Entretien avec Elsa Chusseau, Université Rennes 2

Pinterest LinkedIn Tumblr +

Elsa Chusseau est vice-présidente de l’Association des collaborateurs pédagogiques ACopé. Un acteur concerné et investi dans le développement de la pédagogie dans les établissements d’enseignement supérieur. Elle est également administratrice provisoire du Service Universitaire de Pédagogie (SUP), un soutien à la pédagogie de l’université de Rennes 2.

Pour elle, une nouvelle approche pédagogique s’est imposée dans l’enseignement supérieur notamment en raison de la pandémie du Coronavirus. Une contrainte supplémentaire qui, pousse à l’accélération et à l’optimisation du recours à l’outil informatique. Pourquoi et comment ? Interview.

La Covid-19 sévissant, la rentrée universitaire 2020 ne sera pas de tout repos.  Comment va-t-elle  se dérouler ?

Dès juillet, la Direction de l’Université Rennes 2 a fait le choix de laisser le mois de septembre pour accueillir lors de journées de rentrée les étudiants, notamment en licence 1 et permettre aux enseignants de se préparer pour un début des cours fin septembre. Depuis fin août, le Service Universitaire de Pédagogie de l’Université Rennes 2 propose des formations pour prendre en main les applications pédagogiques mises à disposition des enseignants.

Des accompagnements individuels sont proposés sur des temps de permanence pour réfléchir avec des ingénieur·e·s pédagogiques à l’hybridation des cours. C’est-à-dire penser les temps en présence,  les temps à distance, comment  les articuler… Des systèmes de captation vidéo ont été mis en place dans les amphithéâtres pour permettre de faire des directs pour les étudiants à distance et pour faire face aux réductions des capacités d’accueil sur le campus. En effet une place sur deux est occupée dans les amphis et salles de cours.

Quels outils pédagogiques allez-vous utiliser ?

La plateforme pédagogique Moodle offre de nombreuses fonctionnalités peu exploitées par l’ensemble de la communauté enseignante.  Un  accueil en ligne par formation a été mis en place pour permettre d’assurer une meilleure communication et diffusion de l’information auprès des étudiants. Des repères sont à donner pour que les étudiants disposent d’une bonne visibilité sur ce qui leur est proposé en présentiel et en distanciel.

Une partie des cours est assurée en direct/ synchrone en classe virtuelle (VIA), ou dans des amphithéâtres connectés à internet (système UBICAST). Ces systèmes permettent d’enregistrer les cours pour un visionnage ultérieur. Des besoins ont été remontés pour rendre les cours plus interactifs, mesurer la compréhension des étudiants, stimuler la participation et la collaboration et améliorer l’apprentissage (solution type Wooclap).

Quels sont leurs points forts et leurs points faibles ?

 De nombreux scénarios sont possibles. On parle d’hybridation, de co-modalité, des notions nouvelles pour beaucoup. Le numérique est au service de la pédagogie, il faut mener une réflexion de fond sur comment enseigner et comment apprendre dans ce nouveau contexte.
La plateforme Moodle demanderait un petit relooking et manque d’outils collaboratifs mais elle a de nombreuses fonctionnalités très peu exploitées.

Le développement des cours en vidéo oblige à augmenter les espaces de stockage (coût de serveurs, délai de mise en œuvre) et mettre en place un cadrage sur l’archivage des médias. La transition numérique est en cours. De nombreux usagers restent à former et il faut du temps pour s’approprier les outils mais aussi de nouvelles modalités et approches pédagogiques (classe inversée, apprentissage par projet, approche par compétences…). Il faut se recentrer sur l’intention pédagogique des enseignants et faire en sorte que l’étudiant soit acteur de ses apprentissages.

Quelles tendances digitales vous semblent les plus pertinentes ?

Offrir aux étudiants un environnement en ligne d’apprentissage convivial, ergonomique, esthétique. Un environnement où ils disposeraient de toutes les informations nécessaires à leurs cours avec des fonctionnalités de travail collaboratif poussées en y intégrant la dimension sociale. Cet espace en ligne serait disponible sur leur mobile, chaine de cours type youtube, podcast audio. Il permettrait des  interactions entre étudiants sur les contenus ainsi que des partages. Il y aurait donc un décloisonnement des cours, des (auto-)évaluations en ligne et une interdisciplinarité.

Il s’agit en somme d’assurer un parcours en ligne à l’étudiant pour favoriser ses apprentissages avec du tutorat et des outils méthodologiques. Il y a nécessité à s’adapter aux nouveaux publics. En fait l’organisation pédagogique doit connaitre une plus grande souplesse. Le système actuel sous forme de cours magistraux et de travaux dirigés n’est plus adapté et rend difficile la digitalisation de l’enseignement supérieur. Il faut amener les étudiants à vivre de nouvelles expériences d’apprentissage en s’appuyant sur les usages du numérique.

 

Share.