« C’est la question de la pédagogie, non des technologies, qui se pose dans l’enseignement supérieur », Brigitte Lundin

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Mis en place en janvier 2018 dans le cadre du projet MUSE, le Centre de soutien aux innovations pédagogiques (CSIP) de l’Université de Montpellier va devenir un service commun au sein de l’établissement. Parmi les grandes ambitions qu’il porte : la promotion d’une pédagogie plus active et le renforcement du design pédagogique via des activités menées en collaboration avec les alumni de la d.school de Stanford. Les explications de Brigitte Lundin, directrice.

Pouvez-vous présenter le CSIP ?

Le CSIP a pour mission d’accompagner la transformation pédagogique dans le cadre du projet MUSE (Montpellier Université d’Excellence). Nous offrons un ensemble de services destinés à tous les acteurs : enseignants, enseignants-chercheurs, établissements partenaires, étudiants… Depuis 2018, nous avons réinjecté 8 millions d’euros dans le cadre de la transformation des espaces d’apprentissage et du déploiement de moyens permettant la mise en place de pédagogies plus actives. Notre vision est de mettre l’humain et l’interaction au centre de l’enseignement et de servir la diversité pédagogique. L’intégration du CSIP de façon pérenne au sein de l’Université de Montpellier est une grande preuve de reconnaissance. Cela témoigne de la volonté de l’université d’adopter une politique durable de transformation pédagogique au service de formations d’avenir qui tiennent compte des mouvements sociétaux, technologiques et environnementaux.

Quelles activités mettez-vous en place ?

Nous organisons des formations destinées aux enseignants, aux nouveaux maîtres de conférences et aux doctorants sur des thématiques liées, par exemple, aux nouvelles formes de pédagogie. Dans notre espace « IDEON », nous proposons aussi un service expert aux enseignants-chercheurs qui souhaitent mettre en place des ateliers créatifs ou des démarches pédagogiques dans un esprit design thinking. Le CSIP lance également des appels à projets appelés « Take Off » pour financer les initiatives pédagogiques innovantes : nouvelles formations, nouvelles façons d’enseigner, nouveaux espaces d’apprentissage et d’incubation. Nous sommes également au cœur des réseaux nationaux et internationaux d’expérimentations pédagogiques qui seront, ou pas, mises en place dans les années à venir. Dans ce cadre, nous collaborons avec nos pairs français, européens et surtout avec la communauté University Innovation Fellows de la d.school de Stanford. Nous sommes à la fois dans l’expérimentation pure et sur le terrain quotidien des enseignants et des étudiants.

Vous mettez beaucoup l’accent sur la pédagogie active. En quoi consiste-t-elle ?

Il s’agit d’une approche qui vise à favoriser les modalités d’apprentissage où les enseignants, les étudiants, les espaces et les technologies interagissent en faveur d’un apprentissage collectif. Les étudiants deviennent ainsi acteurs de leur apprentissage en devenant autonomes et en cultivant de nombreuses compétences. Le CSIP, en permanence à la recherche d’expertise en design pédagogique, une large palette pédagogique basée sur le design thinking, a justement pour mission de d’initier et de soutenir les enseignants dans l’application de méthodologies adaptées à ce type d’approches actives.

La crise du Covid-19 a-t-elle  été l’occasion de penser ces nouvelles pratiques pédagogiques ?

Les enseignants se sont appropriés le numérique pendant les confinements imposés par la crise du Covid-19. Celle-ci a accéléré la transformation des pratiques et l’utilisation des nouvelles technologies. Mais le CSIP est resté fidèle à son ADN, fondé sur les interactions humaines au sein de l’apprentissage, et tout a été mis en œuvre pour transposer l’envie d’apprendre dans un cadre distanciel. Or, nous sommes maintenant entrés dans une phase de retour au présentiel qui va inévitablement pousser la communauté universitaire à entamer une réflexion sur ce qu’il y a lieu de retenir des pratiques imposées par la crise. Certains usages comme les réunions virtuelles se maintiendront, d’autres ne seront pas retenus s’ils ne viennent pas en appui des nouveaux enjeux pédagogiques. Plus que jamais, c’est la question de la pédagogie, et non des technologies, qui se pose dans la sphère de l’enseignement supérieur. Celui-ci sera amené à s’orienter vers une collaboration humaine accrue et décloisonnée entre les technologies et la recherche ainsi que vers plus d’échanges d’expertises et de perspectives entre les enseignants et leurs étudiants. De façon générale, toutes les composantes seront appelées à plus d’interactivité au service de réflexions collectives autour de thèmes de société cruciaux comme le développement durable.

Quels sont les enjeux que vous voyez émerger en matière de formation ?

Nous avons récemment organisé un symposium consacré à l’évolution de l’enseignement tout au long des dix dernières années et à des témoignages d’enseignants et d’étudiants au sujet de la crise sanitaire. Une activité de brainstorming a amené les participants à imaginer l’université dans 10 ans. Les principales projections qui en sont ressorties témoignent de fortes attentes : une plus grande inclusion, la volonté de voir se généraliser l’apprentissage tout au long de la vie, la flexibilisation et le décloisonnement des formations, un meilleur accompagnement des carrières et des nouveaux métiers, une plus grande adaptabilité au marché de l’emploi ou encore la mise en place de micro-diplômes.

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