enseignants, échanger avec eux et identifier leurs besoins. Cependant, le grand enjeu des années à venir est d’adopter une stratégie numérique globale faisant cohabiter les nouvelles manières d’enseigner avec les nécessités de la crise climatique, qui impose des usages raisonnés du numérique.

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