« L’hybridation accroît le rayonnement des universités »

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À la croisée du monde de l’enseignement supérieur et de la sphère des EdTech, l’entreprise Simone et les Robots accompagne les universités dans leur transformation digitale. En matière d’enseignement, l’un des enjeux fondamentaux est qu’elles puissent proposer plus d’adaptabilité et de flexibilité moyennant une transformation numérique de qualité, selon Nadia Jacoby, fondatrice.

Quelles sont les ambitions portées par Simone et les Robots ?

Le projet de créer Simone et les Robots est né de mon parcours d’universitaire et de vice-présidente chargée de la transformation numérique de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ma conviction est que la transformation numérique dans l’enseignement supérieur est un processus long qui doit être conduit dans le cadre d’une stratégie éclairée. La mission de Simone et les Robots est précisément d’apporter aux universités qui le souhaitent notre regard extérieur et notre bonne connaissance des enjeux de l’ESRi. Elle est aussi d’accompagner les établissements d’enseignement supérieur dans leurs projets de transformation numérique en leur apportant notre connaissance étendue de l’écosystème national et européen des EdTech. Par ailleurs, les projets que nous accompagnons se situent en dehors des schémas directeurs classiques, comme l’urbanisation des systèmes d’information. Nous intervenons plutôt sur des projets portant sur la stratégie globale de développement de l’établissement, ce qui exclut les projets « à la mode ».

Sur quels sujets accompagnez-vous les universités ?

Nous travaillons avec des établissements qui nous sollicitent, souvent en amont des projets, alors qu’ils veulent explorer l’adoption d’une nouvelle technologie en vue de résoudre une problématique interne (par exemple, un chatbot pour fluidifier les échanges entre étudiants et services de scolarité). Notre rôle est alors d’aller à la rencontre des équipes internes en vue de qualifier le besoin, parallèlement de mesurer le niveau de maturité commerciale de la technologie et, au final, de voir si celle-ci est susceptible de répondre ou non aux besoins de l’établissement. Nous menons également des projets de collaboration autour d’appels à projets nationaux dans le cadre du PIA4 et du plan France 2030. En l’occurrence, nous accompagnons les universités dans la structuration de leurs projets de réponse à ces appels afin qu’ils soient à la fois en accord avec le cahier des charges et avec leur propre trajectoire d’évolution. Sur ces aspects, nous travaillons à la fois avec des universités (Université de Reims Champagne-Ardenne), des collectivités territoriales (l’agglomération Hérault Méditerranée) ou encore des établissements publics qui sont des organismes de formation tels que CCI France.

Où en est-on, en France, en matière d’hybridation des enseignements ?

Beaucoup d’universités ont compris qu’il fallait s’orienter vers davantage d’hybridation et de flexibilité puisque l’enseignement supérieur de demain est appelé à s’adapter à certains publics d’apprenants distants ou empêchés. Davantage de réflexions restent à mener autour des étudiants internationaux en mobilité et ceux qui, en France, n’ont pas la possibilité de suivre des parcours présentiels. S’adapter à ces publics est une opportunité pour les établissements d’accroître leur rayonnement. Du côté des enseignants, on sait que c’est auprès des collègues qu’il est le plus facile d’apprendre à porter de nouvelles pédagogies. Or, puisque les enseignants n’ont pas tous suffisamment d’appétence pour introduire le numérique dans la pédagogie, la meilleure stratégie est de mettre en place des politiques de mutualisation de pratiques entre pairs. Il faut ainsi compter sur les enseignants volontaires, moteurs dans l’innovation pédagogique et prêts à travailler avec des équipes d’ingénierie pédagogique. Ils peuvent être des « modèles », jouer un rôle d’ambassadeur voire participer à la création de communautés de pratiques inter-établissements.

Que peut apporter la filière EdTech à ces « communautés de pratiques » ?

Beaucoup de choses ! Mais aujourd’hui, ce qu’il manque dans la dynamique de collaboration entre les EdTech et les universités, c’est davantage de coopération en amont. Il faut construire des espaces communs de réflexion qui auraient pour rôle de définir les besoins des enseignants et la façon dont les acteurs de la technologie peuvent y répondre. Un éditeur de solutions numériques ne connaît pas les besoins de ses clients autant qu’eux-mêmes. La filière EdTech et les établissements gagneraient donc à travailler ensemble en amont. C’est la seule manière de co-construire les meilleurs outils éducatifs et cette dynamique est déjà à l’œuvre dans certains pays du Nord comme la Finlande.

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