Formation professionnelle : la France se distingue de ses voisins européens

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En pleine pandémie, la France a maintenu en 2020 son effort de formation malgré la crise. Selon les dernières données disponibles des enquêtes CTVS et EFE, les pratiques de formation des entreprises françaises se distinguent par leur capacité à s’adapter au contexte. Pour autant, cette performance masque un manque d’écoute des besoins des salariés.

Compilés par le Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications), les résultats de l’édition 2020 de l’enquête européenne CTVS (Continuing Vocational Training Surveyes) et de l’Enquête Formation Employeur annuelle (2021) soulignent les spécificités françaises quant à la façon dont les entreprises ont intégré la formation dans leurs stratégies RH et de développement. Le point clé qui en ressort est la forte implication des entreprises françaises dans la formation. « La France est l’un des pays européens ayant la plus forte proportion d’entreprises ayant une personne dédiée ou un service responsable de l’organisation de la formation continue (62 % contre 52,5 % en Europe) », indique ainsi un communiqué du Céreq publié en mars 2024.

Priorité aux compétences métiers

Les entreprises françaises investissent majoritairement dans les formations techniques et spécifiques au métier (67 % des entreprises contre 62 % en Europe). L’accent est également mis sur l’évaluation des impacts de la formation. Les entreprises françaises sont ainsi plus nombreuses (75 %) que la moyenne européenne (29,5 %) à évaluer les effets concrets de la formation sur la satisfaction des participants, l’acquisition des compétences visées (59 % contre 29 % en Europe), la performance des nouveaux formés (57 % contre 28 % en Europe) et l’impact sur les performances économiques (42 % contre 21 %).

Adaptation à la crise sanitaire

En 2020, les entreprises françaises ont su s’adapter au contexte de crise en recourant davantage aux formations en situation de travail (39 % des entreprises) et à l’apprentissage. « Les données pour 2021 montrent que l’augmentation du recours aux formations en situation de travail était plus conjoncturelle que structurelle. Les cours et stages ont, quant à eux, confirmé leur forte prégnance en 2021 (52 % des salariés y ont eu accès contre 47 % en 2020) », souligne encore le communiqué. En 2020 également, la France a fortement accru son recours à l’apprentissage (49 % des entreprises y ont eu recours), dépassant largement la moyenne européenne (32 %).

Les aspirations des employés non prises en compte

Toutefois, « les entreprises mettent en avant le caractère opportuniste de leurs pratiques dans le cadre de mesures incitatives et déclarent plus qu’ailleurs en Europe utiliser les capacités productives des apprentis (71 % contre 52 % en Europe) », indique le Céreq. Ainsi, les politiques de formation des entreprises françaises semblent davantage orientées vers « l’appui de la croissance et de la performance » que vers « la sécurisation des trajectoires des salariés ». Il existe d’ailleurs un écart entre les aspirations des salariés en matière de formation et leur prise en compte par les entreprises, notamment lorsque les souhaits de reconversion formulés ne convergent pas vers les besoins de ces dernières. « Enfin, il reste notable qu’environ 30 % des entreprises françaises (essentiellement les petites) ne dispensent aucune formation à leur personnel », conclut le communiqué.

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